Cat street Vol.1 - Actualité manga

Cat street Vol.1 : Critiques

Cat street

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 21 Septembre 2010

Yoko Kamio n'est pas vraiment un auteur inconnu par chez nous puisque c'est à elle que l'on doit le très long et très bon Hana yori dango, qui date cela dit d'il y a quelques années maintenant. Elle nous revient ici avec une série nettement plus courte mais loin d'être dénuée de qualités, comme l'on pourra rapidement le constater.

Keito Aoyama est une idole déchue. Lorsqu'elle était petite fille, ses parents lui ont fait passer diverses auditions et elle est très rapidement devenue célèbre en participant à de nombreuses publicités télévisées. Mais, quelques années plus tard, son succès s'est très subitement arrêté lorsque sa meilleure ( et seule ) amie l'abandonna et qu'elle perdit tous ses moyens au moment d'une représentation théâtrale de la plus haute importance. Désormais, elle a seize ans et vit recluse chez elle. Ne fréquentant plus d'établissement scolaire, n'ayant plus la moindre relation sociale. Et, pourtant, une rencontre inattendue pourrait bien changer son destin et lui redonner le goût de vivre. Tout cela grâce à une école bien particulière...

Dès les premières pages, on comprend que l'on n'est pas là pour rire gaiement dans un bain d'insouciance. La douleur de Keito se ressent immédiatement. Sa solitude, son désespoir. Il y a des mangakas qui se contentent de mettre des choses sur papier et d'autres qui transmettent ce quelque chose au lecteur. Clairement, Yoko Kamio appartient à la seconde catégorie. Et il n'y a pas vraiment d'explications à cela. C'est bêtement un ensemble de petites choses insignifiantes qui, misent bout à bout, vous touchent droit au cœur. C'est le talent, tout simplement.

Pour poursuivre sur le personnage de Keito, son statut d'ancienne idole sert surtout de prétexte à l'auteur pour traiter un autre sujet dramatique, que ce soit au Japon ou ailleurs: la problématique des hikikomoris. Autrement dit, des personnes qui, pour une raison ou une autre, se retrouvent à rester cloitrées chez elles sans plus avoir la moindre interaction sociale et ce, des années durant. Là où Kamio réussit à merveille, c'est dans son choix de ne pas présenter son héroine comme une simple victime. Évidemment, les incompréhensions et cruelles maladresses des enfants qui l'ont côtoyé lorsqu'elle était une star et l'insupportable indifférence de ses parents à son égard lorsqu'elle voulait se faire entendre ne sont pas sans conséquences. Ils ont façonné une petite poupée qui n'est pas en mesure de survivre dans le monde qui l'entoure. Mais en marge de tout ça, Keito se remet elle aussi en cause. Elle se rend compte de l'absurdité de son comportement, des mauvais choix qu'elle fait. Et ainsi, durant tout ce premier tome, on traverse avec elle ses différents états d'esprit. Tantôt reportant tous sur les autres, tantôt se sentant terriblement coupable.

"Je dois... vite... me cacher... dans un endroit où personne ne viendra m'envahir !"

Mais l'héroine qu'elle est n'est certainement pas le seul atout du titre. Les autres protagonistes lui tiennent la dragée haute. Pourquoi ? Parce qu'encore une fois l'auteur les utilise à bon escient. Elle n'en fait jamais trop, et parvient à nous berner à merveille quand il faut. Le meilleur exemple pour illustrer cela est très probablement Rei. En le découvrant, on s'attend à trouver dans son ombre un passé particulièrement tragique et dramatique. Et, pourtant, on se rendra compte que ce n'est pas tout à fait le cas. Les autres élèves d'El Liston ne sont pas en reste non plus et, si dans un premier temps on en vient à être amusé, honteusement, par ce freakshow peu ragoutant, on s'attache très rapidement à chacun d'entre eux et l'on en vient à se dire que les vrai humains, dans ce monde, c'est très certainement là qu'ils se trouvent.

Au niveau de l'intrigue en elle-même, Kamio pose ici les bases de son récit mais cela ne l'empêche pas de déjà faire très nettement progresser ses intervenants, en particulier Keito. Sans même sans rendre compte, au détour de quelques rencontres improbables, la voila qui a retrouvé un semblant de vie ordinaire. Enfin, je dis ça, mais est-ce qu'ordinaire est réellement un qualificatif positif ? Quoi qu'il en soit, dans un premier temps, on aura droit à plusieurs retours dans le passé afin de comprendre les raisons de la déchéance de notre héroine. Toute cette partie peut sembler un peu trop caricaturale. Mais, quelque part, dans ce monde de strass et de paillettes où tout est parfaitement artificiel et surfait, c'est juste très crédible et authentique.
Par la suite, tout ce passe dans le présent et l'auteur s'attache à présenter les différentes facettes de l'univers qu'elle a mise sur pied. Cela est fait au travers d'une narration très fluide, ne souffrant d'aucun temps mort ou baisse de régime. Puis, on se laisse doucement porter et bercer par le rythme de vie paisible qui anime l'école ouverte d'El Liston.

Et le trait très fin et personnel de Yoko Kamio contribue également à cela. Dans un premier temps très légèrement déstabilisant pour les non-initiés, il s'impose petit à petit comme une évidence. Son côté épuré permet par ailleurs de mettre en avant les attraits majeurs de la série.

En ce qui concerne l'édition, Kana fournit un travail de bonne qualité. On appréciera notamment le mini-dossier en fin de volume sur l'hikikomori. Seul petit bémol, mais cela reste une constatation personnelle et fort subjective, dommage de ne pas avoir garder les couvertures d'origine, bien plus jolies à mon goût !

Cat street commence donc très fort. Si l'auteur parvient à maintenir le cap et offrir autant de bonnes choses dans les prochains volumes, on tient là assurément la référence shojo de cette rentrée. Touchant, percutant, et terriblement juste, voila une petite perle comme on en trouve rarement.

"Et moi... j'ai ri pour la première fois depuis sept ans... baignée dans un clair de lune orange."


Shaedhen


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Shaedhen
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs