Ange de l'ombre (l') Vol.1 - Actualité manga
Ange de l'ombre (l') Vol.1 - Manga

Ange de l'ombre (l') Vol.1 : Critiques

Ayakashi no Hana

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 28 Avril 2017

Les éditions Komikku restent fidèles à Yûsuke Ochiai, l'un de leurs auteurs fétiches puisque c'est avec lui qu'elles se sont lancées dans l'édition en 2012. Après L'île Infernale en 2012-2013, puis Moon Shadow et Anguilles démoniaques en 2016, on retrouve le mangaka avec L'Ange de l'ombre. De son nom original Ayakashi no Hana, la série a été publiée en 2015-2016 chez l'éditeur Shonen Gahosha dans le magazine Young King, et est bouclée en deux épais volumes.

En adaptant ici un roman de type thriller de Tetsuya Honda, Ochiai reste plutôt dans la lignée d'Anguilles démoniaques, en nous proposant une histoire un brin inquiétante, qui nous plonge dans les bas-fonds urbains : yakuzas, proxénètes, prostituées... le récit joue sur quelques misères ou dérives sociétales, toutefois sans que ce soit aussi poussé que dans Anguilles démoniaques. Ici, on reste dans une histoire où le portrait de société est moindre et où ces bas-fonds sont là pour servir l'ambiance. Ambiance rendue d'autant plus sordide qu'une part de fantastique horrifique vient rapidement s'immiscer, rendant l'enquête de l'inspecteur Junichi Tomiyama plus complexe à comprendre...

Cette enquête, elle concerne le corps sans vie d'un homme, retrouvé le visage marqué par une expression d'effroi presque inhumaine, une plaie béante dans le cou, et le corps entièrement vidé de son sang.
Dans le même temps, Yoshiki, un jeune petit escroc qui se fait entretenir par ses conquêtes, est sauvé par une magnifique jeune femme alors qu'il est pris à parti par des yakuzas après avoir fricoté avec la femme du boss. Captivé par sa sauveuse, le jeune garçon connaît un vrai coup de foudre et décide de tout faire pour se rapprocher d'elle. Mais celle qui se fait appeler Benisuzu, quand elle n'effectue pas son travail de prostituée, semble aussi mystérieuse que dangereuse, souvent plongée dans le souvenir de la mort de son petit ami Kinji trois ans auparavant, et pouvant agir de façon inquiétante... Cette femme forte et mélancolique est-elle seulement humaine ?

Au fil du tome, l'enquête emmenée par Tomiyama et l'intrigue sur Benisuzu sont menées en parallèle, et sont évidemment amenées à s'entrecroiser petit à petit.
D'un côté, l'inspecteur est amené, au fil de ses investigations avec son partenaire débutant Mikawa, à s'approcher de milieux dangereux en rapport avec la victime, à commencer par les yakuzas, mais il ne s'agit là que de la face immergée de dangers bien plus grands...
De l'autre côté, en même temps que Yoshiki, on découvre en Benisuzu une femme qui a toute de la beauté divine, mais dangereuse : malgré son travail, elle dégage une élégance pleine de charme qui captive les hommes qui croisent sa route, mais son passé meurtri intrigue, et sa nature même inquiète un peu, puis qu'elle ira jusqu'à dire elle-même qu'elle n'est pas humaine... Que cache cela ?

Honnêtement, dès le début avec ce corps vidé de son sang et cette plaie dans le cou, on devine très facilement dans quel créneau le récit va nous emmener, et en cela pour l'instant l'intrigue ne surprend aucunement, hormis peut-être concernant ce qui se passe du côté de Tomiyama au bout d'un moment. Cela n'empêche pas l'histoire de garder le lecteur intrigué, ne serait-ce que parce qu'on se demande comment elle va réinterpréter un mythe bien connu, mais aussi parce qu'elle sait distiller petit à petit ses éléments de mystère, à l'image des petites remarques d'Ioka, un autre inspecteur plus expérimenté et qui ne peut s'empêcher de se mêler à l'enquête de son côté parce qu'il lui semble y retrouver une ancienne trace qu'il connaît. D'ailleurs, avec son flair et son caractère qui ne plaît pas à tout le monde, Ioka est sûrement, pour l'instant, le personnage secondaire le mieux campé, car en dehors de Benisuzu, Tomiyama et Yoshiki on ne peut pas dire que les autres personnages percent les pages.

Plutôt classique et prévisible sur cette première moitié, l'histoire est néanmoins bien mise en images par un dessinateur qui s'est fait une petite spécialité de ce type de récit. Yûsuke Ochiai conserve ici son trait un peu brut et assez incisif, avec un aspect assez sombre, des décors urbains soignés quand il le faut, des designs de personnages suffisamment variés et collant aux caractères (tête burinée ou peu accueillante pour les yakuzas, physique de jeune beau gosse pour Yoshiki, look d'élégante beauté fatale pour Benisuzu...).

En somme, on a pour l'instant un thriller urbain teinté de fantastique et d'horrifique qui tient la route malgré un côté prévisible. Les 250 pages se suivent avec intérêt, en espérant que le récit confirme ses qualités dans le deuxième et dernier volume.

L'édition de Komikku est simplement entachée d'une coquille dès le premier mot de la première page, chose qui pourra sans doute être corrigée dès le tirage suivant. Pour le reste, on trouve l'habituel soin de l'éditeur concernant le papier de qualité, l'impression excellente chez Aubin, la traduction qui ici est signée Thibaud Desbief dont le travail est clair et immersif, et les polices bien adaptées.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction