Sous le ciel de Tokyo Vol.1 - Actualité manga
Sous le ciel de Tokyo Vol.1 - Manga

Sous le ciel de Tokyo Vol.1 : Critiques

Tôkyô Monogatari

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 08 Décembre 2017

Dans le Japon de la 2nde Guerre mondiale, à la fin de l'année 1943, le pilote de chasse Shirakawa est de retour chez lui, à Tokyo, dans la maison où l'attendait son épouse Mariko. Même si la guerre n'est pas terminée, sa mutation au Centre d'essais aériens de l'armée impériale lui permet de reprendre enfin une vie de famille... mais par intermittences, car malgré tout, il doit continuer des missions de pilote, c'est son travail. C'est dans ce contexte que le couple poursuit son quotidien, entre hauts et bas, à une période tourmentée et dramatique.

Seiho Takizawa n'est pas un inconnu en France. le mangaka, qui a débuté sa carrière il y a 25 ans au Japon, a déjà fait le bonheur de la collection Cockpit des éditions Paquet avec plusieurs recueils : Japanese Interceptors 1945, L'As de l'aviation, Un Cri dans le Ciel Bleu, et 103ème Escadrille de Chasse. Le point commun de tous ces ouvrages : ils sont tous ancrés dans le milieu de l'aviation avec un côté plutôt branché action.

Avec Sous le ciel de Tokyo... (au Japon Tokyo Monogatari, une série en 2 tomes publiée de 2010 à 2013 dans le magazine Comic Taiga de l'éditeur Dainippon Kaiga), en prenant pour personnage principal un pilote, l'auteur reste dans la même thématique, à ceci près qu'il l'aborde sous un jour différent, plus axé sur la tranche de vie et le portrait qui quotidien.

Bien sûr, la précision est toujours de mise avec l'auteur concernant tout ce qui touche à l'aviation. Les scènes de vol, plutôt bien mises en scène et claires, se veulent précises dans le dessin des engins volants. Et à cela, Takizawa amène tout un travail beaucoup plus riche que dans ses autres titres sortis en France, au niveau de l'aéronautique japonaise de ces années-là. Avec minutie, le mangaka évoque notamment les grosses différences technologiques entre son pays et les Etats-Unis (ces derniers étant beaucoup plus avancés que le Japon qui ne faisait pas le poids), des éléments d'ingénierie, le rôle du Centre d'essais aériens de l'armée impériale, ou tout simplement la condition et certaines obligations des pilotes de l'époque. Ces phases peuvent parfois amener les informations un peu "en bloc", de manière un eu scolaire, mais dans l'ensemble Takizawa arrive à suffisamment les distiller au fil de son récit, et la précision qu'il montre témoigne d'un gros effort de documentation et parvient à intéresser, y compris le lecteur pas forcément amateur d'aviation à la base.

Reste que tout ce contexte historique et aéronautique, bien dépeint, sert surtout la partie qui intéresse le plus l'auteur, à savoir le focus sur la vie d'un couple à cette période. En s'intéressant autant aux conditions de vie de l'époque qu'à la guerre elle-même, Seiho Takizawa entame une démarche que l'on peut rapprocher d'oeuvres comme Dans un recoin de ce monde de Fumiyo Kôno ou Le vent se lève de Hayao Miyazaki, mais le résultat est encore différent. Globalement, l'auteur adopte un ton qui reste assez sobre, un découpage classique et propre, et on y prend alors plaisir à y profiter de pas mal de détails : les objets d'époque, les repas, les bâtiments (en tête desquels la maison du couple principal, très précise, le mangaka nous en offrant même une vue en coupe dans sa postface)... A cela s'ajoutent de nombreux détails immatériels, comme le mariage (évoqué via une autre membre de la famille), les exercices civils... Enfin, pour accompagner tout ça, il y le grand soin accordé à la relation des deux héros : Shirakawa est un peu en mode métro-boulot-dodo, et Mariko le soutient comme une bonne épouse, avec son propre courage au quotidien, mais aussi avec du caractère et beaucoup d'obstination quand il le faut, ce qui la rend vraiment plaisante à découvrir. Leur relation, dans un tel contexte, connaît forcément des petits heurts, des disputes et mésententes, mais il y a surtout entre eux deux un amour construit où ils aimeraient simplement vivre heureux au quotidien. Mais la chose est loin d'être aisée, à une période où la vie et la mort ne cessent de se côtoyer.

Malgré le contexte, pas question pour l'artiste d'offrir quelque chose de trop pesant : il distille (du moins pour l'instant) pas mal de notes d'humour (surtout grâce au caractère de Mariko), ainsi que des élans de tendresse bienvenus au sein du couple.

Sous le ciel de Tokyo... est une jolie trouvaille, précise et immersive autant visuellement que dans la peinture de son contexte et de ses personnages, et dont le principal défaut est à chercher dans l'aspect parfois un petit peu trop scolaire. Cette courte oeuvre ne manque pas d'intérêt, et l'on attend avec beaucoup de curiosité la suite et fin, qui sortira début 2018.

Delcourt/Tonkam nous offre ici une excellente édition, portée par une traduction très appliquée de Takanori Uno et Xavier Hébert. Les choix de lettrage sont cohérents, le papier souple et assez épais, l'impression d'excellente facture... Il n'y a rien à redire.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs