Journal des chats de Junji Ito (le) - Actualité manga

Journal des chats de Junji Ito (le) : Critiques

Junji Ito no Neko Nikki - Yon & Mu

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 02 Novembre 2015

Vous souvenez-vous de The Cat, le film d'horreur sud-coréen sorti en 2011. Non ? C'est assez normal, on était proche du nanar. Pourtant, la demande des spectateurs en matière de film d'épouvante mettant en scène des félins maléfiques n'a jamais faibli, sans qu'aucune œuvre ne vienne assouvir les désirs.
Le maître du manga d'horreur japonais, Junji Ito, avec son Journal des chats n'ira pas dans ce sens non plus : il s'agit bien de son premier récit délirant, et non d'un manga d'horreur faisant intervenir des chats. Le changement de registre lui réussit-il ?

Le Journal des chats de Junji Ito est avant tout un récit autobiographique. Contraint par sa femme d'accueillir deux chats quasiment en même temps, Junji Ito raconte avec un humour volontairement exagéré l'adaptation des deux zozos au nouvel habitat, mais aussi et surtout sa propre adaptation face à ces deux êtres dont il ne connaît rien, n'ayant jamais eu de chats dans sa jeunesse. Ainsi, ce ne sont pas les facéties des chats qui provoquent le rire ici, comme dans un volume de Chi – Une vie de chat par exemple, mais bien le comportement de l'auteur lui-même ! Le lecteur ne peut que sourire face à un Junji Ito forcé de transformer sa maison fraîchement acquise en bunker, tentant d'amadouer, de comprendre et finalement d'aimer les deux boules de poils. Mais la limite de ce one-shot réside certainement là : si vous n'aimez pas les chats, ou si vous n'êtes pas fans de Junji Ito, ce manga ne présentera pas vraiment d'intérêt. Sans posséder ou avoir possédé un chat, ou sans connaître les autres mangas de l'auteur, il sera difficile d'apprécier les situations présentées : les jeux, les hallucinations du mangaka par manque de sommeil, les petits malheurs ou bonheurs, le fait que l'on veuille toujours bien faire (et pour certains se plier en quatre) pour satisfaire ses majestés aux qui brillent dans le noir. Seuls les amateurs souriront donc face aux références déjà vécues au plan personnel...sans qu'il y ait non plus de gros éclats de rire. L'humour développé ici est donc percutant, mais conditionné et relativement sage.

Le Journal des chats de Junji Ito n'est cependant pas un manga de chat comme les autres. Comme écrit précédemment, l'humour est volontairement exagéré : cela se ressent pleinement sur le plan graphique. Junji Ito ne se sépare jamais, hormis sur quelques cases, de son style horrifique, avec des personnages, animaux comme humains (son alter ego en premier lieu) ressemblant à des ogres. Mention spéciale à sa femme, qui a l'air le plus souvent d'un titan issu du manga dont je ne vous ferai pas l'affront de citer le nom. Avec ce récit humoristique, Junji Ito se donne l'occasion de montrer toute sa palette d'expressions faciales, que l'on savait déjà particulièrement riche.

L'édition de Tonkam est d'excellente facture. La couverture rigide cartonnée propose plusieurs effets en relief vraiment agréables à l'oeil, les coins sont solides et permettront d'éviter d'abîmer la tranche, le papier est de qualité. Des photos des deux minets sont reproduites à l'intérieur du livre, ce qui permet de comparer la réalité au délire de l'auteur... On se rend compte que si Mû n'a rien d'extraordinaire, Yon a effectivement un drôle d'air ! On retrouve également quelques questions-réponses de l'auteur entre les chapitres.
La réussite aurait pu être totale si le prix avait été un peu moins élevé dans la mesure où, comme dit précédemment, l'oeuvre reste très courte. On a en tous cas bien l'impression de s'offrir un bel objet... mais attention toutefois, car il semblerait que certains tirages souffrent d'un défaut de colorisation sur les reliefs de la couverture.

Le Journal des chats de Junji Ito n'est certainement pas le manga le plus drôle qu'on lira cette année, mais demeure indispensable pour tous les adorateurs de matous ou de l'auteur, qui apprécieront cette œuvre à part. Junji Ito remplit incontestablement un pari : faire un manga de chats dans un registre qu'il n'avait exploré que lors de son enfance, tout en conservant beaucoup d'éléments de son style traditionnel. Le décalage entre un dessin flippant la plupart du temps et des situations chaleureuses vaut le détour.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
RogueAerith
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs