Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 11 Juin 2025
Lycéenne en classe de première, Nagisa Sakamoto était, jusqu'à il y a encore peu de temps, une adolescente sans histoire, voguant entre les cours, sa famille et ses amies..; du moins jusqu'à ce que ces dernières, sous l'influence de la meneuse de groupe Aika, ne se mettent soudainement à la brimer, sans qu'elle sache pourquoi. Profitant d'elle et de sa naïveté en la faisant chanter sur la base de photos compromettantes, Aika et ses suiveuses vont jusqu'à la pousser à voler en magasin et à frôler la prostitution contre son gré, au point que Nagisa commence à songer au pire: elle se dit que tout lui est égal désormais, elle s'imagine disparaître sans souci, commence alors à se renseigner sur les méthodes de suicide sur internet... Au fil d'une première partie-choc, et en restant bien appuyé par certains petits partis-pris graphiques de katsumasa Enokiya pour renforcer l'aspect violent et effroyable, le cas de Nagisa interpelle directement en soulignant bien une chose: la manière dont l'engrenage des brimades, bien aidé par des dérives comme l'effet de groupe (il suffit de voir les rumeurs qui fusent très vite sur Nagisa au lycée, sans que personne ne se doute de la vérité, mais où chacun ose quand même la juger), peut très rapidement s'amplifier en laissant les victimes dans un sentiment d'abandon où ils ne peuvent pas s'en sortir jusqu'à les pousser en peu de temps à songer au pire, si bien qu'il convient de toujours garder un oeil alerte pour remarquer les signes.
Dans le cas de Nagisa, elle a la chance de croiser rapidement la route du détective Imamura suite à ses recherches sur internet, pour un résultat une nouvelle fois salvateur et très pertinent dans l'abord des choses. Certes, on pourra trouver un peu faciles l'impact de l'aura apaisante de notre héros, ainsi que ses talents au combat et son rapprochement avec le père d'Aika, mais derrière tout ça les auteurs ont toujours le mérite de sonder assez profondément leur sujet. Ainsi, loin de se limiter au sauvetage de Nagisa, Imamura, quitte à à nouveau employer des méthodes brutes voire parfois à la limite de la légalité (mais quel autre choix y a-t-il quand la loi n'est pas apte à sauver ce genre de cas ? ), s'applique aussi à faire payer la coupable, voire à cerner les origines de son comportement (entre autres ici, un père qui a pourri-gâté sa fille au lieu de vraiment s'occuper d'elle, car il est plus soucieux de sa carrière qu'autre chose), tout en soulignant avec réalisme le fait que rien ne pourra être effacé et qu'il faudra du temps à la victime pour cicatriser de ses traumatismes.
Enfin, si Imamura semble souvent être un exemple à suivre de par son écoute, sa compréhension, son intelligence (notamment quand il faut réunir des preuves pour confronter les coupables) et son intransigeance, soit autant de choses que le scénariste décortique de plus belle dans ses nombreux mots d'auteur avisés, il reste toujours la question de l'origine de son engagement dans sa cause, et de ce côté-là ce deuxième tome continue d'apporter soigneusement des éléments de réponse sur certains aspect de son passé et sur les regrets qui vont avec.
Il résulte de tout ceci une lecture toujours aussi forte, importante, d'utilité publique, tant elle peut apporter son lot de conseils ainsi que son lot de pistes pour agir, aussi bien aux victimes qu'à l'entourage.