Asobi Asobase Vol.1 - Actualité manga
Asobi Asobase Vol.1 - Manga

Asobi Asobase Vol.1 : Critiques

Asobi Asobase

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 02 Décembre 2021

Eté 2018. La plateforme Crunchyroll nous donnait l'opportunité de découvrir en France, en simulcast vostfr, un anime discret mais assez jouissif dans son genre: Asobi Asobase, oeuvre qui se réappropriait la bonne vieille recette tranche de vie scolaire/comédie sur un ton résolument décalé, pour un résultat qui, globalement, avait énormément plu à l'auteur de cette chronique, malgré quelques petites baisses de régime sur la longueur côté humour. Derrière cette adaptation animée, un manga, signé Rin Suzukawa (dont c'est la deuxième oeuvre au Japon), et qui suit tranquillement son cours dans son pays depuis 2015 dans le magazine Young Animal Densi de Hakusensha, en comptant actuellement 12 volumes brochés.

A vrai dire, jusqu'à il y a peu, nous avions peu d'espoir de voir arriver en France le manga d'origine: les mangas purement comiques sont effectivement généralement réputés difficiles à vendre dans notre pays, et sans doute plus encore quand ils ont un style visuel aussi particulier qu'Asobi Asobase. Mais ça, c'était avant l'arrivée sur le marché de Noeve Grafx: en un an d'existence, ce jeune éditeur a déjà su surprendre plusieurs fois, en étant capable d'offrir autant des perles personnelles méconnues (Veil, Robosapiens...) que des titres populaires parfois trop longtemps attendus (Welcome to the Ballroom, Miss Kobayashi's Dragon Maid...). Noeve semble aimer prendre quelques risques, et c'est tant mieux !

Annoncé par l'éditeur à la fin du printemps, lors de sa deuxième édition du Noeve Grafx Day début juin, Asobi Asobase devait initialement être lancé dans notre pays en novembre, mais les pénuries de papier chez les imprimeurs en ont décidé autrement en reportant légèrement le lancement, la série de Suzukawa étant finalement loin d'être la plus touchée par les reports. Ainsi, c'est en ce début de mois décembre que le tome 1 arrivera finalement... mais sans date tout à fait précise, Noeve Grafx devant se contenter d'annoncer une sortie "entre le 3 et le 10 décembre" sur les réseaux, toujours en raison des problèmes touchant actuellement le milieu. De notre côté, en attendant de pouvoir mettre la main sur le précieux volume papier, nous avons eu la chance de pouvoir lire le tome via une épreuve numérique gentiment fournie par l'éditeur.

Asobi Asobase nous immisce dans un collège pour filles, et démarre sur une rencontre qui promet d'être fracassante entre trois jeunes filles de la même classe. Nouvelle venue dans l'école, la jolie métisse nippo-américaine Olivia, derrière son minois innocent, est en train de se moquer gentiment de sa camarade Hanako Honda, en pratiquant à sa façon des petits jeux contre elle, et en lui faisant croire qu'elle parle parfaitement anglais et est un peu nulle en japonais alors que c'est tout le contraire: elle a en réalité toujours vécu au Japon, parle parfaitement la langue nippone, et est toute pourrie dans la langue de Boris Johnso... hum, de Shakespeare. Depuis son bureau dans la salle de classe, une troisième jeune fille les observe, dans son coin: Kasumi Nomura. Peu loquace avec les autres, l'air sérieux avec ses lunettes, sans doute une tête en cours... mais qui, pourtant, va vite se prendre d'intérêt pour Olivia pour une raison précise: elle est elle-même complètement nulle en anglais et aimerait donc avoir la blondinette en "prof" pour s'améliorer, sans savoir qu'en réalité Olivia est presque aussi mauvaise qu'elle. C'est sur la base de ces quiproquos que, de fil en aiguille, les trois adolescentes vont être amenées à ses fréquenter plus souvent, en créant un cercle d'activités où chacune a un peu sa vision du truc au départ: Olivia veut juste s'y amuser, Hanako veut en faire un moyen d'enfin devenir hyper populaire comme les filles de Shibuya, et Kasumi veut y étudier l'anglais. Si bien qu'au bout du compte, le "cercle des joueurs", installé discrètement dans une salle inoccupée, devient le théâtre de diverses choses, entre petits jeux, bêtises et autres glandouilleries. Et autant dire que chacune de leurs petites activités va vite partir en vrille, d'une manière ou d'une autre...

Cette comédie, dans ce premier volume, repose sur un schéma très simple: globalement, chaque nouveau court chapitre (généralement de 12-14 pages environ) propose une nouvelle petite péripétie forcément vouée à partir en cacahuète. L'une des qualités de l'oeuvre est de souvent partir d'une situation un peu anodine (comme un simple jeu a priori inoffensif, les examens, les petits complexes des filles, une discussion avec la prof d'anglais éternelle célibataire...) pour ensuite souvent la faire dévier vers des rebondissements délirants voire improbables, le tout en quelques pages seulement. Ainsi, par exemple, ne vous étonnez pas si un simple jeu du pouce devient bien plus intense que la normale, ou si certaines activités donnent lieu à des gages des gages pouvant être aussi humiliants que débiles (sniffer les aisselles des autres, miam).

Tel est le concept de cette série qui, dès ce premier tome, prête très souvent à sourire ou à rire de par la manière dont tout part en vrille, si l'on accroche à ce type d'humour bien sûr. Mais le concept d'Asobi Asobase ne serait pas aussi plaisant s'il n'était pas porté par une galerie de personnages lui faisant honneur, et de ce côté-là c'est déjà du tout bon ! A commencer par le trio d'héroïnes, qui campent toutes très bien leur rôle dès le départ. Jeune fille sérieuse en cours et bien sous tout rapport, Kasumi possède pourtant ses petits défauts, comme sa nullité totale en Anglais ou une tendance à péter un peu un câble quand elle perd aux jeux (ou, en tout cas, à être vraiment à fond dans les jeux où il est question de gages, car elle garde de mauvais souvenirs de son enfance sur ce point). Olivia, elle, est donc une ravissante métisse nippo-américaine qui se fait passer pour ce qu'elle n'est pas: elle fait croire qu'elle vient d'Amérique, mais est la plus nulle de toutes en Anglais, ce qui lui jouera quelques tours. Et sous ses allures de jeune fille magnifique, elle recèle pourtant une personnalité un peu retorse et des petits problèmes... hum, olfactifs. La plus dérangée reste toutefois, peut-être Hanako, fille d'une famille riche qui, pour autant, n'a pas vraiment de bonnes manières. Souvent à l'origine des instants qui partent en vrille, la demoiselle est bourrée de défauts, allant de la jalousie à une tendance à avoir des idées foireuses, en passant parfois par un "mépris" des autres, sa nullité complète aux jeux, une fierté qui apparaît sans raison, une tendance à vite partir dans l'hystérie, un coté fleur bleue idiot et bien d'autres choses. Et les premiers personnages secondaires à apparaître ne sont pas en reste, entre la déléguée des élèves qui s'ennuie mortellement suite à son élection due à un discours aux allures de menaces de mort, et l'enseignante vieille fille, très gentille mais un peu dépassée.

Visuellement, Asobi Asobase est un manga qui est assez réputé pour son style assez personnel, avec des traits assez irréguliers et jouant beaucoup sur les expressions faciales improbables, avec un paquet de têtes qui ont tout du mème. Si vous aimez ce genre d'humour visuel jouant sur les visages à l'extrême, vous êtes alors au bon endroit. Derrière leur allure de jeunes filles (parfois) mignonnes, nos héroïnes ont un don pour souvent tirer des tronches impayables, exagérées ou déformées, pour un ensemble assez réjouissant.

A condition d'aimer le genre d'humour qu'il propose, Asobi Asobase est un manga qui commence très bien dans sa catégorie, tout en sachant que le meilleur reste clairement à venir (vivement l'entrée en scène du majordome Maeda). L'oeuvre doit pour l'instant beaucoup à sa palette de personnages se mettant en place (les trois héroïnes en tête, bien sûr), à la manière dont les situations peuvent partir en vrille, voire à sa façon de déjà jouer avec certaines limites (la réaction du prof concernant le soi-disant pipi d'Olivia...). Qui plus est, à défaut de pouvoir dire un mot sur l'édition physique du volume, on peut tout de même souligner la très bonne traduction de Frédéric Malet, traducteur habitué aux séries humoristiques, et qui offre ici un travail bien vivant et inspiré.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs