Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 02 Juin 2025
Malgré sa défaite contre Hikaru lors de la finale du stage des zenza, Akane ne se laisse pas abattre, loin de là ! Elle a la confirmation qu'elle a trouvé une rivale supplémentaire de choix en la populaire comédienne de doublage, si bien que pour ne pas se laisse distancer et pour atteindre rapidement le grade de futatsume elle se lance dans un nouveau projet ambitieux et compliqué: parvenir à se faire recommander par maître Taizen, un des quatre piliers de l'école Arakawa, et homme réputé pour être très difficile à approcher. Pour cela, notre héroïne commence alors par solliciter l'aide d'Asagao, qui lui présente son mentor: Chocho Konjakutei... mais ce dernier acceptera-t-il seulement d'aider la jeune fille ? Rien n'est moins sûr, d'autant plus qu'Akane n'est pas la seule à vouloir son aide...
Apparu dans la dernière partie du tome précédent en montrant d'emblée son excentricité, Chocho voit fort logiquement sa place et son rôle se consolider dès les premières dizaines de pages de ce dixième volume. Sur scène, on découvre un homme au talent indéniable: sa voix est claire, il articule bien, il dit des choses qui vont droit aux tripes, et il impose un charisme électrisant lui permettant de conquérir le public petit à petit, même quand ses choix initiaux peuvent sembler très déroutants... Et c'est précisément sur ce dernier point que le bonhomme démontre le plus sa nature excentrique: joueur invétéré, il décide toujours de confier au jeu le choix de l'histoire qu'il va interpréter, en rendant alors ses spectacles assez imprévisibles. Et c'est, tout naturellement aussi au jeu qu'il décidera ou pas d'aider Akane, Karashi et Un'un.
Bien que rapide, cette étape, en plus de poser efficacement le tempérament de Chocho, a au moins pour qualité supplémentaire de révéler de nouvelles choses sur la nature audacieuse d'Akane. Et même si le résultat du jeu de cho-han n'a forcément pas de surprise particulière, ses conséquences sont intéressantes en promettant déjà de placer Akane face à une nouvelle épreuve grisante et à une nouvelle étape de son apprentissage: une participation à la future cérémonie de montée de grade d'Asagao où un enjeu clair lui est imposé; parvenir à faire venir le plus de monde possible à un spectacle de zenza, ce genre de spectacle n'attirant généralement pas beaucoup de personnes au yose. Et pour ça, c'est à nouveau une certaine audace qui notre héroïne montrera ! mais pour quel résultat exactement ?
Pour le découvrir, il faudra attendre la suite de la série. Et en attendant, les auteurs ne négligent pas les autres aspects de leur oeuvre. Ici, l'occasion nous est donnée d'entrevoir encore quelques nouvelles choses sur l'école Arakawa, par exemple sur l'importance de ses piliers et sur son opposition de valeurs et d'ambitions avec la Fédération de rakugo. Là, la majeure partie de la deuxième moitié du tome revient sur la participation de Hikaru au spectacle à quatre organisé par Ikken, ce qui permet notamment d'installer le dénommé Yuzen et de développer un peu plus ce cher Koguma, dont le background s'étoffe vite et bien entre son manque de confiance en lui depuis longtemps, son rapport à Shinta et sa manière de beaucoup miser sur le savoir qu'il a accumulé. Enfin, les hanashi en eux-mêmes ne sont pas mis de côté, ne serait-ce qu'en voyant les auteurs aborder la possibilité de remettre au goût du jour des histoires désuètes voire quasiment oubliées, ou encore mettre en avant un type de hanasho spécifique: ceux ayant un thème animalier.
Résultat: une lecture toujours aussi sympathique. Yuki Suenaga et Takamasa Moue ne brusquent pas leur récit, prennent leur temps, et c'est tout à leur honneur puisque ça leur permet, une nouvelle fois, d'aborder pas mal de choses autour d'Akane, sans se limiter aux avancées de la jeune fille dans ses désirs et ses rêves d'apprentie rakugoka.