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Le test du jeu video:

Publié le Mercredi, 08 Juin 2011

Sorti en France en septembre 1998, le troisième épisode de Tekken est sans nul doute le plus apprécié de la saga et en tous les cas le plus vendu (près de 7 millions d'exemplaires à travers le monde). Les raisons de ce succès ? Là où Tekken 2 se contentait d'être une version améliorée et réussie du premier Tekken, Tekken 3 bouleverse les règles avec un ensemble de partis-pris qui ont su convaincre les derniers réticents, ainsi qu'un contenu d'une richesse étonnante pour un jeu de combat.

Le scénario en lui-même s'éloigne quelque peu des affaires de la famille Mishima, même si son dernier héritier, Jin, tient le beau rôle. Tekken 3 met en avant la résurrection d'une divinité mexicaine et met le personnage de Jin face à son destin. Deux décennies séparent les épisodes deux et trois, ce qui permet de mettre en avant bon nombre de nouveaux personnages, tandis que d'autres disparaissent, notamment Kazuya.

Le premier choix des développeurs de Namco a donc été d'effectuer un saut dans le temps, permettant l'émergence d'une nouvelle génération. 21 combattants sont disponibles, dont pas moins de 15 nouveaux. Certains reprennent la panoplie de coups de personnages disparus, non sans bénéficier d'une petite mise à jour, tandis que d'autres présentent un style de combat totalement novateur. Dressons un portrait de l'ensemble des nouveaux venus :

Jin Kazama : Né d'une relation entre Kazuya Mishima et Jun Kazama, il pratique un art martial mêlant celui de sa mère et le karaté traditionnel puissant de son père. Ayant hérité des gènes de Kazuya, Jin semble comme son père pouvoir se transformer en entité démoniaque.

Hwoarang : Coréen et disciple de Baek Doo-San, il est spécialiste de taekwondo et a pour rival Jin.

Eddy Gordo : Adepte de capoeira, Eddy recherche les assassins de son père, un puissant homme d'affaires brésilien.

Ling Xiaoyu : Ecolière désinvolte, elle maîtrise les arts chinois (Hikka Ken et Hakke Sho), ce qui la rend vive et technique.

Bryan Fury : Cyborg sadique, pratique le kick boxing.

Forest Law : Fils de Marshall Law, il a hérité des techniques de combat de son père, basé sur le style de Bruce Lee.

Julia Chang : Fille de Michelle Chang, elle est comme sa mère militante écologiste.

Mokujin : Pantin en bois doté d'une âme, il a pour particularité de copier de façon aléatoire les techniques des autres personnages. Mokujin ne possède donc pas ses propres techniques, et satisfait les hardcore gamers, appréciant de devoir reconnaître et maîtriser chaque style lors de chaque nouveau combat.

Gon : Gon est tiré du manga éponyme de Masashi Tanaka. Ce partenariat entre les équipes de Namco et le mangaka est une excellente idée, qui n'a toujours pas été réitérée (Gon reste inédit dans la saga). Le petit dinosaure orange se caractérise par une panoplie de coups à faible portée mais tout à fait originaux. Le fameux « pet vert » dégagé par le saurien est devenu mythique. Irrésistible, on peut affirmer que Gon a contribué en grande partie à la légende qui s'est tissée autour de cet épisode.

Docteur Bosconovitch : Créateur des premiers modèles de Jack, son style de combat demande des heures d'entraînement pour les plus téméraires. Passant son temps au sol, son style de combat est inspiré du Zui Quan, la technique du combattant ivre.

Ogre : Divinité mexicaine avide de pouvoir, il pratique le karaté. Son panel de coups rappelle celui de Baek Doo-San et Jun Kazama.

True Ogre : Evolution d'Ogre, il jouit de pouvoirs surnaturels (l'habituel laser, comme Devil dans les précédents épisodes) et d'ailes qui peuvent lui permettre de planer pendant un court instant.

Ces nouveaux personnages sont rejoints par le casting des « anciens », notamment Paul Phoenix, King, Nina et Anna Williams, Lei Wulong, Kuma, Yoshimitsu et Heihachi Mishima.

Tekken 3 s'inscrit finalement dans plusieurs courants à la fois : la disparition de personnages pourtant appréciés ayant leur style bien à eux (Lee Chaolan, Jun Kazama, Ganryu, Wang Jinrei), la disparition d'anciens mais le recyclage avec les plus jeunes (Forest Law, Julia Chang), des styles totalement nouveaux (Eddy évidemment, ainsi que Xiaoyu, Jin, Hwoarang) ou excentriques (Gon, Bosconovitch) et bon nombre d'améliorations pour les traditionnels : King pratique un vrai catch, de nouveaux coups ont été ajoutés aux autres. De plus, exit le superflu, avec des personnages qui se rapprochaient trop des autres (Armor King, Kunimitsu). Des personnages alternatifs sont parfois disponibles en choisissant le second costume d'un personnage : Panda (la gardienne de Xiaoyu) alter-ego de Kuma, et Tiger Jackson, adepte de disco pratiquant la capoeira.

Côté gameplay, outre les nouveaux styles de combat, on assiste à une évolution majeure. Les combats sont infiniment plus rapides et la rigidité qui ressortait des deux premiers Tekken est vraiment moins prononcée. Tout est plus vif, ce qui a des implications sur l'animation, forcément plus fluide. Il est aussi désormais possible de faire un pas sur le côté, en profondeur ou vers l'avant. Les sauts ont été revus, se cantonnant à une distance raisonnable, et les personnages se relèvent plus vite après une chute. Hormis les projections toujours présentes (activées en appuyant sur deux touches simultanément, toujours carré-croix ou rond-triangle dans la plupart des cas) et les combos interminables pour les plus entraînés, le système de combat est ainsi profondément modifié, acquérant un aspect stratégique (se déplacer sur le côté pour esquiver ou déclencher soi-même des coups originaux depuis des angles différents) et réaliste (les sauts). On remarque d'ailleurs que les développeurs ont donné une posture spécifique à chaque combattant, véritable empreinte de son style. Cela est particulièrement notable dans les cas de Yoshimitsu, Jin, Hwoarang, Eddy et Xiaoyu.

Tekken 3 propose de même une diversité très appréciable des modes de jeu, ce qui en fait l'un des jeux de combat les plus fournis de la génération Psone. S'ajoutent aux modes Arcade, Versus, Time Attack, Survival et Team Battle les tout nouveaux Tekken Force et Tekken Ball. Le Tekken Force fait office de beat'em all rudimentaire mais plutôt sympa. Il comprend quatre niveaux avec un nombre important de sbires à éliminer. La caméra statique et le manque de précision mènent toutefois à un aspect un peu arbitraire. Le Tekken Ball, déverrouillé après quelques succès en mode Arcade, place deux joueurs sur un terrain de beach-volley. Simpliste mais amusant, il s'agit de réduire à zéro la barre de vie de l'adversaire en lui propulsant le ballon chargé d'énergie ou à envoyer le joueur adverse derrière une ligne. Le mode Entraînement a été amélioré, offrant pas mal d'épreuves et options supplémentaires : entraînement contre l'ordinateur avec vie illimitée, entraînement assisté pour les combos longs et même la possibilité de fabriquer ses propres replays !
Enfin, un mode Theater fait son apparition, permettant de revoir à l'envie les cinématiques de synthèse du jeu ainsi que celles des deux épisodes précédents dès lors que la carte mémoire dispose d’une sauvegarde des épisodes précédents.

Graphismes : L'animation est beaucoup plus fluide, les personnages plus fins. Les décors sont toujours conçus en fausse 3D, avec des arrière-plans pré-calculés dénués de barrières. Le contraste entre le sol et le fond graphique est plutôt désagréable. Les décors souvent dépaysants des précédents volets sont remplacés par des décors urbanisés et sales même si les traditionnels temples et paysages plus originaux demeurent présents. Les cinématiques de fin en images de synthèse sont absolument superbes et, fait remarquable, restent toujours d'actualité aujourd'hui.

Durée de vie : Les nouveaux personnages proposent des styles de combat variés que l'on prend des heures à vraiment maîtriser. L'accessibilité de Tekken n'est plus sa marque absolue de fabrique, car la technicité est davantage mise en exergue. Les modes de jeu sont particulièrement nombreux, sachant que le Versus, le Team Battle et le Tekken Ball sont des options idéales pour des parties dantesques à plusieurs.

Bande-son : Oscillant entre l'électro et le rock pur, les musiques continuent d'être dynamiques et cohérentes avec la direction artistique. Les sons comportent toujours un aspect métallique ou pêchu volontairement exagéré. Les cinématiques ne comportent pas de voix, ce qui n'est pas plus mal.

Jouabilité : Le système de combat gagne en nervosité et en souplesse. La caméra est plus proche des combattants, pour plus d'intensité. On regrettera néanmoins le format 50 hertz, qui ternit l'ensemble (on ose d'ailleurs à peine imaginer le choc du changement si on avait bénéficié d'un format 60 hertz !). Les nouveaux styles de combat sont savoureux et l'enrichissement général de la palette de coups pour chaque combattant est un excellent point.

Scénario : Des personnages importants disparaissent pour laisser place à une nouvelle génération. Hormis pour certains personnages, on remarquera l'aspect moins second degré et caricatural du scénario.

Tekken 3 est incontestablement l'épisode du renouveau. Performance technique, nouveaux personnages charismatiques, gameplay revitalisé et contenu généreux ont permis au jeu de Namco de se hisser au panthéon des meilleurs jeux de combat. L'ambiance générale est beaucoup plus affirmée que pour ses aînés. Tekken 3 est le dernier gros choc ressenti dans le genre jusqu'à l'arrivée quelques années plus tard de Soul Calibur sur Dreamcast.
 
 
Test réalisé par Rogue Aerith.

Note de la rédaction
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