Mission in the Apocalypse Vol.1 - Manga

Mission in the Apocalypse Vol.1 : Critiques

Usuzumi no Hate

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 24 Juillet 2024

Le post-apocalyptique s'invite dans la collection Moonlight des éditions Delcourt/Tonkam en ce mois de juillet avec Mission in the Apocalypse, une oeuvre qui nous vient tout droit du prestigieux magazine Harta d'Enterbrain/Kadokawa, magazine bien connu pour la qualité et la personnalité graphique de ses oeuvres (Bride Stories, Dans le sens du vent, minuscule, Gloutons & Dragons... pour n'en citer que quelques-unes). De son nom original Usuzumi no Hate, il s'agit de la toute première série de la carrière de Haruo Iwamune, et elle est en cours au Japon depuis fin 2022 avec trois tomes parus à l'heure où ces lignes sont écrites.


On plonge ici dans un univers d'anticipation qui a été fortement mis à mal depuis l'apparition soudaine des "condamnés", d'autres formes de vie qui ont ravagé l'humanité en propageant des miasmes extrêmement nocifs, quiconque respirant ces miasmes étant voué à contracter une étrange maladie mortelle, le "mal cristallin", faisant surgir sur le corps des sortes d'excroissance qui ressemblent à des minéraux et qui se développent sur tout le corps sans que le moindre remède existe. Ainsi, toute zone infectée devient inhabitable pour les humains, et la maladie s'est tellement répandue que, à vrai-dire, il ne semble quasiment plus y avoir d'humains vivants. C'est dans ce contexte que Saya Ushimitsu, une surprenante et peu expressive jeune fille sa promenant sans masque malgré les miasmes et dont les capacités de guérison semblent quasiment immédiates, tâche d'accomplir la mission qui lui a été donnée en compagnie de son étrange petit animal domestique Kû, son seul compagnon: elle doit, au jour le jour, décontaminer les différents lieux qu'elle parcourt afin de pouvoir les restaurer, rechercher d'éventuels survivants (ce qu'elle n'a encore jamais trouvé au début de l'histoire), et offrir des sépultures décentes aux victimes qu'elle retrouve.


A partir de cette idée de base, Haruo Iwamune nous invite à suivre les différentes pérégrinations de son héroïne tâchant d'accomplir sa mission au fil des lieux qu'elle visite et des quelques rencontres étonnantes qu'elle est amenée à faire: un fan de cinéma qui n'est plus vraiment humain, une robot domestique restée vainement fidèle à son maître depuis très longtemps, une intelligence artificielle trop stricte... et on en passe certains pour ne pas spoiler quelques éléments assez intéressants, chaque cas ayant pour intérêt premier de mettre en avant des sujets toujours efficaces dans ce genre d'oeuvre, comme la condition humaine et sa vanité ou encore la condition, l'influence et l'impact des robots et autres intelligences artificielles. Quant on est habitués à ce genre d'histoire et d'univers, il n'y a rien de foncièrement nouveau ici, mais la manière dont l'auteur nous y immisce est particulièrement efficace, pour deux raisons en particulier.


Tout d'abord, sa construction scénaristique: Au fil d'une narration assez posée, claire et réfléchie, Iwamune tâche d'amener petit à petit ses précisions sur l'état de ce monde, sur le sort de l'humanité et sur la part de mystère entourant Saya: au départ on prend effectivement juste connaissance des grandes lignes dites plus haut, sans en savoir plus, et c'est petit à petit que l'on va découvrir certains détails supplémentaires, ne serait-ce que sur ce qui fait que notre héroïne ne porte pas de masque et cicatrise si vite de ses blessures.


Ensuite, le travail visuel, vraiment saisissant: ne se contentant pas de nous faire suivre son héroïne à la mine peu émotive en toutes circonstances, le mangaka propose des décors omniprésents, en particulier de structures vastes et en ruines très riches, dont le gigantisme impressionne plus d'une fois, surtout lors de certaines doubles-pages, en nous faisant notamment beaucoup ressentir la petitesse des hommes face à cet environnement qui a très souvent été créé par ses soins. Qui plus est, les découpages et angles de vue sont faits pour nous laisser le temps d'apprécier des vues parfois vertigineuses, du plus bel effet.


Naviguant quelque part entre le chef d'oeuvre Girls' Last Tour et certaines oeuvres de Tsutomu Nihei, Mission in the Apocalypse nous fait très bonne impression sur ce premier volume. Sans chercher à renouveler le genre, Haruo Iwamine soigne beaucoup son rendu graphique, sa narration et son déroulement scénaristique, en nous conviant à une sorte de tranche de vie post-apo qui a beaucoup d'arguments pour séduire.


Qui plus est, si l'on excepte quelques rares coquilles ayant échappé à la relecture, l'édition française se révèle assez plaisante, dès sa jaquette sobre, agréable au toucher et très fidèle à l'originale japonaise. A l'intérieur, le papier est souple et assez opaque, l'impression est très correcte, le lettrage de Tomiko Benezet-Toulze est convaincant, et la traduction effectuée par Lilian Lebrun est assez claire.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs