Butterfly Beast II Vol.1 - Actualité manga
Butterfly Beast II Vol.1 - Manga

Butterfly Beast II Vol.1 : Critiques

Chôju Gitan II

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 02 Février 2022

En 2020, la talentueuse Yuka Nagate lance dans les pages du magazine Comic Bunch des éditions Shinchôsha son manga Butterfly Beast. Mêlant drame et action sur un enrobage tantôt sombre, tantôt sensuel, le manga narre la quête vengeresse d'une ancienne kunoichi contre ses frères d'arme d'autrefois qui ont emprunté la voie du crime, dans un Japon du XVIIe siècle. Le récit est efficace tandis que son intensité grimpe au fil des chapitres, mais l'autrice est contrainte de mettre fin à son œuvre après seulement deux tomes, suite à la suppression de la revue de prépublication.

Mais très rapidement, la chance sourit à la mangaka : L'éditeur Leed rachète les droits de Butterfly Beast pour en proposer une réédition, précédée du lancement d'une suite directe sobrement intitulée Chôju Gitan II, ou Butterfly Beast II chez nous.
Pour Mangetsu, l'éditeur français, il n'était pas question d'éditer sommairement l'œuvre, aussi le premier opus de cette séquelle nous est proposée quelques mois seulement après la sortie des deux tomes initiaux, nous permettant ainsi de retrouver l'envoutante et tragique Ochô au sein du quartier des plaisirs de Yoshiwara.

L'intrigue demeure donc intacte par rapport aux deux volumes de la série initiale. Mais changement de magazine (et d'éditeur) au Japon oblige, il convenait de la resituer légèrement afin de ne pas perdre d'éventuels nouveaux lecteurs. Aussi, c'est de manière classique, avec une première histoire sur un seul chapitre, que s'ouvre ce deuxième acte afin de remettre les pièces du puzzle dans l'ordre, de la double nature d'Ochô/Kochô à l'idée des shinobis renégats, les fameux réprouvés. Tout est donc là pour faire de cette suite une autre porte d'entrée vers l'œuvre de Yuka Nagate, si bien que ce premier tome ne relate que par son synopsis de quatrième de couverture le tragique événement autour de Kazuma, celui qui pouvait tisser un fil rouge dans le récit.

Ce premier tome (ou troisième, selon les points de vue) reprend donc sur des bases assez classiques, y compris dans sa formule de se construire sur de courts arcs relatant chacun une histoire autour d'un réprouvé, tant de situations qui mettront à mal Ochô dans des optiques différentes tandis que la mangaka parvient toujours à trouver des idées supplémentaires pour renouveler son histoire. Bien que la traque de l'héroïne de ses anciens camarades soit la même sur la forme, le fond n'est jamais totalement le même, quand bien même l'intrigue conserve sa noirceur et son drame poignant, que ce soit par des ennemis qui gardent toujours une once d'humanité ou la protagoniste dont la sensibilité ne peut que nous toucher, tant les dilemmes auxquelles elle se confronte sont poignants.

Pourtant, dans cet enrobage qui ne semble pas avoir évolué, il serait faux de dire que Butterfly Beast n'est pas dans la continuité de la première série, ou que cette séquelle n'apporte rien de nouveau. Le développement de Kochô est un aspect qui prend de plus en plus d'ampleur, sa sensibilité et sa difficulté à se conformer totalement à son rôle étant un traitement de plus en plus fort, quand bien même l'intrigue n'aborde pas le cas de Kazuma dans l'immédiat. La dernière histoire est sans doute la plus dense à ce sujet, alors qu'elle n'aborde même pas un cas de réprouvé. Comme si Yuka Nagate cherchait à donner encore plus de maturité à son manga, elle aborde à la fois une figure centrale plus humaine que jamais, tout en traitant avec poésie et mélancolie la condition des courtisanes, des faux semblants jusqu'à la petite subtilité de leurs liens avec leurs clients, tout en faisant de cette thématique une métaphore de la propre existence de Kochô. Dans le premier tome de cette suite, il y a le retour au récit d'action sombre et cruel d'une part, et le touchant récit historique de l'autre. Et parce que cette dernière histoire semble planter de fortes intentions pour la suite, c'est bien sur une certaine hâte de découvrir le second opus que nous refermons ce premier ouvrage.

Concernant l'édition, nous restons dans la droite lignée de la série précédente, tant dans le format que dans l'équipe en charge de la conception de la version française. Aussi Yohan Leclerc livre une traduction toujours bien en phase avec les multiples ambiances de l'œuvre tandis qu'Anne Demars livre un lettrage bien calibré, et que Tom « Spade » Bertrand offre une très belle maquette de couverture, aussi pure que les sentiments de Kochô, tout en actualisant le logo de manière ingénieuse, notamment avec l'idée des marques de lacération de katana pour marquer le « II » de cette suite.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs