Hibi Chouchou - Edelweiss & Papillons Vol.1 - Actualité manga
Hibi Chouchou - Edelweiss & Papillons Vol.1 - Manga

Hibi Chouchou - Edelweiss & Papillons Vol.1 : Critiques

Hibi Chôchô

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 01 Août 2017

La beauté aussi peut créer bien des problèmes... et Suiren Shibazeki, nouvellement lycéenne, en est un excellent exemple. Depuis toute petite, la jeune fille possède une beauté incomparable : des traits fins, de longs cils, de beaux et grand yeux, une silhouette gracieuse... si bien que tout le monde, depuis son enfance, s'émerveille rien qu'en la voyant. Et c'est exactement la même chose qui se produit dès son premier jour au lycée, où tous les garçons se retournent sur son passage pour l'admirer et commentent sa beauté.
Mais pour la principale concernée, cette beauté est un handicap plus qu'autre chose et a profondément conditionnée son caractère. En primaire, les garçons ne cessaient de l'embêter parce qu'ils ne savaient pas lui avouer leur amour, si bien qu'elle s'est repliée et n'a jamais parlé à quelqu'un du sexe opposé depuis. En choisissant un collège pour filles, elle pensait pouvoir éviter les garçons, mais dans un contexte exclusivement féminin, les filles qui l'entouraient n'ont guère été beaucoup mieux que les garçons. Si bien qu'elle a grandi en se repliant dans son mutisme : une beauté constamment silencieuse, qui ne parle pas et qui cache ses émotions derrière un visage toujours de marbre, voila l'image qu'elle renvoie. La plus belle des fleurs semble être aussi la plus inaccessible aux yeux de tous les garçons qui l'admirent, si bien qu'on la surnomme vite l'edelweiss du lycée. Heureusement, malgré son mutisme quasi permanent, Suiren peut toujours compter sur Aya Shimizu, sa meilleure amie qui l'a toujours considérée normalement, et à ce duo vient bientôt se greffer la pétillante Yuki.
Quand on préfère rester silencieuse et que l'on évite les autres, changer semble difficile... et pourtant, quelque chose pourrait bien se transformer chez la jeune fille quand, au beau milieu de tous ces lycéens qui l'admirent de loin au point de la mettre mal à l'aise, elle distingue une silhouette masculine qui ne réagit pas comme les autre, qui reste stoïque et qui la regarde à peine. Il s'appelle Kawasumi. Au fil de ses premiers brefs contacts avec lui, Suiren découvrira un adolescent droit, douée en sport et qui lui semble bien différent des autres, au point qu'elle pourrait bien, sans même s'en rendre compte, commencer à ressentir des choses pour lui... Mais si Kawasumi est si indifférent envers les filles, c'est parce que lui-même ne sait absolument pas comment leur parler et que ça ne l'intéresse pas, au point qu'il refusera sans tact les avances de la belle Koharu.

Publiée à partir de 2012 chez Shûeisha dans le célèbre magazine Margaret, Hibi Chouchou est la première série longue de suu Morishita, une mangaka qui a débuté en 2010. Avant de devenir une série, l'oeuvre a connu en 2011 un one-shot qui peut être considéré comme un chapitre pilote.

D'emblée, dans la masse de shôjo romantiques lycéens, la série a de quoi sortir un peu du lot en offrant une héroïne possédant une beauté sans égal mais qui ne lui offre aucun bonheur. Ce n'est pas forcément nouveau, mais suu Morishita aborde intelligemment les choses pour bien nous faire cerner le ressenti qu'a Suiren depuis toujours, elle qui attire constamment les regards sur elle alors qu'elle ne fait rien pour ça, et qui l'a toujours mal vécu au point de préférer éviter au maximum les contacts. Dès lors, on comprend facilement la manière dont elle peut considérer Kawasumi, premier garçon qui ne la regarde pas, et dont elle peut observer les qualités quand, en plus de ne pas la juger sur son physique, il lui vient en aide stoïquement alors qu'un lycéen l'embête. C'est le premier pas éveillant, pour la première fois depuis des années, la curiosité de Suiren. Une curiosité prenant petit à petit des allures sentimentales.
Hibi Chouchou se présente pour l'instant comme les prémisses d'un amour entre deux adolescents aussi maladroits l'un que l'autre pour parler avec les autres. Dès lors, au-delà des dialogues en eux-mêmes, c'est surtout le style de la mangaka qui sert à faire passer les évolutions presque imperceptibles. Les moments d'introspection sur les héros sont plutôt rares, et quand on suit leurs pensées cela reste plutôt bref, juste ce qu'il faut pour nous faire comprendre les choses. Ainsi, on ressent bien tout le malaise de la silencieuse Suiren dans son contact avec les autres, sans qu'il soit nécessaire de trop en faire, et tout en la laissant garder aussi certaines allures de beauté silencieuse auprès des lecteurs. C'est surtout en l'observant minutieusement que l'on comprend ce qu'elle peut ressentir derrière son visage de marbre : un bref sourire qui laisse deviner que Kawasumi l'apaise dans ce quotidien où on la regarde sans cesse, un regard un peu fuyant et légèrement troublé quand Aya lui dit qu'elle est en train de tomber amoureuse, les quelques scènes où elle vient tenir le bras de Kawasumi ou de Koharu sans rien dire... Ou de l'importance d'observer les gens pour mieux les comprendre. Concernant Kawasumi, pour mieux le cerner, il faut plutôt faire attention à son regard fuyant et qui ne s'émeut jamais face aux filles, ou à sa façon de parler dans les rares cas où il se confronte à elles : la manière brusque dont il remballe la tenace Koharu, ou la manière dont il vouvoie Suiren et l'appelle "Mlle Shibazeki". Sur ce dernier point, on peut en profiter pour signaler la bonne traduction d'Akiko Indei et de Pierre Fernande, qui se sont appliqués pour faire ressortir ce caractère du jeune garçon.

Dans tout ça, suu Morishita parvient à rendre ses deux personnages principaux facilement attachants, tant on se plaît vite à les observer avec un certaine bienveillance mêlée d'une pointe d'amusement. Il faut dire que pour ça, la mangaka dévoile encore d'autres qualités, à commencer par son trait fin et doux qui colle bien à l'ambiance voulue, et par des personnages secondaires qui apportent beaucoup de saveur. Au x côtés de Kawasumi, son meilleur ami Ryosuke dénote efficacement, car tout en faisant partie des admirateurs de Suiren qui observent sa beauté comme une fleur inaccessible, il reste un garçon très énergique et franc dont certaines réactions apportent pas mal d'humour. Aya et Yuri tiennent un petit peu le même rôle auprès de Suiren : la première extériorise pas mal et a son caractère, tandis que la deuxième fait figure de jeune fille gaie, mais toutes deux ont pour ponit commun de savoir bien cerner ce qui peut se cacher sous le visage de marbre de Suiren, au point de comprendre avant notre héroïne qu'elle est en train de tomber amoureuse, petit à petit... Enfin, Koharu régale elle aussi, dans son rôle de "rivale" tenace tantôt un peu peste tantôt assez amusante, et son comportement beaucoup moins passif que celui de Suiren pourrait peut-être pousser notre héroïne à changer.
Le lecteur a lui aussi le loisir d'observer petit à petit l'évolution sentimentale qui se dessine chez Suiren, dont le masque se fissure parfois par petites touches. Et à ce titre, suu Morishita fait parfois des merveilles de mise en scène, notamment quand elle joue sur les regards. A l'image de certaines scènes où, dans la foule de garçons tous tournés vers elle ou sur la plage, Suiren tente de trouver le regard fuyant du seul garçon dont elle aimerait capter le regard et voir de face.

Finalement, le principal défaut de ce premier tome est à chercher du côté de l'édition : malgré le soin apporté à la traduction et au lettrage, on a droit à un papier trop rêche, pas souple, un peu transparent et désagréable à prendre en main, et à une impression très médiocre, l'encre bavant au point de rester sur les doigts et, pire, de parfois s'incruster sur la page d'en face... Mais malgré tout, Hibi Chouchou s'offre une très belle introduction.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs