Apprentie Geisha (l') - Actualité manga

Apprentie Geisha (l') : Critiques

Izeru - Itezuru

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 08 Octobre 2010

Kazuo Kamimura est décidément l'un des éléments moteurs de la collection Sensei des éditions Kana, et on ne s'en plaindra pas. Ainsi, après Lady Snowblood, Lorsque nous vivions ensemble et Folles Passions, l'éditeur nous propose de découvrir L'Apprentie Geisha, un one-shot qui, comme son nom l'indique, nous invite à suivre les aventures d'une geisha, O-Tsuru (signifiant "grue"), appelée ainsi parce que petite elle avait l’habitude de se tenir sur un pied pour réchauffer l’autre, du jour où elle a été vendue à une okiya (maison de geishas) par ses parents pour 30 yens, jusqu'à l'apothéose de ses charmes en tant que geisha, en passant par son enfance en tant que shikomikko (apprentie geisha chargée de faire les commissions pour ses aînées), le tout se déroulant pendant le Japon d'entre deux guerres.

Si l'on a déjà pu voir en France des manga mettant en scène des geisha au second plan, rares sont ceux faisant de ce sujet leur élément central. Et sur ce plan-là, le titre de Kamimura s'en sort bien, en nous offrant une vision détaillée de différentes étapes de la vie d'O-Tsuru.
Le tout se découpe principalement en deux parties.
Dans la première, nous suivons la O-Tsuru shikomikko, découvrant le métier au contact de ses aînées, souvent grondée par la patronne de l'okiya, mais néanmoins pressée de devenir comme toutes ces élégantes geishas, et s'appliquant dans ce sens.
Dans la deuxième partie, la shikomikko a bien grandi, vit sa première fois avec celui qui sera son protecteur, puis devient la plus réputée des geisha de son okiya, et a à son tour une shikkomiko à son service, une gamine aussi enthousiaste qu'elle quelques années auparavant. Mais si O-Tsuru est enfin devenue une ravissante geisha digne de ce nom et continue de s'appliquer dans ce sens, son enthousiasme s'est en partie estompé face à une situation qui la prive de véritable liberté et de la possibilité, par exemple, de fonder un véritable foyer. Tout au long du récit, l'héroïne va rencontrer des personnages qui vont l'amener à penser et à agir de telle ou telle manière. La tristesse sera de la partie, l'amour impossible aussi.

L'un des mérites de Kazuo Kamimura réside dans sa volonté d'aborder son sujet d'un point de vue neutre, sans prendre parti, sans chercher à émouvoir le lecteur. Le statut d'O-Tsuru n'est pas forcément des plus reluisants, la demoiselle est parfois fière et droite, parfois emprunte d'une vraie tristesse, parfois sur le point de craquer, mais le tout est toujours présenté de manière objective, et les qualités de geisha d'O-Tsuru sont autant représentées que ses égarements. Ressort de tout cela une héroïne plutôt charismatique car assez réaliste.
Tout au long de la lecture, les informations sur l'univers des geisha s'amoncellent de manière assez claire, et le lecteur ressort avec une vision intéressante de ce que pouvait être cet univers. Et le récit restant neutre, ce sera à lui de se faire son opinion sur la chose.

Toutefois, si l'ensemble est intéressant et servi par le style inimitable de Kamimura, il n'en est pas parfait pour autant. Ainsi, on notera une tendance chez l'auteur à s'éparpiller un peu sur des histoires annexes portées sur des personnages secondaires, et si O-Tsuru reste toujours l'élément central, ces petites dérives s'avèrent parfois intéressantes, parfois beaucoup moins. Et, de manière plus générale, elles ont tendance à casser le rythme du récit et à l'alourdir.
On reste également un peu déçu par le fond historique du titre, juste évoqué au détour de quelques pages par-ci par-là. La période d'entre deux guerres est une période pendant laquelle le Japon commence à se transformer sensiblement, mais en dehors de quelques détails, comme le fait qu'un personnage laisse tomber le traditionnel shamisen pour la guitare occidentale, on ressent assez peu, pendant la lecture, cette lente transformation de la société.
Enfin, le point le plus dommageable reste l'absence d'une fin, d'une conclusion, le dernier chapitre termine l'ouvrage de manière quelconque, comme si d'autres chapitres auraient dû voir le jour.

L'apprentie geisha est un ouvrage intéressant de par le sujet qu'il aborde, mais reste malheureusement trop perfectible.

De plus, il faudra se contenter d'une édition assez moyenne, qui ne fait pas honneur au contenu. Si l'on passe la couverture très salissante, on découvre une traduction assez inégale, sans doute fidèle à l'originale mais assez poussive par instants. Le point le plus décevant concerne les annotations: L'Apprentie Geisha est le genre de titre ayant besoin d'un certain nombre d'annotations ou de clés de compréhension pour être pleinement apprécié, mais il faudra faire avec un travail incomplet de ce côté-là. Si certains termes sont bien expliqués, même succinctement, comme celui de shikomikko, d'autres, peut-être moins importants, ne le sont pas du tout, alors qu'ils sont pourtant typiques de la culture japonaise. Proposer ne serait-ce qu'un petit bonus en fin de volume permettant d'approfondir l'univers du one-shot aurait pu être très sympathique. Le reste est correct, et on saluera le prix raisonnable pour un pavé de 350 pages.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs