Captivated by you : Critiques

Muchuu sa, Kimi ni.

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 27 Mars 2025

Célébrée pour sa comédie atypique Hoshi dans le jardin des filles (publiée en France par les éditions Le Lézard Noir) et pour son travail avec Usamaru Furuya sur Litchi Hikari Club Collaboration (sorti dans notre langue aux éditions IMHO), la mangaka Yama Wayama a, cette fois-ci, récemment fait son entrée dans la collection Alpha des éditions Vega avec deux one-shot qui sont issus du prestigieux magazine Comic Beam et qui, quelque part, sont assez liés puisqu'ils seront tous les deux adaptés en anime cet été. L'un est Let's go karaoke!, sur lequel nous sommes déjà revenus, tandis que l'autre, à savoir celui qui nous intéresse dans cette chronique, est Captivated by you, un ouvrage qui, sur un peu plus de 160 pages, regroupe des travaux que l'autrice, avant leur publication professionnelle en 2019, avait initialement proposés sous forme de doujinshi sur son site personnel.

De cette oeuvre qui se déroule essentiellement dans un établissement scolaire pour garçons, on pourrait dire qu'elle se divise en deux parties, chacune d'entre elles se concentrant sur un adolescent en particulier et sur l'aura qu'il impose.

L'un est Hayashi, et il a le don d'attirer à lui, sans le vouloir, les gens, dont il suscite naturellement l'attention, ne serait-ce que parce qu'il est mignon. Ici, un camarade de classe le choisit pendant la fête du sport quand il doit rapporter "quelqu'un de mignon". Là, une lectrice solitaire noue un contact avec lui par internet avant de la rencontrer. Puis un cadet à l'école affiche son désir ardent de le dessiner, un autre garçon victime de racket reçoit discrètement son aide... Il y a ainsi mille et une façons, pour l'entourage de Hayashi, de se retrouver en quelque sorte fasciné par lui... alors même que le principal concerné, très neutre et plutôt distant, n'a rien demandé et n'en fait pas grand cas, en se contentant surtout d'effectuer ses petits passe-t-temps un peu étranges (comme écrire des messages sur ses réseaux sociaux à partir de bouts de panneaux photographiés) sans se soucier des autres.

L'autre est Nikaidô, un lycéen à l'allure tellement lugubre que personne n'ose l'aborder et que tout le monde garde ses distances avec lui, à tel point qu'un paquet de légendes sinistres sur lui sont nées. En se retrouvant avec cet énergumène en guise de voisin de derrière en classe, Hidaka n'est d'abord pas rassuré, mais il va rapidement découvrir que Nikaidô n'est en réalité pas si inquiétant que ça et qu'il joue surtout un rôle pour certaines raisons, lui qui est en réalité on ne peut plus mimi.

Portant très bien son nom, ce recueil voit Yama Wayama jouer sur le pouvoir d'attraction que ces deux garçons peuvent avoir, chacun à sa manière, et en n'ayant absolument rien demandé face à ces gens se retrouvant captivés par eux, que ce soit positivement ou négativement. Tout naturellement, le concept de base permet à l'autrice de distiller son typique humour assez décalé et plutôt pince-sans-rire voire nonchalant, quand elle n'esquisse pas des références de qualité (à Junji Ito en tête). Mais elle va également un tout petit peu plus loin que ça dans son jeu sur la thématique de l'apparence, entre un Hayashi qui reste très je m'en foutiste face à l'attrait qu'il suscite malgré lui sur son entourage, et un Nikaidô qui a au contraire pris une décision radicale pour cesser de captiver les gens (même si, désormais, il les captive toujours, mais d'une tout autre manière).

Quand on aime le style et l'humour bien marqués (et donc pas forcément facile d'accès) de cette autrice, Captivated by you est donc une lecture aussi efficace et sympathique que Hoshi dans le jardin des filles et Let's go karaoke!, d'autant plus que l'oeuvre est servie dans une édition française globalement convaincante: on a un grand format sans jaquette mais avec rabats, une couverture soigneusement adaptée de l'originale japonaise par Daphné Belt, son papier souple et assez opaque, sa qualité d'impression très correcte, une traduction très soignée de la part d'Alexandre Fournier (surtout quand il appuie certains jeux de mots), et un lettrage plutôt propre de Vibrant Publishing Studio même si, ici aussi, il y a de quoi regretter que l'éditeur ait fait traiter cette étape en Inde.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction