Amon Vol.1 - Actualité manga

Amon Vol.1 : Critiques

Amon - Devilman Mokushiroku

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 03 Novembre 2015

La première fournée de la collection Go Nagai des éditions Black Box s'achève en ce mois de novembre avec Amon, une oeuvre en six tomes où Nagai ne fait guère qu'afficher son nom sur la couverture, puisque la série est entièrement à mettre à l'actif de Yu Kinutani, un auteur que l'on connaît bien en France pour Leviathan, dans une moindre mesure Shion, et plus récemment Ghost in the Shell - Stand Alone Complex.

Si le nom de Nagai est présent sur la couverture, c'est parce que Kinutani se base ici sur son cultissime Devilman pour en proposer une sorte de suite alternative. De ce fait, si vous ne connaissez toujours pas Devilman (Bouh ! Bouuuuuh !), ne pensez même pas lire Amon. N'envisagez même pas d'en lire ne serait-ce que le pitch de base, car vous vous spoileriez alors l'une des fins de manga les plus marquantes de l'Histoire... et ne comprendriez strictement rien à cette suite. En conséquence, j'invite également toute personne ne connaissant pas Devilman à ne surtout pas lire la suite de cette chronique.

Amon démarre juste après l'horrible mort de Miki, et avant l'affrontement final de Devilman contre Satan. Ce dernier événement de Devilman, il vous faudra l'oublier, car c'est précisément ce que Yu Kinutani va revisiter dans sa série.
Akira Fudo, alias Devilman, vient de perdre dans de terribles circonstances celle qui symbolisait tout son amour, tout ce en quoi il voulait croire en ce qui concerne l'Humanité : Miki, tuée sauvagement par ces hommes qu'il cherchait à protéger. La folie et la haine s'emparent de lui, et c'est avec une détermination plus forte que jamais qu'il cherche à retrouver Satan pour l'abattre... alors même que le monde entier continue de le traquer ! Alors que le monde entier sombre sous le joug des démons et que les humains et monuments fondent, la brigade anti-démons poursuit sa traque, le QG de la lutte anti-démons accélère les choses, et l'armée de devilman ne sait bientôt plus que penser d'Akira... car est-ce encore le jeune Fudo qui contrôle le corps de Devilman ?
Au fil de début de tome, Kinutani prend le temps de nous laisser deviner la prise de pouvoir de l'autre être présent dans le corps d'Akira. Le démon qui sera le personnage central de cette série : Amon. Dans un volume qui n'est qu'une longue introduction, nous découvrons mieux la personnalité de ce démon, le "tueur de dieux" ne se mettant sous le joug de personne. Ni des humains, ni de Satan, ni de l'armée de devilmen. Et jusqu'à son premier affrontement contre Satan qui a lieu en fin de tome, Kinutani s'applique à mettre en valeur ce monstre aussi puissant qu'inquiétant. Pour cela, l'auteur s'appuie notamment sur une bonne exploitation des personnages secondaires de Devilman, en tête les loubards qui s'étaient alliés à Akira : Roku, Jô et Miko, qui ont dans ce premier opus un rôle de prime importance.

Cela dit, la fidélité à Devilman ne s'arrête pas à cette réappropriation des personnages : l'ensemble de l'univers que dépeint Kinutani apparaît très cohérent par rapport à l'oeuvre de Nagai. Les différentes forces en présence sont clairement exposées, et le mangaka prend pour point de départ la mort de Miki pour dépeindre un univers encore plus apocalyptique, où les hommes semblent sombrer toujours plus (le Vatican n'hésitant même plus à utiliser le nucléaire) et où les images de la planète tombée dans le plus profond chaos s'avèrent bluffantes tant le trait se veut très dense, très sombre. Les dessins d'humains déformés (choses pour lesquelles Kinutani était déjà très fort dans Leviathan) et fondus et de monuments emblématiques comme la Tour Eiffel détruits, l'encrage persistant, la profondeur de champ... sont autant d'éléments nous immergeant totalement dans cet univers en pleine Apocalypse. On retrouve également toute la connotation religieuse du Devilman de Nagai, avec le Vatican en guise de QG des forces humaines, les nombreuses références à l'Apocalypse de Jean, la fusion de Roku avec des devilmen reprenant les animaux sacrés des évangélistes, les chapitres nommés versets, et plusieurs plans très iconiques comme à la page 37. Ajoutons à cela le même contraste fort entre un héros très noir, très sombre, et un Satan à la blancheur presque immaculée.

Très dense et riche, le dessin profite également d'un excellent travail de mise en scène, où les angles de vue sont pleinement au service d'un récit très clair : cela se veut très cinématographique. Notons d'ailleurs que Kinutani a dessiné Amon entre 1999 et 2004, donc parallèlement à Leviathan, série sur laquelle il a pu profiter du travail de mise en scène d'EIji Otsuka, théoricien du mangaka souhaitant faire un pont entre le manga et le cinéma. Nul doute que Kinutani a pu profiter de cette expérience parallèle pour dessiner Amon.

Dans ce premier opus, Yu Kinutani prouve qu'il connaît bien Devilman et se réapproprie très habilement l'oeuvre de Go Nagai pour offrir une suite alternative qui commence très fort, portée par une ambiance apocalyptique saisissante, des personnages bien repris et un coup de crayon dense, immersif et sublimé par un gros travail de mise en scène. Une entrée en matière redoutablement efficace !

Pour cette édition française, on retrouve le papier certes légèrement transparent, mais bien blanc et souple, auquel l'éditeur nous a habitués sur la collection Go Nagai. La qualité d'impression est très bonne, l'encre ne bave pas du tout, la traduction ne comporte pas de coquilles flagrantes et n'est pas lourde... Par contre, il y a à nouveau quelques éléments (bulles, onomatopées...) légèrement coupés en bord de page. Et l'odeur du livre est très forte !
Enfin, cette fois-ci, pas de petite frise sur le dos des volumes. A la place, on trouve des dos de différentes couleurs, ce qui tranche malheureusement avec le reste de la collection. Pire, le dos du tome 4 est décalé : le logo de l'éditeur, le titre et la tranche blanche avec le numéro sont plus hauts que sur les autres tomes. Pas très esthétique une fois les volumes rangés...
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction