Arrête de me chauffer Nagatoro Vol.1 - Actualité manga
Arrête de me chauffer Nagatoro Vol.1 - Manga

Arrête de me chauffer Nagatoro Vol.1 : Critiques

Ijiranaide, Nagatoro-san

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 11 Mars 2021

Lancées dans le manga en fin d'année 2020 avec le récit de science-fiction Spe-Ope et la très belle et unique tranche de vie Veil, les éditions Noeve Grafx ont d'ores et déjà annoncé une très belle première partie d'année 2021, avec plusieurs séries parfois très attendues comme Welcome to the Ballroom ou Rent-a-Girlfriend. Ainsi ce mois de mars voit-il l'éditeur accélérer la cadence avec plusieurs tomes 1, parmi lesquels on trouve une jeune fille qui risque fort de vite trouver son public: Nagatoro.

Voici déjà plusieurs années que cette demoiselle occupe la carrière de son créateur Nanashi, un mangaka qui est également connu au Japon sous le pseudonyme 774 house, un nom sous lequel il a dessiné plusieurs mangas hentai qui ne sont vraiment pas à mettre entre toutes les mains, tant ils sont réputés pour être trash. Nagatoro, elle, voit le jour en 2011 avec "Nagatoro-san to Senpai", une histoire courte que Nanashi publia à compte personnel sur Pixiv. Une expérience qu'il récidiva deux ans plus tard, en 2013, avec "Nagatoro-san no Sandbag. Le webcomic mettant en scène la demoiselle trouva facilement un public toujours plus large, si bien qu'en fin d'année 2017 le mangaka en arriva à lancer une vraie version professionnelle dans le Magazine Pocket de Kôdansha, magazine dont sont aussi issues des séries comme Infection ou Sky-High Survival Next Level. Son nom: Ijiranaide, Nagatoro-san, littéralement "Ne joue pas avec moi, Nagatoro". Cependant, pour la publication française, Noeve Grafx a choisi d'être un tout petit peu plus rentre-dedans avec le titre "Arrête de me chauffer, Nagatoro". Déjà très populaire sur le web au point d'avoir eu droit en automne 2020 à une figurine (sans compter un petit paquet de goodies divers), Nagatoro ne risque pas de voir sa côte retomber puisque, dès ce mois d'avril, elle aura droit à une adaptation en série animée, le timing de lancement du manga en France étant donc très bon pour Noeve.

Maintenant que les présentations sont faites, l'heure est venue de parler un peu plus de l'histoire de notre chère Nagatoro... et concrètement ça va aller plutôt vite puisque la série ne devrait pas raconter grand chose, dans la mesure où elle repose sur une recette pas mal vue ces derniers temps avec des séries comme Karakai Jozu no Takagi-san (Quand Takagi me taquine) ou Uzaki-chan Wants to Hang Out !, à savoir un duo où un adolescent plutôt lambda (sérieux, solitaire, otaku...) voit soudainement une camarade de collège ou de lycée le coller à la semelle pour le taquiner à tout bout de champ. C'est donc ce qui arrive ici à notre héros, un lycée en classe de première très réservé, ayant peu confiance en lui, et un peu otaku sur les bords. Le jour où, par maladresse, il laisse échapper devant Nagatoro des planches du manga qu'il est en train de dessiner, c'est pour lui le début des moqueries: cette jeune fille en classe de seconde, d'un an sa cadette, se met alors à le suivre dès que l'occasion se présente pour en faire voir de toutes les couleurs à son "senpai" !

Dans ce premier volume constitué de 8 chapitres plus deux petits bonus, Nanashi suit un schéma classique où, une fois la première rencontre mouvementée passée, chaque chapitre amène des situations nouvelles qui enrichissent un petit peu plus l'univers de fond: on découvrira par exemple que le senpai est le membre solitaire du club de dessin, que Nagatoro semble pas mal populaire auprès de ses amies mais aussi auprès de certains garçons car il faut bien dire qu'elle est jolie... Et bien sûr, chacun de ces éléments amènera sont lot de situations, ne serait-ce que quand Nagatoro propose au senpai de lui servir de modèle, non sans essayer de l'embarrasser en prenant des poses un peu gênantes aux yeux d'un garçon comme lui, totalement inexpérimenté avec les filles. Pour l'instant ça marche plutôt bien car les situations se renouvellent assez, quand bien même les taquineries de Nagatoro reposent souvent sur les mêmes éléments gentiment obscènes. Alors, pour contrebalancer ce dernier point, on appréciera ce que l'oeuvre nous permet déjà d'entrevoir d'autre sur la jeune fille: si, au tout début, elle pourrait presque être un peu détestable en faisant même pleurer l'adolescent, heureusement elle sait s'excuser en prenant conscience qu'elle va trop loin ! Mais on entreverra aussi une adolescente qui n'a sans doute pas mauvais fond, et qui, même si elle aime "chauffer" le candide senpai, n'est aucunement une fille facile puisqu'elle envoie volontiers bouler à sa façon les garçons qui s'intéressent à elle... si bien qu'alors qu'elle passe son temps à se moquer du senpai, à le traiter de puceau ou à lui dire qu'il est repoussant, ne le considérerait-elle pas déjà en réalité comme un garçon à part pour elle ? De son côté, le senpai a beau en voir de toutes les couleurs avec cette chipie, il devra bien reconnaître qu'elle peut aussi être mignonne à croquer quand elle ne fait pas des siennes.

Visuellement, Nanashi propose une copie sympathique, qui doit évidemment l'essentiel de son charme au design de ses deux personnages principaux, entre une Nagatoro aussi jolie que sadique et espiègle, et un senpai aux expressions tout aussi efficaces. Pour appuyer la mise en valeur de ses deux personnages principaux, le mangaka joue sur un découpage plutôt classique et sur des décors plutôt standards mais soignées et présent quand il le faut. Mais ça ne l'empêche pas d'avoir aussi quelques petites fulgurances, notamment lors de la première rencontre où la silhouette taquine de Nagatoro vient se refléter dans la pupille gênée du senpai.

La mission est donc plutôt réussie pour ce premier volume, qui pose très honnêtement les bases et met en place un duo prometteur dans son genre. Pour le moment, l'auteur ne va pas forcément chercher ses idées de taquineries bien loin, mais ça suffit pour un début, et il y a fort à parier que Nanashi en garde sous le coude pour que son oeuvre dure encore actuellement. En tout cas, une chose est déjà sûre: la plus craquante des casse-pieds n'a pas fini de faire tourner en bourrique son senpai... et ses lecteurs !

Côté édition, Noeve Grafx aime mettre en avant sur les réseaux sociaux son désir d'offrir du beau travail éditorial, et dans l'ensemble c'est bien ce que l'on a. De quoi faire mieux passer, en partie, le prix de 7,95€ qui peut sembler cher pour un petit format shônen d'environ 150 pages. La jaquette attire facilement l'oeil avec un très beau travail: embossage et vernis sélectif sur le logo-titre et la silhouette de Nagatoro, en plus d'autres petits éléments eux aussi vernis. Et à l'intérieur, l'éditeur est fidèle à ses habitudes installées fin 2020 avec ses premières publications, puisque, ici aussi, on a droit à un bandeau, à un insert imitant ceux des mangas nippons, et à une jolie petite carte à collectionner mettant en valeur notre héroïne. D'ailleurs, rappelons que pour le premier tirage, certain(e)s lectrices et lecteurs auront la chance de tomber sur une carte signée par le mangaka ! Le papier, lui, est fin mais est sans transparence et est assez qualitatif, en permettant une très bonne qualité d'impression malgré quelques très légers moirages parfois, et en offrant une grande souplesse au livre. L'adaptation graphique de Kévin Druelle est soignée, tandis que la traduction de Rodolphe Gicquel est efficace en collant bien au tempérament des personnages, et en trouvant le bon ton dans les taquineries parfois un brin osées sans pour autant franchir un certain cap.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs