Bonne nuit Punpun! Vol.10 - Actualité manga
Bonne nuit Punpun! Vol.10 - Manga

Bonne nuit Punpun! Vol.10 : Critiques

Oyasumi Punpun

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 24 Mai 2016

Ils s’étaient perdus de vue, depuis des années. Il ne cessait de penser à elle, jour et nuit, continuellement. Il n’aurait jamais soupçonné de la revoir en chair et en les lieux. Et pourtant, elle est assise à ses côtés, en salle d’attente d’une de ces quelconques autoécoles : là. Quant à elle… Aïko ne semble pas vraiment y croire : elle lui demande s’il est bien Punpun, la mine doucement surprise. Lui, il ne parvient point à trouver la parole, les mots semblent vains. Les rêves de jusqu’alors qui paraissaient résolument improbable sont désormais de l’ordre de l’envisageable, presque à porter de main : un sentiment d’extase entremêlé de bonheur l’envahi, le submerge…

Le retour de la muse ; le ressac des mensonges

Aïko faisait donc réapparition lors des toutes dernières pages du précédent tome ; elle qui campe le rôle de protagoniste féminin principal. Depuis les origines, la relation entre Punpun et Aïko, sous couvert de promesse d’une vérité immaculée, fut souvent, et en dépit de cela, le lieu de mensonges à la fois divers et, surtout, anodins, enfantins. Et c’est, malheureusement, ainsi que vont se tisser à nouveau entre eux les mailles, si tant est qu’elles fussent suspendues. L’un comme l’autre se porte le mensonge, sur leurs situations respectives, réciproquement. Punpun raconte ses soi-disant activités sportives ; Aïko enjolive sa carrière  de mannequin. De cette manière, il sera notamment aperçu que, si le temps s’était bel bien écoulé, une partie d’eux-mêmes était demeurée ancrée dans l’enfance, la naïveté qui protège : beaucoup de symétries pourront ici être relevées avec les premiers tomes.

Punpun, l’esclave de son addiction ; Aïko, la frêle désabusée : deux âmes errantes

Au fil des tomes, et comme aura pu le confesser expressément l’auteur à divers endroits, il est manifeste que le jeune Punnpun Onodera est en prise avec une de ses addictions : le sexe. Cela vient submerger ses méninges sans crier gare, il perd le contrôle, pense à n’importe quoi… Aïko est en situation de grande fragilité psychologique, elle paraît avoir perdu tout repère et, la seule personne susceptible de l’aider, afin d’éviter le pire et lui offrir la vie qu’elle mérite, ne semblerait être personne d’autre que Punpun ; néanmoins, il n’est pas véritablement alerte… lui, ce faible d’esprit qui subit le monde sans le comprendre, refoulé au plus profond de son égoïsme lubrique. D’ailleurs, à part s’en vouloir obtenir les faveurs de la sublime Aïko, tout en songeant à des choses insupportables à son égard, il n’y a pas foule qui traverse sa cervelle en vrac.  Il n’est point à la hauteur d’Aïko, il ne la mérite nullement ; elle qui a besoin d’une personne pouvant lui offrir sérénité, témoigner affection et présence réelle. 

Saotome, Nanjo & Punpun : un autre triangle ; symboles différenciés

Ces trois personnages sont, d’une certaine manière, les catalyseurs de trois profils, presque caricaturaux, mais récurrents de la société nippone. Saotome, le forcené de travail qui aura satisfait toutes les exigences exacerbées de la broyeuse sélective des examens scolaires, lycéens et universitaires, imbu de sa personne, sans respect aucun pour autrui, bête comme ses pieds et méchant par extension. Punpun, l’opposé symétrique, ayant relativisé l’importance que revêt la compétition scolaire délirante japonaise, n’arrivant point à ne serait-ce que s’exprimer auprès de son prochain. Et, entre les deux, Nanjo, la fille qui, si elle n’a que peu accordée d’intérêt aux études, accorde la plus grande importance à son travail artistique, dont le relationnel pragmatique demeure loin de tout sentimentalisme et qui, si elle ne s’en prendra pas aux tiers, leur viendra parfois en aide, mais, semble-t-il, de manière relativement intéressée. Enfin, notons que ce triangle se redéfinit désormais à l’aune d’une naissance : si le père biologique est parfaitement cerné, la question restera posée quant à celle du père-éducateur.

L’auteur prend légèrement son lecteur à contrepied, lequel, s’il avait pu espérer un bain de lumière à raison d’un retour prophétique d’Aïko, comprendra que ledit réveil, de cette relation ensevelie sous les décombres de l’enfance, semble procéder d’une noirceur abyssale. Encore difficile à ce stade de prédire les orientations du récit, mais l’augure d’une idylle paraît au-delà de tout horizon.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Alphonse
17.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs