Blooming Girls Vol.3 : Critiques

Kazusa vient de se prendre un beau vent par son ami d'enfance Izumi dont elle est tombée amoureuse: au bout d'une petite discussion animée et légèrement embarrassante pour les deux adolescents, celui-ci lui a tout bonnement avoué qu'il ne ressent aucune envie de faire l'amour avec elle, ce qui est un coup dur pour la jeune fille qui n'imagine aucunement dissocier le sexe et l'amour, tant le désir et les sentiments vont de pair à ses yeux. Tout en continuant de se confier à sa précieuse amie Momoko qui est toujours une oreille attentive, elle ressent pourtant un trouble d'autant plus fort en surprenant, seuls, Izumi et Niina.

Niina, justement, continue pourtant de se tenir à l'écart des possibles relations amoureuses, elle qui a déjà tant souffert de son aura et de sa pure beauté physique, et qui ne peut pas deviner que Kazusa est en train de se faire un gros malentendu au sujet d'Izumi et d'elle, puisque ses retrouvailles avec le jeune garçon sont surtout l'occasion d'échanger, voire de se confier encore un peu plus sur elle au sujet, entre autres, de son lien passé assez particulier avec le dénommé Hisashi Saegusa, un metteur en scène vouant une passion pour la pureté des enfants.

Quant à Momoka, elle qui était la plus discrète jusqu'à présent, la voici qui devient celle qui nous interpelle le plus dans ce tome, dès lors que son camarade de classe Satoshi essaie de se rapprocher d'elle. Derrière les amis qui les charrient, le jeune garçon semble sincère, en avouant même ce qui lui plaît précisément en Momoka, et en affirmant qu'avant même d'imaginer une relation amoureuse avec elle il aimerait qu'ils deviennent amis. Mais au fil d'une première sortie à deux, qu'est-ce qui en ressortira ? C'est là que Momoka, en se forgeant une réponse sincère en son for intérieur, nous rend très curieux pour la suite.

De son côté, Rika continue doucement de se confronter à l'image nouvelle qu'elle renvoie depuis qu'elle a totalement changé de look, elle qui était tant conspuée par le passé. Il a suffi qu'elle se fasse plus féminine comme l'imaginent les garçons pour qu'elle commence à plaire et qu'on la trouve mignonne. Et forcément, même si elle pourrait voir une certaine superficialité dans les changements de comportements à son égard, cela lui fait plaisir quelque part. Alors, quelle réponse donnera-t-elle quand elle recevra ce qui s'apparente à une déclaration ?

Enfin, Hitoha, notre écrivaine en herbe, reste toujours la plus particulière de nos cinq héroïnes, de par sa volonté d'expérimenter le sexe afin de pouvoir proposer des écrits plus réalistes à son éditeur. Poursuivant ses recherches sur le désir sans fioritures, elle prend une voie un peu étonnante avec le professeur Milo, mais heureusement ce dernier n'en profite pas. Seulement, sur la longueur, que ressortira-t-il de l'espèce de petit jeu bizarre qui commence tout juste à s'installer entre ces deux-là ?

Chacune des cinq adolescentes a ainsi droit à ses moments intéressants dans ce volume. Alors que le récit flirte parfois avec la limite (surtout au sujet de Hitoha et de la lubie a priori purement artistique de Saegusa), il y a toujours chez la scénariste Mari Okada une justesse de ton pour croquer avec bienveillance ces jeunes filles sans occulter le propos, et chez la dessinatrice Nao Emoto une réelle finesse pour retranscrire leurs émotions quel que soit le caractère de chacune d'elles (entre Momoka qui intériorise ou Kazusa qui est ultra expressive, on a un peu tout). Sur fond de quelques références littéraires, nos héroïnes prennent surtout encore soin d'échanger entre elles sur leur vision des choses et sur ce qu'elles ressentent, et à la clé elle continuent chacune de se confronter aux notions d'amour, de désir et de sexe à leur manière.