A fleur de peau Vol.5 : Critiques

« On dit que quand on fait des piercings en nombre impair, ça peut changer le destin, alors bon… »

Ce cinquième tome, totalement dans la continuité du précédent, nous montre encore une fois Natsume totalement perdue. Elle qui était épanouie, pleine d’envies, d’ambitions et surtout, de vie, n’est plus que l’ombre d’elle-même. Le monde autour d’elle s’écroule, ou plutôt, son monde. George Asakura montre au lecteur à quel point la célébrité, ce rêve de petite fille peut parfois se retourner contre soi. Sachant que l’héroïne n’est pas encore remise des évènements passés, et plus grave encore, que ses amis tendent à la mettre de côté, on aurait pu penser que la lecture de ce volume serait ennuyeuse, voire agaçante. Mais non. L’auteure fait ici un travail remarquable. Tout en mettant en avant le jeune mannequin déchu, elle s’attarde davantage sur le personnage de Kana, cette adolescente sans cesse complexée, qui essaie pourtant de voir plus loin que les moqueries des autres, en prenant soin d’elle. Une jeune fille raillée par ses camarades, qui attire la méprise des filles, les rires des garçons, ou pire encore, l’indifférence de certains, est un personnage vu et revu. Néanmoins, Georges Asakura réussit à donner de la consistance à Kana, à la faire vivre, et surtout, à la rendre crédible à nos yeux. Les mois passent, et la jeune fille se métamorphose. Elle qui aime les jolies choses, la mode, ne veut plus se retenir. Elle aussi a le droit de s’habiller à son goût, de se coiffer comme il lui plaît, de se maquiller. Kana se transforme, pour voler la vedette à Natsume. L’une éblouit son entourage, en rend certaines jalouse les unes, admiratives ; l’autre n’est plus qu’un fantôme, qui essaie malgré tout de surmonter les difficultés et de reprendre une vie normale. Ce changement de situation, tout à fait inattendu, change la donne. C’est ici une surprise, mais également un vrai challenge pour l’auteure, qui en prenant ce risque, peut réaliser un coup de génie, ou tout le contraire…
Les personnalités de Kana et de Natsume sont très différentes. L’espace de quelques pages, nous voilà avec deux héroïnes. Peut-être que ce duo ne se répètera pas dans les volumes suivants. Mais ici, la mangaka nous met face à deux jeunes filles, toujours aussi contradictoires malgré leur changement de situation, mais justement, qui peuvent désormais se comprendre. Les bonnes intentions, mais aussi la maladresse de Kana sont autant de choses touchantes qui nous font apprécier ce personnage. Malgré ses efforts envers son amie, elle n’est pas réellement remerciée, c’est même l’effet inverse qu’elle obtient. Kana tient en quelques sortes le rôle de l’amie toujours là pour les personnes qu’elle aime, qu’elle apprécie. Mais Natsume, bien qu’elle soit dotée de gentillesse, se montre méfiante. On ne connaît pas la raison de son comportement. Car l’une sacrifie son amour pour l’autre, qui finalement, le lui reproche, et ne la croit sur aucun point. Les filles sont bien compliquées ! Mais n’oublions pas que Natsume a vécu dans une grande ville, où elle a certainement rencontré des camarades de classe malicieuses.


Enfin, l’essentiel que l’on pourra retenir de notre lecture est sans aucun doute ce grand changement qui s’opère à la fois chez Natsume et Kana. Alors que Kana pourrait être une alliée pour son amie, cette dernière la considèrerait davantage comme sa rivale. Traverser des épreuves difficiles est pourtant une chose que Kana ne connaît que trop bien, et venir en aide à son amie est un souhait qu’elle ne peut réaliser. Les jeunes filles font route seules, au lieu de s’entraider afin d’être plus forte. Ce kami lumineux pour l’une, éteint pour l’autre, n’y est certainement pas pour rien…

lovehina