Rudolf Turkey Vol.1 - Actualité manga

Rudolf Turkey Vol.1 : Critiques

Rudolph Turkey

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 17 Octobre 2014

Après Sakamoto, un autre bonhomme d'envergure débarque aux éditions Komikku. Son nom : Rudolf Turkey. Sa profession : adjoint du maire à Gond Land, sorte de Las Vegas dans l'Amérique des années 1950. Ses spécificités : multiples !


Il est riche, très riche, au point de contrôler une bonne partie de la ville. Et le pouvoir, il adore ça, tout comme l'argent et les jolies femmes bien développées ! Mais c'est aussi un homme particulièrement arrogant, qui fait peu de cas des choses qui ne le concernent pas, mais que rien n'arrête quand on lui met des bâtons dans les roues. Un cabaret risque de se faire racheter par des mafieux ? Il le rachète lui-même et le bousille sans demander l'avis des anciens propriétaires. La banque de sa famille menace d'être braquée ? C'est l'occasion pour lui de s'illustrer et d'enjoliver son bien sur le dos des employés auxquels il en fait baver. La loi dans la ville, c'est lui, ou presque. Si bien qu'il s'attire forcément nombre d'ennemis qui le détestent et veulent sa perte...


Dans un premier tome composé principalement d'histoires assez indépendantes, la mangaka Hiroko Nagakura impose un univers immersif et séduisant, en premier lieu porté par le héros éponyme de la série, le genre de bonhomme ambitieux et prétentieux que rien ne semble pouvoir arrêter. Tantôt irritant dans son arrogance à toute épreuve, tantôt amusant dans cette façon de prendre tout le monde de haut, de contrarier les autres ou de s'agacer très vite, tantôt étonnamment classe et impressionnant dès qu'il devient plus sérieux et déterminé, Rudolf ne laisse clairement pas indifférent et fait partie de ces "stars" qui marquent les esprits (que ce soit en bien ou en mal). Mais il ne serait pas si "invincible" sans les deux "scribouillards" qui le servent, la petite secrétaire Momoko qui, sous ses airs frêles et sérieux, se transforme en furie quand son maître est en danger ou qu'on la traite comme une gamine, et Aigue-Marine, jeune homme aussi redoutable quand son patron est menacé que peu perspicace ou gaga devant des enfants.


Non, rien ne semble pouvoir arrêter le sieur Turkey... hormis une femme, la sublime Mlle Cornu, qui repousse constamment ses avances. Plantureuse, charmante, mais aussi un peu manipulatrice, la belle est bien la seule qui a sans problème le dessus sur l'adjoint du maire !


C'est en compagnie de cette petite palette de personnages que l'on suit des premières aventures assez classiques, voire basiques, mais bien menées, car le rythme est là et que l'humour et l'action s'y mêlent très bien, pour un résultat immersif et facilement prenant.


Une immersion facilitée par un univers encore assez sommaire, mais bien mis en place. Sorte de Las Vegas fictif, Gond Land dévoile peu à peu ses cabarets, ses jolies danseuses, bunnys ou serveuses, ses cérémonies luxueuses, ses banques chics, ses rues enluminées par les panneaux et les néons flashy, mais aussi certaines de ses facettes négatives cachées derrière les apparences (la mafia, la pauvreté des travailleurs noirs...). Ce petit monde reste pour l'instant dépeint sommairement, mais il y a un univers qui ne demande qu'à se développer. Dans tous les cas, celui-ci s'avère séduisant, car porté par des dessins qui s'appliquent à retranscrire des bâtiments et dont l'aspect luxueux ou grandiloquent confine souvent au kitsch. Sans oublier, bien sûr, les quelques petits éléments culturels de l'Amérique des 50s ("Don't be cruel" d'Elvis, etc...).


C'est néanmoins le ton adopté par Hiroko Nagakura qui s'impose le mieux. En s'appuyant sur sa narration claire et sans chichis et sur son trait assez épais et expressif, l'auteure joue clairement la carte du récit décomplexé et pas très sérieux, qui n'a d'autre but que de divertir sans prise de tête, un peu à la manière du regretté Hitman - Part Time Killer avec ces jolies filles et ces bastons surréalistes (Momoko et Aigue-Marine qui font voler les ennemis en un seul coup de poing, la course-poursuite en voiture et hélico too much comme il faut...), et à la façon de Hellsing ou de Drifters avec ce héros souvent à la limite du je-m'en-foutisme vis-à-vis des autres. D'ailleurs, certaines planches, dans les contours épais et dans les courbes et faciès des personnages, rappellent beaucoup le coup de crayon de Kôta Hirano.


Récit sans prise de tête, personnages plutôt truculents, action débridée, visuels réussis, humour efficace, univers assez prometteur : Rudolf Turkey a tout de la lecture fun et décomplexée qui commençait à manquer dans le paysage manga en France. Un bon moment de lecture, qui n'a sans doute pas encore révélé tout son potentiel (en tout cas on l'espère, car ça reste quand même un peu trop basique), mais qui se révèle déjà très divertissante.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs