Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 28 Juin 2021
Rattachées au groupe Bragelonne, les éditions Mangetsu ont fait une arrivée en fanfare avec les excellents Ao Ashi et Le Mandala de Feu. D'un côté, un manga sportif mâlin et qui s'éloigne du simple cadre scolaire tout en respectant les codes du genre, et de l'autre une peinture historique d'un artiste dont l'intelligence est de se consacrer autant à l'humain qu'au créateur. Avec le troisième titre de Mangetsu, on reste dans la thématique historique puisque Chiruran est une œuvre qui a pour vocation de traiter la vie romancée de Toshizô Hijikata, l'une des figures majeures du Shinsen Gumi qui exista lors du Bakumatsu, période durant laquelle le Japon s'ouvrit au reste du monde et qui marqua la fin du shogunat Tokugawa.
Chiruran est l'œuvre conjointe de deux mangaka. Le scénario est écrit par Shinya Umemura, un auteur qui aime puiser dans l'Histoire et même dans les mythologies, puisqu'il est aussi à l'oeuvre sur l'écriture de Valkyrie Apocalypse. Le dessin, lui, est assuré par Eiji Hashimoto, que le lectorat francophone découvre à cette occasion. Actif depuis les années 2000, il collabora pour la première fois avec Shinya Umemura sur le court manga Tensho no Ryôma, un autre récit qui s'intéresse à la fin du shogunat Tokugawa en s'intéressant à l'une des figures qui le renversa : Sakamoto Ryôma.
Une année après Tensho no Ryôma, en 2010, c'est dans le magazine Comic Zenon de l'éditeur Tokuma Shoten que le duo s'intéressa à la figure de Toshizô Hijikata. La série, dont les chapitres paraissent mensuellement, est empreinte d'une certaine longévité puisqu'elle est toujours en cours avec 29 volumes au compteur. Un sacré pari pour Mangetsu pour une œuvre historique dont le pitch se révèle d'autant plus intéressant avec l'optique d'un développement sur le long terme.
En l'an 1912, une jeune journaliste du nom de Makoto Ichikawa enquête sur le Shinsen Gumi, et c'est dans cette optique qu'elle se rend à Kyoto. Agressée par une bande de scélérat, elle ne s'attendait pas à être secourue par Shinpachi Nagakura, l'un des comandants du groupe à l'époque. Ce dernier accepte de lui partager ses souvenirs, revenant alors aux jeunes années de Toshizô Hijikata, un guerrier de 24 ans errant pour défier les puissantes écoles martiales, tout en vendant ses médicaments. Lorsqu'il se frotte au Tennen Rishin-Ryû, il ne s'attend pas à être totalement surpassé. Il rejoint alors les rangs de cette école aux membres jeunes et tous plus combattifs les uns que les autres...
L'une des craintes pour un lecteur occidental d'un manga historique, c'est de manquer de clé de compréhension pour saisir la richesse du contexte. Bien heureusement, beaucoup de ces titres sont calibrés pour le grand public, et Chiruran est totalement de ceux-là. Après avoir remis en place des points d'Histoire essentiels, les auteurs commencent à croquer la vie du jeune Toshizô Hijikata sous l'angle du manga de samouraï et d'aventures, pris avec distance afin de présenter une panoplie de personnages hauts en couleur. Nous sommes alors loin de la création du Shinsen Gumi, Chiruran présentant pour l'instant une bande de jeunes combattants un peu livrés à eux-mêmes, dans un dojo où chacun peut se perfectionner. Au sein du Tennen Rishin-Ryû règne une ambiance qui n'a rien à envier aux mangas furyo, de part les tempérament têtes-brulées de cette poignée d'apprentis, et cette ambiance très axée sur l'insouciance d'une jeunesse fougueuse.
Et à vrai dire, il n'en faut pas tellement plus pour que le titre nous séduise. Si on sait que certaines ambitions sont déjà plantées, la formule telle qu'elle est actuellement fonctionne. Ainsi, chaque chapitre va mettre en avant une ou plusieurs figures du dojo, toujours aux côtés de ce Toshizô Hijikata qui n'hésite pas à foncer dans le tas. Que ce soit pour affronter un mercenaire qui sévit dans le coin ou régler une injustice qui frappe leur école, le héros et son entourage sont au cœur de petites intrigues plaisantes à suivre, et qui mettent parfaitement en relief l'ambiance décrite un peu plus haut. Dès lors, Chiruran se lit tout seul tandis que les mangaka nous portent aux côtés de leurs personnages tantôt drôles, tantôt effrayants, mais souvent très attachants. Le resteront-ils dans un manga au contexte qui est voué à évoluer ? C'est bien la question que l'on se pose. Car il faut admettre qu'il y a une certaine curiosité à l'idée de découvrir l'ascension fulgurante de ces jeunes gens qui ressemblent par moment à des laissés pour compte.
Visuellement, Eiji Hashimoto sait croquer tout cet ensemble. Parce qu'il y a un côté excessif (volontaire) permanent, le dessinateur met en image des personnages particulièrement expressifs dans leurs énergies et leurs caractères. C'est poussé à tel point de sortir d'un cadre crédible, mais ça fonctionne. Et concernant les scènes d'action, l'artiste s'en sort bien dans le découpage et la lisibilité. Ses affrontements n'ont, pour leur, rien de forcément nerveux, mais l'oeuvre aura bien le temps d'évoluer de ce côté-là.
C'est donc un lancement réussi pour Chiruran qui séduit aussi bien par le pan historique raconté que par ce récit d'une jeunesse hargneuse et combattante du Japon du XIXe siècle. Simple par sa formule, ce premier tome n'en demeure pas moins prenant de par son rythme et ce portrait de personnages n'ont dénués d'une certaine mélancolie, comme le prouve le récit entamé en fin de tome, qui se conclura dans le suivant. Mangetsu a donc eu une bonne idée en publiant les deux premiers opus en simultanée.
Et côté édition, l'ouvrage qui nous est proposé est tout à fait séduisant grâce à son papier de bonne qualité et sa couverture mâte qui profite d'un joli effet de dorure à chaud écarlate sur son titre. Signée Nesrine Mezouane, la traduction sonne juste dans son énergie à l'image des personnages du titre.
Chiruran est l'œuvre conjointe de deux mangaka. Le scénario est écrit par Shinya Umemura, un auteur qui aime puiser dans l'Histoire et même dans les mythologies, puisqu'il est aussi à l'oeuvre sur l'écriture de Valkyrie Apocalypse. Le dessin, lui, est assuré par Eiji Hashimoto, que le lectorat francophone découvre à cette occasion. Actif depuis les années 2000, il collabora pour la première fois avec Shinya Umemura sur le court manga Tensho no Ryôma, un autre récit qui s'intéresse à la fin du shogunat Tokugawa en s'intéressant à l'une des figures qui le renversa : Sakamoto Ryôma.
Une année après Tensho no Ryôma, en 2010, c'est dans le magazine Comic Zenon de l'éditeur Tokuma Shoten que le duo s'intéressa à la figure de Toshizô Hijikata. La série, dont les chapitres paraissent mensuellement, est empreinte d'une certaine longévité puisqu'elle est toujours en cours avec 29 volumes au compteur. Un sacré pari pour Mangetsu pour une œuvre historique dont le pitch se révèle d'autant plus intéressant avec l'optique d'un développement sur le long terme.
En l'an 1912, une jeune journaliste du nom de Makoto Ichikawa enquête sur le Shinsen Gumi, et c'est dans cette optique qu'elle se rend à Kyoto. Agressée par une bande de scélérat, elle ne s'attendait pas à être secourue par Shinpachi Nagakura, l'un des comandants du groupe à l'époque. Ce dernier accepte de lui partager ses souvenirs, revenant alors aux jeunes années de Toshizô Hijikata, un guerrier de 24 ans errant pour défier les puissantes écoles martiales, tout en vendant ses médicaments. Lorsqu'il se frotte au Tennen Rishin-Ryû, il ne s'attend pas à être totalement surpassé. Il rejoint alors les rangs de cette école aux membres jeunes et tous plus combattifs les uns que les autres...
L'une des craintes pour un lecteur occidental d'un manga historique, c'est de manquer de clé de compréhension pour saisir la richesse du contexte. Bien heureusement, beaucoup de ces titres sont calibrés pour le grand public, et Chiruran est totalement de ceux-là. Après avoir remis en place des points d'Histoire essentiels, les auteurs commencent à croquer la vie du jeune Toshizô Hijikata sous l'angle du manga de samouraï et d'aventures, pris avec distance afin de présenter une panoplie de personnages hauts en couleur. Nous sommes alors loin de la création du Shinsen Gumi, Chiruran présentant pour l'instant une bande de jeunes combattants un peu livrés à eux-mêmes, dans un dojo où chacun peut se perfectionner. Au sein du Tennen Rishin-Ryû règne une ambiance qui n'a rien à envier aux mangas furyo, de part les tempérament têtes-brulées de cette poignée d'apprentis, et cette ambiance très axée sur l'insouciance d'une jeunesse fougueuse.
Et à vrai dire, il n'en faut pas tellement plus pour que le titre nous séduise. Si on sait que certaines ambitions sont déjà plantées, la formule telle qu'elle est actuellement fonctionne. Ainsi, chaque chapitre va mettre en avant une ou plusieurs figures du dojo, toujours aux côtés de ce Toshizô Hijikata qui n'hésite pas à foncer dans le tas. Que ce soit pour affronter un mercenaire qui sévit dans le coin ou régler une injustice qui frappe leur école, le héros et son entourage sont au cœur de petites intrigues plaisantes à suivre, et qui mettent parfaitement en relief l'ambiance décrite un peu plus haut. Dès lors, Chiruran se lit tout seul tandis que les mangaka nous portent aux côtés de leurs personnages tantôt drôles, tantôt effrayants, mais souvent très attachants. Le resteront-ils dans un manga au contexte qui est voué à évoluer ? C'est bien la question que l'on se pose. Car il faut admettre qu'il y a une certaine curiosité à l'idée de découvrir l'ascension fulgurante de ces jeunes gens qui ressemblent par moment à des laissés pour compte.
Visuellement, Eiji Hashimoto sait croquer tout cet ensemble. Parce qu'il y a un côté excessif (volontaire) permanent, le dessinateur met en image des personnages particulièrement expressifs dans leurs énergies et leurs caractères. C'est poussé à tel point de sortir d'un cadre crédible, mais ça fonctionne. Et concernant les scènes d'action, l'artiste s'en sort bien dans le découpage et la lisibilité. Ses affrontements n'ont, pour leur, rien de forcément nerveux, mais l'oeuvre aura bien le temps d'évoluer de ce côté-là.
C'est donc un lancement réussi pour Chiruran qui séduit aussi bien par le pan historique raconté que par ce récit d'une jeunesse hargneuse et combattante du Japon du XIXe siècle. Simple par sa formule, ce premier tome n'en demeure pas moins prenant de par son rythme et ce portrait de personnages n'ont dénués d'une certaine mélancolie, comme le prouve le récit entamé en fin de tome, qui se conclura dans le suivant. Mangetsu a donc eu une bonne idée en publiant les deux premiers opus en simultanée.
Et côté édition, l'ouvrage qui nous est proposé est tout à fait séduisant grâce à son papier de bonne qualité et sa couverture mâte qui profite d'un joli effet de dorure à chaud écarlate sur son titre. Signée Nesrine Mezouane, la traduction sonne juste dans son énergie à l'image des personnages du titre.