Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 22 Décembre 2020
Artiste né en 1983 et faisant partie des noms importants de la bande dessinée chinoise contemporaine, Zuo Ma est loin d'être un inconnu en France: d'abord publié dans notre pays chez feu Xiao Pan en 2007 sous son vrai nom Zou Jian avec Le Repos de la Baleine, il avait participé l'année suivante, toujours chez cet éditeur, au recueil collectif Chroniques de Pékin. Il a ensuite fallu attendre l'année 2018 pour le retrouver dans notre pays, cette fois-ci aux éditions Cornélius et sous le pseudonyme Zuo Ma, avec l'ouvrage Entre chien et loup, un recueil de 12 histoires courtes. Et en août de cette année, c'est aux éditions Cambourakis que l'artiste chinois a pu poser ses bagages pour la publication de Bus de Nuit.
Le parcours de cette oeuvre en France n'aura pas forcément été de tout repose puisque, il y a quelques années, plus précisément en 2015, il avait été acquis par les éditions Fei sous le titre Night Bus afin de normalement inaugurer une nouvelle collection, Quarks, qui devait mettre en lumière des artistes chinois à la patte unique. Mais malheureusement, l'éditeur avait dû laisser tomber ce projet, si bien que Night Bus n'était jamais sorti. Au moins, grâce à Cambourakis, ce manque est enfin comblé.
Tout commence quand une femme, avec son bonnet, ses lunettes opaques, son mini-short et son sweat à capuche, se retrouve contrainte de s'extirper du train censé la ramener chez elle, bien trop bondé de monde. Au coeur de sa ville moderne, très urbanisée et sans doute un peu étouffante, la voici donc obligée de rentrer chez elle à pieds, tâche non aisée... à moins qu'elle ne cède à la tentation de se rendre aux bus de nuit. En finissant par monter dans celui qui est censé faire le trajet jusqu'au quartier où elle habite, elle ne sait pas encore qu'elle vient de faire le premier pas pour un voyage extraordinaire...
Le principe de l'oeuvre est assez simple: on suit le voyage en bus de cette femme chapitre après chapitre, escale après escale, chaque étape étant l'occasion de faire de nouvelles rencontres, de nouvelles découvertes... mais celles-ci sont loin, très loin d'être habituelles puisque très rapidement, c'est le surnaturel, l'extraordinaire que la femme croise, le voyage l'amenant dans des contrées toujours plus folles et invraisemblables, tandis que la frontière entre la réalité et le rêve semble se brouiller toujours plus. Si l'idée n'est pas forcément nouvelle, Zuo Ma l'exploite de manière intéressante, puisque chaque étape nous plonge, en même temps que l'héroïne, dans un univers à chaque fois un peu plus fantasmagorique, où les rencontres humaines parfois déjà un peu décalées laissent de plus en plus place à des silhouettes de créatures atypiques, aussi uniques que fascinantes, tandis que bientôt la ville réelle ne semble plus qu'un souvenir à certaines reprises.
On ne va pas le cacher: Bus de nuit est une oeuvre à laquelle on pourra adhérer ou non, selon notre faculté à nous immerger dans l'univers imaginaire foisonnant de Zuo Ma, une tâche qui n'est pas toujours facile puisque certains chapitres/certaines escales se veulent très opaques dans leur signification. Néanmoins, on peut tout simplement profiter de l'aspect assez hypnotique de ce voyage pas comme les autres, grâce au dessin souvent merveilleux de l'artiste. Si l'on pourra parfois lui reprocher un découpage trop académique pour une oeuvre de ce type, il en est tout autre quand il s'adonne à certaines pleines pages ou doubles-pages qui nous happe sans mal par leur richesse, leurs formes, leurs designs. Et de ce côté-là, l'artiste a vraiment à coeur de dessiner des choses denses et captivantes, qu'il parvient bien souvent à faire ressortir par différentes techniques allant des aplats aux hachures en passant par la multiplicité de traits.
Le sens de ce voyage ? Eh bien, il est à chercher en filigranes du récit, voire en chute de certains chapitres, et surtout à la toute fin qui explique assez sobrement mais de façon humaine la nature de ce voyage et qui est en réalité cette femme. D'une escale à l'autre, Zuo Ma évoque, même brièvement, différents thèmes comme l'enfance, la mémoire, le souvenir, ce qui nous forge et reste toujours discrètement dans un coin de notre tête, la mort... et l'auteur met en image ces choses avec une forme de sensibilité et d'émotion qui peut facilement happer.
Bus de nuit est, en somme, un bel ouvrage, qui plus est servi dans une excellente édition avec un grand format laissant profiter au mieux des richesses visuelles, un papier bien épais permettant une très bonne impression, une traduction soignée, et 7 très belles pages d'illustrations en couleurs.
Le parcours de cette oeuvre en France n'aura pas forcément été de tout repose puisque, il y a quelques années, plus précisément en 2015, il avait été acquis par les éditions Fei sous le titre Night Bus afin de normalement inaugurer une nouvelle collection, Quarks, qui devait mettre en lumière des artistes chinois à la patte unique. Mais malheureusement, l'éditeur avait dû laisser tomber ce projet, si bien que Night Bus n'était jamais sorti. Au moins, grâce à Cambourakis, ce manque est enfin comblé.
Tout commence quand une femme, avec son bonnet, ses lunettes opaques, son mini-short et son sweat à capuche, se retrouve contrainte de s'extirper du train censé la ramener chez elle, bien trop bondé de monde. Au coeur de sa ville moderne, très urbanisée et sans doute un peu étouffante, la voici donc obligée de rentrer chez elle à pieds, tâche non aisée... à moins qu'elle ne cède à la tentation de se rendre aux bus de nuit. En finissant par monter dans celui qui est censé faire le trajet jusqu'au quartier où elle habite, elle ne sait pas encore qu'elle vient de faire le premier pas pour un voyage extraordinaire...
Le principe de l'oeuvre est assez simple: on suit le voyage en bus de cette femme chapitre après chapitre, escale après escale, chaque étape étant l'occasion de faire de nouvelles rencontres, de nouvelles découvertes... mais celles-ci sont loin, très loin d'être habituelles puisque très rapidement, c'est le surnaturel, l'extraordinaire que la femme croise, le voyage l'amenant dans des contrées toujours plus folles et invraisemblables, tandis que la frontière entre la réalité et le rêve semble se brouiller toujours plus. Si l'idée n'est pas forcément nouvelle, Zuo Ma l'exploite de manière intéressante, puisque chaque étape nous plonge, en même temps que l'héroïne, dans un univers à chaque fois un peu plus fantasmagorique, où les rencontres humaines parfois déjà un peu décalées laissent de plus en plus place à des silhouettes de créatures atypiques, aussi uniques que fascinantes, tandis que bientôt la ville réelle ne semble plus qu'un souvenir à certaines reprises.
On ne va pas le cacher: Bus de nuit est une oeuvre à laquelle on pourra adhérer ou non, selon notre faculté à nous immerger dans l'univers imaginaire foisonnant de Zuo Ma, une tâche qui n'est pas toujours facile puisque certains chapitres/certaines escales se veulent très opaques dans leur signification. Néanmoins, on peut tout simplement profiter de l'aspect assez hypnotique de ce voyage pas comme les autres, grâce au dessin souvent merveilleux de l'artiste. Si l'on pourra parfois lui reprocher un découpage trop académique pour une oeuvre de ce type, il en est tout autre quand il s'adonne à certaines pleines pages ou doubles-pages qui nous happe sans mal par leur richesse, leurs formes, leurs designs. Et de ce côté-là, l'artiste a vraiment à coeur de dessiner des choses denses et captivantes, qu'il parvient bien souvent à faire ressortir par différentes techniques allant des aplats aux hachures en passant par la multiplicité de traits.
Le sens de ce voyage ? Eh bien, il est à chercher en filigranes du récit, voire en chute de certains chapitres, et surtout à la toute fin qui explique assez sobrement mais de façon humaine la nature de ce voyage et qui est en réalité cette femme. D'une escale à l'autre, Zuo Ma évoque, même brièvement, différents thèmes comme l'enfance, la mémoire, le souvenir, ce qui nous forge et reste toujours discrètement dans un coin de notre tête, la mort... et l'auteur met en image ces choses avec une forme de sensibilité et d'émotion qui peut facilement happer.
Bus de nuit est, en somme, un bel ouvrage, qui plus est servi dans une excellente édition avec un grand format laissant profiter au mieux des richesses visuelles, un papier bien épais permettant une très bonne impression, une traduction soignée, et 7 très belles pages d'illustrations en couleurs.
19/08/2020 