Nicky Larson et le Parfum de Cupidon - Actualité anime
Nicky Larson et le Parfum de Cupidon - Anime

Nicky Larson et le Parfum de Cupidon : Critiques

Critique de l'anime : Nicky Larson et le Parfum de Cupidon

Publiée le Vendredi, 15 Février 2019

Que l'on soit fan ou simple nostalgique d'une époque, City Hunter ou Nicky Larson (son titre français lors de sa diffusion en France dans le Club Dorothée, qui lui a offert son statut culte dans notre pays) sont des noms qui, près de 35 ans après la naissance du manga originel de Tsukasa Hojo, restent encore dans beaucoup de coeurs sans s'éteindre, et cela au Japon comme en France. En cette année 2019, l'actualité autour de la saga culte est d'ailleurs joliment chargée, entre l'annonce du nouveau film d'animation Shinjuku Private Eyes au Japon, la sortie aux éditions Ki-oon du manga City Hunter Rebirth, et enfin un projet qui a fait couler beaucoup d'encre depuis plusieurs mois, à savoir une adaptation en film live français par l'un des réalisateurs de comédie les plus populaires de ces dernières années.
  
  

Un manga de ce genre, adapté en film live dans notre pays ? Oui, c'est bien ce que propose Nicky Larson et le Parfum de Cupidon, et il s'agit d'une première, d'un projet assez étonnant, chose qu'il faut saluer. Pourtant, dès que Philippe Lacheau, réalisateur de Baby-sitting, Baby-sitting 2 et Alibi.com, a annoncé son projet, l'accueil a été très divisé, et le fut encore plus après les premières images et vidéos, alors qu'on devrait tout savoir qu'il est complètement stupide de juger tout un projet sans l'avoir vu, juste sur la base d'une bande-annonce. Le film est à présent dans nos salles de cinéma depuis le 6 février, l'avis définitif peut se faire, il semblerait que le film continuer de susciter des réactions très, très opposées (personnellement, je ne me suis pas "amusé" à aller lire toutes les réactions qu'il a pu y avoir... puisque en fait j'ai préféré ne rien lire ou entendre dessus depuis l'annonce du projet)... De notre côté, qu'en avons-nous pensé ?

Avant tout, il y a une chose que je dois préciser: de base, l'humour de Philippe Lacheau et de sa bande ne me parle quasiment pas. J'ai trouvé Baby-sitting tout au plus assez sympathique, Baby-sitting 2 très largement en-dessous, et je n'ai pas réussi à aller au bout d'Alibi.com. Mais ici, je vais tenter de mettre de côté une bonne partie de mon appréciation personnelle, tant l'humour est de toute façon la chose la plus subjective du monde, pour essayer d'apporter une chronique plus objective.
  
  

Il faut d'abord commencer par un petit mot sur l'histoire, qui est on ne peut plus simple. Garde du corps et détective de très haut niveau, Nicky Larson (incarné par Lacheau lui-même) est le genre d'homme à qui l'on fait appel en dernier recours, pour les missions désespérées que seul lui semble pouvoir accomplir... chose qu'il fera avec d'autant plus de plaisir si le mandataire est une jeune et jolie jeune femme, au grand dam de son acolyte Laura (Elodie Fontan), la petite soeur de son défunt collègue et ami Tony, à qui il a fait la promesse de protéger la jeune femme depuis qu'il a été froidement abattu par un chef de bande. Néanmoins, ce jour-là, Laura se fait un plaisir de lui mentir en lui disant qu'une ravissante cliente leur a confié une mission: en lieu et place de la fameuse beauté, Nicky tombe sur un certain Letellier (joué par Didier Bourdon), qui lui demande de protéger une dangereuse invention: le Parfum de Cupidon, une fragrance rendant irrésistible celui qui l'utilise, et qui pourrait donc devenir une terrible menace entre de mauvaises mains... Nicky et Laura acceptent donc la mission, d'autant plus que suite à une rixe et à un vol du parfum ils se retrouvent eux-même sous son emprise: tandis que Nicky ne peut s'empêcher de tomber amoureux de Letellier lui-même, Laura, de son côté, doit subir les avances d'un éboueur un peu (beaucoup) crétin qui passait par là par hasard et nommé Poncho (joué par Tarek Boudali)... Le temps leur est donc compté: s'il ne veulent pas que les effets soient définitifs, il leur faut retrouver au plus vite le parfum volé, et l'antidote par la même occasion !
  
  

Dans un premier temps, il faut reconnaître une chose au pitch de base: s'il est simpliste, il aurait très bien pu être dans le manga et le dessin animé, tant en substance il joue sur des éléments faisant tout le sel de City Hunter/Nicky Larson, avec son mélange d'humour grotesque et coquin, d'absurdité, d'action, mais aussi de sérieux. C'est tout à fait le genre d'histoire que Tsukasa Hojo aurait pu lui-même inventer pour l'un des scénarios de son manga, et à partir de là Philippe Lacheau va pouvoir dérouler sa recette.

Une recette qui, concrètement, montre vite une profonde volonté de bien faire, en ceci qu'en plus de vouloir respecter les différents aspects action/humour/sérieux de l'oeuvre dont il s'inspire, Lacheau livre un large flot de détails se voulant fidèles et allant même plus loin dans les références au fameux Club Dorothée et aux animes qui y passaient. En dehors de certains éléments cultes qui passeraient sûrement mal de nos jours et dans un film grand public, à commencer par le fameux mokkori (les érections de Nicky... pour lequel le réalisateur trouve quand même le moyen de faire un clin d'oeil via le nom d'un personnage au début du film), le film reprend nombre de choses plus ou moins importantes du manga et du dessin animé. Par exemple, on retrouve bien la Mini Austin de nos héros, l'équipe a déniché un immeuble ressemblant parfaitement à celui dans lequel Nicky et Laura habitent dans le manga et l'anime, l'indispensable maillet de cette dernière est là, tout comme le célèbre corbeau passant à l'arrière, on voit se glisser une réplique faisant référence au délirant "restaurant végétarien" de la vf du dessin animé, ou même, pour les plus connaisseurs, un bref caméo de Vincent Ropion, le comédien de doublage qui a prêté sa voix devenue culte à Nicky dans le dessin animé. De même, l'équipe a pu mettre la mains non seulement sur le générique français du dessin anime, mais également sur certaines musiques inoubliables qui peuvent venir titiller la fibre du nostalgique ou celle du fan pur et dur. A côté de çà, les amateurs pourront également s'amuser à dénicher diverses petites références à d'autres dessins animés et émissions du Club Dorothée comme Ranma 1/2, Jeanne et Serge, Dragon Ball, Salut les Musclés ... avec bien sûr, en cerise sur le gâteau, l'apparition de Dorothée elle-même, dont le regard reste lumineux tant d'années après. Il faut quand même être honnête: les différents clins d'oeil sont tantôt assez bien intégrés, tantôt jetés là sans la moindre finesse. mais ils sont nombreux, certains sont très évidents et d'autres sont mieux cachés, et il a alors facilement de quoi esquisser un sourire quand on en repère certains.
  
  

Au-delà de ça, Philippe Lacheau a également bien joué la carte de la fidélité pour les personnages d'origine, à commencer bien sûr par Nicky et Laura, dont les différents aspects de la personnalité et de la relation sont présents: l'incommensurable goût de Nicky pour les femmes (qui se retrouve mis à mal par le parfum et l'attirance pour Letellier que ça a provoqué en lui), ses nombreuses taquineries envers Laura (notamment au sujet de son look peu féminin), les piques de colère de cette dernière... Mais la relation des deux personnages principaux est surtout rendue aussi complexe que dans le manga ou l'anime de par la manière dont Nicky et Laura refusent de s'avouer leur amour, et dans l'affaire du meurtre de Tony qui est un vrai fil conducteur de l'oeuvre d'origine et qui est bien reprise ici, même si en un film d'1h30 c'est forcément rapide. Nicky et Laura ne rêvent tous les deux que d'une chose: retrouver un joueur le meurtrier du frère de la jeune femme. Et en attendant, Nicky tient constamment la promesse qu'il a faite au défunt juste avant qu'il meure: veiller sur Laura et ne pas la toucher. C'est bien pour ça que Nicky cache ses sentiments pur Laura derrière ses très nombreuses taquineries, et c'est un aspect que l'on finit bien par cerner dans le film, où notre héros sera prêt à tout pour continuer de protéger son acolyte. En dehors de ces deux-là, on retrouve avec plaisir le colossal Falcon/Mammouth, et pour le coup Kamel Guenfoud, l'acteur qui l'incarne, est probablement le comédien le plus proche physiquement de son personnage, il est bien trouvé. On peut aussi souligner la présence de la sublime policière Hélène (Saeko dans la vo), même si son rôle n'est pas forcément très en vue. Hélas, le bât blesse un peu plus concernant les principaux personnages inédits, joués par Julien Arruti et Tarek Boudali. Le premier a un rôle primordial et est amusant au départ, mais s'enfonce assez vite dans une caricature peu inspirée de son propre rôle. Quant au deuxième... il donne constamment l'impression d'un rôle bouche-trou, juste là pour que Philippe Lacheau puisse placer quelque part dans le film son comparse de toujours. Pancho a un rôle inutile (avec le recul, qu'il soit dans le film ou non, ça reviendrait au même pour l'histoire, alors qu'il est omniprésent), et sa crétinerie basique rend son rôle comique très vite répétitif et assez insipide. Pour dire les choses un peu plus directement: il fait un peu tâche par rapport au reste.
  
  

Restent alors les parties les plus délicates à aborder: l'humour, le jeu des acteurs, et la réalisation...
On en a déjà parlé un peu: côté humour, l'histoire est un parfait prétexte pour coller au caractère lubrique de Nicky, qui amène régulièrement un comique grivois assez bien équilibré... mais aussi, à de nombreuses autres reprises, des phases humoristiques plus lourdes, plus grossières, et ne touchant pas uniquement le héros. Le film tend par moment à en faire beaucoup trop au point d'en devenir un peu lourdingue et très beauf, et certaines scènes en particulier peuvent mettre mal à l'aise. Par exemple, qu'y a-t-il de drôle à exhiber la bite de Jarry ou les boobs refaits de Chantal Ladesou ? Là où le Nicky Larson d'origine reste gentiment grivois, le film ici présent tombe parfois dans ce genre d'excès qui n'ont plus rien de "larsonesque". En dehors de l'aspect grivois/coquin, on a souvent droit à du Lacheau pur jus, à même de plaire aux fans du réalisateur et de déplaire aux autres.
Quant aux acteurs... Signalons tout d'abord que le film joue beaucoup sur l'apparition de guests. Certaines sont excellentes, en tête bien sûr Dorothée et Vincent Ropion, d'autres ont également quelques chose d'assez lumineux comme Pamela Anderson qui offre efficacement la prestation qu'on lui demande... Et il y en a plusieurs autres, comme Jarry, Gérard Jugnot, Audrey Lamy, Chantal Ladesou... qui, selon les goûts, paraîtront plus ou moins sympathiques, même si l'on se demande vraiment ce que certains viennent faire là. Concernant les acteurs principaux, malgré les efforts de Philippe Lacheau pour prendre du muscle et coller au rôle, on ne va pas le cacher: ils sont tous un peu en roue libre, le plus crédible étant peut-être Mammouth vu qu'il est monolithique et toujours caché derrière ses lunettes noires. Certaines scènes montrent un jeu plutôt à la rue (en particulier chez Tarek Boudali qui surjoue vraiment la crétinerie), Didier Bourdon manque d'expressivité et d'engagement (comme toujours depuis au moins 15 ans, malheureusement)... Est-ce un gros problème ? Dans ce genre de comédie, pas forcément. Juste, ça rend certaines scènes moins impactantes ou plus lourdes. Mais dans les interactions entre les principaux personnages, on sent surtout que les acteurs se sont faits plaisir, ont aimé leur rôle, même s'ils ne le retranscrivent pas toujours de la meilleure des manières au spectateur.
Enfin, la réalisation alterne les hauts et les bas, surtout dans sa mise en scène de l'action. Il y a des passages qui partent sur d'excellentes idées et là aussi sur une envie de se faire plaisir et de faire plaisir, notamment la scène au pied de la grue en vue à la 1e personne, ou le combat quasi final mettant côté à côté Nicky et Laura avec de nombreux changements d'angles sur fond d'effets spéciaux et de ralentis. Néanmoins, ces différentes bonnes petites idées ne sont pas toujours exploitées à leur juste valeur. par exemple, la scène au pied de la grue devient vite un peu épileptique car un peu taillée à la truelle, et malgré ses petits effets sympas le combat de Nicky et Laura est la plupart du temps illisible dans les tirs.
  
  

Au final, que penser de ce Nicky Larson et le Parfum de Cupidon ? Hé bien, objectivement, au-delà de l'humour qui est surtout affaire de chacun, le long métrage comporte beaucoup de maladresses, mais il dégage également et surtout beaucoup de bonne volonté, un vrai désir de rendre honneur à l'oeuvre originale en essayant d'en respecter l'essence, ce qui se ressent entre autres via tous les petits détails et les nombreuses références, ou encore dans le désir de mettre en avant les grandes lignes de la relation entre Nicky et Laura. Il en résulte un film qu'il est possible d'adorer autant que de détester, mais auquel on ne peut assurément pas enlever sa sincérité. Après tout, Philippe Lacheau, né en 1980, est lui-même un enfant de la génération Club Dorothée, ce n'est pas la première fois qu'il fait des références à la culture pop nippone dans ses films (on peut évoquer la course-poursuite aux allures de Mario Kart dans Baby-sitting), et s'il avait voulu faire simplement une comédie "à la Lacheau" comme pour ses précédents films il ne serait certainement pas allé "déterrer" un manga vieux de 30 ans.
  
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

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