Moshidora - Actualité anime

Critique de l'anime : Moshidora

Publiée le Mercredi, 19 Août 2015

Le baseball, plus que méconnu en France avec environ 9 000 licenciés et une couverture médiatique quasi inexistante, est le sport professionnel favori des Japonais devant le football et le sumo. On retrouve donc de nombreux mangas qui traitent de ce sport national et les meilleurs ont bien entendu le droit à une adaptation en anime.


Ça vous va comme un gant

Ce qui est intéressant avec les animes de baseball, c’est qu’il y en a pour tous les goûts. Du shônen sportif classique bien sûr avec en porte-drapeau MAJOR. De la rivalité sur fond de romance avec Mitsuru Adachi, véritable maître du genre à qui l’on doit TOUCH (diffusé chez nous dans les années 90 sur La Cinq sous le nom de Théo ou la batte de la victoire) ou plus récemment Cross Game. De la comédie pour fujoshi dans Okiku Furikabutte. Et même du seinen à la Liar Game avec l’excellent ONE OUTS.

Beaucoup de ces œuvres traitent du baseball lycéen, celui-ci étant extrêmement populaire. Si bien que deux tournois nationaux sont organisés dans l’année : l’un au printemps et l’autre durant l’été. Tous les lycéens ont pour cible Koshien, le stade mythique de Nishinomiya (près de Kobe) dans lequel se tient les phases finales des championnats et qui ouvre les portes du monde du baseball professionnel.
C’est également le cas dans Moshidora, où l’on suit l’équipe de baseball du lycée Hodokubo de Tokyo sur la route vers Koshien.


Et si on lisait du Sun Tzu ?

À l’origine de Moshidora, on trouve un roman signé Natsumi Iwasaki. Sorti en décembre 2009 et vendu à 1,81 million d’exemplaires en une année, il se place en tête des ventes au Japon pour l’année 2010.

Le titre complet - Moshi Koko Yakyu no Joshi Manager ga Drucker no "Management" o Yondara qui pourrait se traduire par "Que se passerait-il si la manager d’une équipe de baseball lycéen lisait “Management” de Drucker ?" - permet de comprendre l’idée de départ de cette histoire.

Peter Ferdinand Drucker était un théoricien américain du management et c’est à lui que l’on doit beaucoup des concepts aujourd’hui appliqués en entreprise. Il a notamment initié, dans les années 50, la vision d’une entreprise en tant que communauté humaine, ce qui lui a valu un énorme respect de la part des Japonais.

Le récit d’Iwasaki  nous conte la vie de Minami Kawashima alors qu’elle remplace son amie Yuki Miyata en tant que manager de l’équipe de baseball de son lycée. Afin de se montrer à la hauteur, celle-ci se rend à la librairie pour acheter un ouvrage de référence. Elle repart accidentellement avec Management: Tasks, Responsibilities, Practices par Peter F. Drucker. Minami tente alors d’appliquer les préceptes de l’œuvre de Drucker au management du club de baseball.
Marketing, consumérisme, innovation, direction ou optimisation, les principes du génie du management semblent résoudre les problèmes de l’équipe… Mais cela sera-t-il suffisant pour aller jusqu’au Koshien ?


Le management, par Akimoto

Un tel best-seller ne pouvant pas être ignoré par le cinéma, plus de 30 sociétés ont enchéri sur les droits d’adaptation du roman d’Iwasaki. Le long-métrage est sorti dans les salles japonaises le 4 juin dernier et s’est classé quatrième au box-office pour sa première semaine de projection.
Il est intéressant de noter qu’Iwasaki, qui a été producteur des AKB48 et a travaillé en tant qu’assistant de leur créateur Yasushi Akimoto, avait créé le personnage de Minami Kawashima en prenant pour modèle la jeune chanteuse Minami Minegishi qui fait partie des AKB48 depuis leur création en 2005. Mais les lois du show business font que c’est finalement Atsuko Maeda, numéro un des AKB48 en 2009 et 2011, qui aura le premier rôle du film. Minegishi jouant finalement la timide Ayano Hojo, manager de l’équipe s’occupant de tenir les statistiques.


Adaptation amortie

Fait plutôt rare pour une série anime, les dix épisodes la composant furent diffusés pendant deux semaines consécutives sur la chaîne NHK. Initialement prévus dès le 14 mars ceux-ci furent décalés au 25 avril sans répercussion visible sur la série.

Bien que Production I.G soit à la réalisation, on est bien loin de la qualité d’un Eden of the East ou de Kimi ni Todoke. Le character design reste relativement quelconque et on a parfois l’impression que l’animation manque de dynamisme. Ajoutez à cela des décors peu travaillés, voire inexistants, et vous comprendrez que Moshidora n’est pas vraiment fait pour les fans d’animation.

À qui s’adresse alors cette production ? Le sujet du management ciblerait peut-être alors les jeunes salarymen fans de baseball ? Possible lorsque l’on sait que le créneau de diffusion (22h55-23h20) est le même que l’émission humoristique Salaryman NEO ou les documentaires économiques de la chaîne.


Eh ? Oh, hai !

Il est difficile en dix épisodes de découvrir en profondeur tous les joueurs de l’équipe et le fait de ne voir ceux-ci que lors des entraînements et des matchs (à quelques exceptions près) renforce cette sensation de distance vis-à-vis des personnages. On a donc du mal à s’attacher aux protagonistes, tout du moins pendant les huit premiers épisodes (sur dix en tout, oui).

Mention spéciale néanmoins pour les épisodes de fin qui sont probablement la plus grande réussite de la série et récompenseront les courageux l’ayant suivie jusqu’à ce point.

Moshidora ravira les inconditionnels en cette disette d’animation "baseballistique", mais pour ceux qui voudraient débuter nous vous conseillons plutôt l’une des œuvres dont nous parlions en introduction… Sauf si le management vous intéresse particulièrement, mais dans ce cas préférez peut-être l’adaptation ciné.



Par Yj