Happy Clover Vol.1 : Critiques

Dans la forêt du Croissant de lune, les animaux vivent en harmonie. Il y a l'héroïne de cette histoire, Clover, une jeune lapine débrouillarde, entourée de ses parents aimants, et accompagnée de ses amis lagomorphes, le studieux Scoot et le turbulent Gabi. Mais aussi l'écureuil volant Mermoz qui veille paisiblement sur elle et lui vient souvent en aide, les 6 petits frères de Gabi, le vieux professeur Houhou, hibou intransigeant et aux habitudes un peu vieillottes, Buster le lapin aventurier, parcourant le monde et venant poser de temps en temps ses bagages dans la forêt pour raconter ses histoires, ou encore le renard Curry et l'écureuil Noisette qui mentent toujours et adorent jouer de mauvais tours... Bref, pas le temps de s'ennuyer dans ce quotidien animé !
Mais un beau jour d'été, une nouvelle venue fait son apparition à l'école des animaux. Elle s'appelle Mellow, adorable petite lapine aux oreilles tombantes, et va vite apprendre à surmonter sa timidité aux côtés de ses nouveaux amis qui l'accueillent à bras ouvert ! Il s'agit du point de départ des petites aventures d'animaux hauts en couleur.

Après l'excellent MIAOU!, le nouveau manga animalier des éditions nobi nobi! nous vient d'une auteure dont la réputation n'est plus à faire : Sayuri Tatsuyama est une habituée des oeuvres animalières "kawaï" puisqu'elle a notamment été très remarquée pour son travail sur la licence Jewelpet, et qu'on lui doit également, dans un registre un peu plus dramatique, le manga Le Paradis des Chiens. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle met toute son expérience à profit dans ce récit qui aura vite fait de conquérir les jeunes (et moins jeunes) lecteurs avides d'aventures positives et de mignonneries !

Sitôt la petite Mellow arrivée, Tatsuyama nous plonge très vite dans un petit monde dominé par une nature regorgeant de recoins à farfouiller, comme les maisons de nos héros, la boîte à bijoux, puis en périphérie du village l'accidentée et dangereuse vallée de la scie ou le lac avec ses légendes, ou encore plus loin, au-delà de la forêt, la prairie et la ferme où vivent les dangereux humains... L'univers apparaît très vite familier aux côtés de ces héros animaliers, et son exploration permet nombre de petites péripéties et aventures mouvementées qui, au gré des saisons (3/4 d'une année passent déjà ici), vont de simples amusements dans le voisinage à des jeux de luge en montagne l'hiver, en passant par des cueillettes de baies et de champignons, les passages de Buster, ou la menace planant sur Clover à la ferme.

Et tout cela, facilement, permet de mettre en place une palette de personnages variée et très vivante, que l'on apprécie de voir évoluer et interagir. Nos jeunes héros vont à l'école, y apprennent des choses et y passent des contrôles avec plus ou moins de réussite, s'amusent comme des enfants de leur âge et non sans commettre parfois des bêtises comme aller faire de la luge ou se rendre jusqu'à la ferme humaine... Et le tout peut compter sur des personnages bien campés, où l'on retrouve des stéréotypes à même de dynamiser les choses. Happy est ainsi une lapine débrouillarde, aventureuse, un peu caractérielle et très spontanée, tandis que Mellow est son contraire, timide, douce, mignonne et très inquiète envers les autres, de façon parfois presque candide. Scoot joue les intellos de service, tandis que Gabi est plutôt le cancre. A eux s'ajoutent Curry et Noisette dans le rôle de ceux qui jouent les mauvais tours, les petits frères sextuplés de Gabi sur qui il faut veiller et qui ne sont pas les derniers pour commettre des bêtises, Buster l'aventurier qui ne laisse pas Clover insensible... sans oublier le génial Mermoz, écureuil volant bienveillant, que rien (ou presque) ne semble surprendre, à tel point qu'il paraît parfois à l'ouest.

Une jolie qualité de la mangaka est de ne pas figer ses personnages : au gré de leurs aventures ensemble et de leurs interactions, on les voit évoluer petit à petit. Ainsi, malgré leurs différences finalement complémentaires, Clover et Mellow deviennent les meilleures amies du monde. Les turbulents sextuplés montreront que même s'ils adorent faire tourner Clover en bourrique ils peuvent être généreux, on voit arriver d'adorables sentiments chez Scoot, Clover pourra même constater que malgré les rumeurs sur le danger qu'ils représentent, tous les humains ne sont pas forcément méchants... On a un petit monde qui change et bouge réellement.

Vous l'aurez déjà compris, Sayuri Tatsuyama joue ici la carte de l'humanisation des personnages, puisque les animaux qu'elle met en scène ont des comportements et habitudes dans le fond assez humains. Cette humanisation trouve également un joli équilibre dans les dessins, avec des animaux très expressifs, capables de rire, de s'inquiéter, d'avoir peur, d'avoir les larmes aux yeux... mais c'est l'aspect mignon qui ressort le plus ! Difficile, en effet, de ne pas craquer pour les physiques adorables de Clover avec son trèfle sur la tête et son pelage en forme de coeur, de Mellow avec ses longues oreilles retombantes et toutes douces, pour les grands yeux et les joues rondes et rosies de ces lapins...

"Kawaï" comme du Jewelpet, adorable, vivant et positif comme du Hamtaro, Happy Clover est une lecture mignonne, chaleureuse, champêtre et haute en couleur qui met de bonne humeur. Une jolie petite réussite sur ce premier volume, apte à conquérir jeunes et moins jeune grâce à ses attachants personnages !

Pour cette série, nobi nobi! a pris le parti d'offrir une édition au format un peu plus petit que pour ses précédents mangas, et a opté pour l'absence de jaquette et la présence de rabats. Le résultat, doté d'un papier souple et de qualité très correcte, est facile à prendre en main. Mention spéciale à la traduction très vivante de Sébastien Ludmann qui sert parfaitement le récit, et au logo-titre concocté par l'éditeur, qui reprend joliment l'aspect coloré de la série, son cadre naturel et le symbole positif du trèfle à 4 feuilles.