Sing Yesterday For me Vol.1 - Actualité manga

Sing Yesterday For me Vol.1 : Critiques

Yesterday wo Utatte

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 22 Janvier 2016

Kei Toume est une mangaka à la fois connue et inconnue du grand public. C’est une auteure aux œuvres étranges et intimistes, dont les qualités sont certaines. Des qualités connues par une certaine caste de collectionneurs de mangas. Pour le reste, c’est une auteure boudée au succès pauvre. Il est vrai qu’il se dégage une atmosphère et un dessin uniques et spéciaux de ses titres, ce qui ne les rend pas facilement accessibles. Sing ‘Yesterday’ for me en fait clairement partie.

Uozumi vient de terminer ses études universitaires. Six mois après, il se retrouve à travailler dans une petite supérette. Peu motivé à avoir une vie sociale active, le jeune homme continue de manière pépère son quotidien quelque peu morne et ennuyeux. Enfin ça, c’était avant de rencontrer une étrange jeune fille affublée d’un corbeau sur son épaule. Et comme si la vie ne pouvait pas se montrer encore plus ironique que d’ordinaire, la fille dont est amoureux Uozumi durant ses années d’université refait son apparition.

« Qu’est-ce l’amour ? »

Il est toujours dépaysant de commencer une série de Kei Toume. On est directement plongé dans un récit à l’univers réaliste et nostalgique et, en même temps, on a du mal à savoir où l’intrigue nous mènera. On se borne à suivre le quotidien de protagonistes dont on a encore tout à apprendre. Et c’est justement au fur et à mesure de la longue introduction que l’on sera amené à en savoir davantage sur les personnages. Ceux-ci montrent d’emblée leurs sentiments et ce qu’ils désirent abstraitement. Néanmoins, c’est cette multiplicité de désirs et de sentiments qui est souvent difficilement conciliable. Uozumi aime Shinako, mais il se rend bien compte que la jeune femme semble inaccessible et n’est pas prête à s’engager dans une relation. Haru, la fille au corbeau, aime notre héros, mais celui-ci en aime une autre. Tout du long, chacun des personnages sait que leur situation est peine perdue, mais il persiste dans cette voie-là. Il se résigne et, à la fois, il n’y arrive pas. Que reste-t-il ? La stagnation et une attente aussi désespérée qu’espérée.

Pour une raison obscure, Sing Yesterday for me dégage une nostalgie légère, mais profonde. On ne sait pas comment Kei Toume s’y prend, mais l’ambiance est là. Pourtant, on ne peut pas dire qu’il se passe grand-chose. On se borne ici à suivre les agissements de l’un et de l’autre dans leur quotidien, que ce soit dans leurs obsessions ou dans leurs futiles discussions. Et bien, c’est justement dans ces futilités que les protagonistes et l’œuvre trouvent ici tout leur sens et leur intérêt. Après tout, c’est ça la vie. Elle est faite d’inerties multiples et d’actions limitées. Ces deux éléments font avancer à leur manière la destinée de chacune des personnes de la société dont l’évolution peut être soit lente, soit rapide selon les circonstances.
Chacun des personnages se pose des questions quant au sens de leur vie active et de leur moi intérieur. Il est évident que la série ne sera pas au goût de tout le monde. Il est néanmoins difficile de ne pas y rester insensible. Que ce soit l’ambiance qui s’en dégage, la profondeur et le réalisme des personnages et la pertinence des thématiques abordées, Sing Yesterday for me prouve ses qualités intrinsèques et uniques. On ne sait pas encore où l’œuvre va nous mener, mais il est sûr que l’on est curieux de savoir ce qu’il va advenir des personnes jonchant l’univers du titre.

Pour ce qui est du dessin, on reconnaîtra de suite la patte de Kei Toume. Un dessin simple et sobre au crayonné brouillon, mais fin et efficace. Il est clair que le dessin de l’auteure n’est pas ce qui attire le plus l’œil. Toutefois, son trait s’incorpore très bien à l’ambiance et à la mélancolie qui se dégagent de la série.

Concernant l’édition, Delcourt nous propose une traduction complète et sérieuse et un papier ni trop dur, ni trop souple. Un papier qui semble bien vieillir avec le temps.

A la fois il ne se passe rien et, à la fois, il se passe énormément de choses. Il se dégage une telle authenticité de la fille au corbeau, du jeune héros blasé par la vie active et de la jeune femme au sourire présent, mais au cœur absent que le lecteur s’y attache. S’y ajoute à cela une nostalgie qui plonge le lecteur au cœur même de la trame. On est dès lors des plus curieux de découvrir la suite.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
titali
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs