Centaures Vol.5 - Manga

Centaures Vol.5 : Critiques

Jinba

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 30 Juillet 2021

Pendant un temps, des rumeurs affirmaient que le manga Centaures s'était achevé avec son quatrième volume, chose qui n'aurait pas été surprenante puisque le tome 4, correspondant à la fin du deuxième cycle de l'oeuvre, apportait une conclusion tout à fait satisfaisante. Mais il s'avère que Ryo Sumiyoshi, tout en lançant en parallèle au Japon le manga Ashidaka, a poursuivi son autre oeuvre sur demande des fans mais aussi pour son propre plaisir. C'est ainsi qu'un troisième cycle de deux tomes a vu le jour, avec des volumes 5 et 6 qui sont parus au Japon simultanément, au mois de juillet 2020.

Sorti en France en mars dernier donc environ un an et demi après le volume 4, le tome 5 entame donc le troisième arc de la saga, et cette fois-ci il ne s'agit pas d'une suite puisque, au contraire, Ryo Sumiyoshi propose de nous plonger dans le passé. Plus précisément, cette préquelle nous propose de découvrir le passé du charismatique Matsukaze, personnage-phare du premier cycle (tomes 1 et 2). Un père aussi vaillant qu'aimant qui, pour le bien de ses proches, n'avait pas hésité à se sacrifier face à la folie cruelle des hommes.

On commence alors par découvrir un Matsukaze enfant, soigneusement élevé par son père Aguri et sa mère Asahi, aux côtés de son frère Mochizuki. En compagnie de ce frangin, le jeune centaure n'hésite pas à s'aventurer dans la forêt, partant à la chasse, etc... et il grandit ainsi dans un cadre chaleureux et aimant. Quand bien même, en toile de fond, les mises en garde sont incessantes vis-à-vis des hommes qui rodent de plus en plus, encore plus depuis qu'ils se sont enfoncés dans leurs querelles guerrières...

Si la menace humaine se fait bien ressentir en filigranes, il faut attendre la fin du tome pour qu'elle prenne réellement son importance, dans une tournure des événements aussi épique que tragique, portée par un souffle tel que la mangaka nous en a déjà montré dans les précédents volumes. Mais avant d'arriver à cette fin de volume dramatique et intense, Sumiyoshi s'applique donc à décortiquer les grandes étapes de l'enfance/adolescence de Matsukaze, pour un résultat tout aussi captivant tant il est riche et bien conçu. On découvre un paquet de choses prenantes: des détails réussis autour de visages déjà entrevus dans les cycles précédents (notamment concernant Ayame et sa rencontre avec notre héros), mais aussi la découverte de nouveaux personnages ou de personnages qui avaient été juste évoqués dans les précédents opus. On pense à Mikuniguro qui a une personnalité sympathique et dont on découvre vite et bien l'arrivée dans le clan et sa position de "grand frère" pour Matsukaze, mais sans doute plus encore à Aguri, un centaure qui derrière sa sévérité montre surtout un désir profond d'être un bon père apte à protéger et à bien élever ses enfants. Ajoutons à cela différents moments comme la tristesse face à la perte d'un bébé mort-né ou encore les rapports entre frères parfois teintés de complexes, et on obtient un portrait de centaures qui, dans leurs émotions, dans leur façon de veiller les uns sur les autres, peuvent paraître bien plus humains que les humains eux-mêmes, à l'heure où ces derniers tombent dans la guerre et dans la cruauté. Un aspect qui rend les centaures foncièrement attachants, et la fin du tome d'autant plus touchante.

Mais au-delà de ça, Centaures est une oeuvre au fil de laquelle Ryo Sumiyoshi continue aussi de briller sur deux autres points.
D'un côté, ses habituelles qualités visuelles bien sûr. L'autrice se montre toujours aussi amoureuse des créatures qu'elle met en scène: leurs déplacements peuvent être aussi élégants qu'imposants, leur anatomie reste toujours soignée jusque dans le ressenti de leur musculature, les élans de verve ont quelque chose de très marquant tant la mangaka y apporte vivacité et expressivité...
Et de l'autre côté, il y a toujours cette envie de décortiquer des moeurs, des habitudes de vie chez ces êtres. Leur apprentissage en montagne quand ils atteignent l'âge de dix ans afin d'acquérir par eux-même les techniques de survie, leur respect de la nature et du cycle de la vie...

Sans surprise, retrouver l'oeuvre de Ryo Sumiyoshi est un régal de chaque instant. Passionnée, la mangaka conserve toutes ses qualités visuelles, met superbement en valeur les créatures qu'elle adore, et présente avec beaucoup de force le passé du charismatique Matsukaze et de son entourage. Difficile de ne pas attendre avec impatience le tome 6, qui conclura le troisième cycle de la saga.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs