Boite lumineuse (la) Vol.1 - Actualité manga
Boite lumineuse (la) Vol.1 - Manga

Boite lumineuse (la) Vol.1 : Critiques

Hikari no hako

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 30 Décembre 2022

Depuis le mois d'avril dernier, Le Lézard Noir nous propose de découvrir en librairies, pour la première fois en France, le travail de la mangaka Seiko Erisawa. Après avoir étudié en école d'art à Londres, c'est sur la suggestion d'un ami que cette artiste japonaise a envoyé une histoire à Comic H et a fini par être publiée dans ce magazine dans la première moitié des années 2000, en entamant dès lors une carrière qui continue encore aujourd'hui. Son travail, souvent porté par des histoires réalistes et un peu magiques autour de la jeunesse, a également été publié dans le célèbre Comic Cue. Elle écrit également des critiques de films, conçoit des illustrations pour des couvertures de romans, et a tenu pendant longtemps un blog quotidien.

C'est avec l'ouvrage d'environ 190 pages La Boîte Lumineuse qu'on la découvre dans notre langue. De son nom original Hikari no Hako (dont le titre français est une traduction littérale), cet ouvrage est paru au Japon en juillet 2020 aux éditions Shôgakukan, et regroupe des histoires courtes qui furent initialement prépubliées dans le magazine Zôkan Flowers et qui se déroulent toutes dans un même lieu et avec les mêmes personnages. L'ouvrage a obtenu au Japon la première place dans les classements Kono Manga wo Yome ! et Kono Manga ga Sugoi !, et un deuxième recueil a vu le jour le 10 mars dernier dans son pays d'origine.

La boîte lumineuse, tel est sans doute le surnom de la supérette où se déroule l'action et qui est peu commune: en effet, celle-ci, située entre le monde des morts et celui des vivants, et en quelque sorte une halte pour les personnes qui sont décédées ou qui sont sur le point de l'être. Dans ce lieu de croisement où leur vie ne tient plus qu'à un fil, leur destin se trace, sous les yeux des employés atypiques des lieux: une gérante aux allures de petite fille taciturne, un jeune homme qui n'a en réalité rien d'humain et qui est là en observateur de l'espèce humaine, un autre jeune homme qui lui est bien humain mais qui a choisi de devenir employé des lieux plutôt que de mourir suite à un accident, et même un drôle de chat noir n'ayant qu'un seul grand oeil.

S'il y a bien quelques éléments esquissant un fil conducteur (l'arrivée du chat-lune, l'embauche de nouvelles employées...), chacun des 6 chapitres composant ce tome se veut globalement indépendant, en s'intéressant à chaque fois à un nouveau cas: une employée zélée qui travaille sans doute beaucoup trop au point d'oublier le reste, un jeune garçon qui a toujours eu du mal à faire des choix dans la vie si bien qu'il est dans une permanente indécision, deux jeunes filles qui cachent une part d'ombre derrière leur complicité, une travailleuse à l'usine qui est rattrapée par son passé à l'heure où son lieu de travail risque de fermer... sans oublier les deux employés de la supérette eux-mêmes qui seront chacun au coeur d'un chapitre.

C'est en premier lieu sur le plan visuel que l'oeuvre interpelle, Seiko Erisawa y dévoilant un rendu au premier abord assez simple mais bien pensé, que ce soit dans les designs fins, sans surplus de traits et nuancés des personnages, dans ceux des quelques êtres non-humains (comment ne pas craquer sur ce chat-lune ?), et dans les trames bien utilisées, notamment pour offrir certains jeux d'ombre ainsi que quelques contrastes entre la lumière de la supérette et les ténèbres qui se diffusent tout autour, comme si le lieu était véritablement perdu au milieu du néant.

Et c'est en s'appuyant sur ce lieu atypique et en même temps si commun (quoi de plus banal qu'une supérette, dans le fond ?), ainsi que sur cette patte visuelle adéquate, que Seiko Erisawa profite de chaque histoire, de chaque personnage, de chaque cas, pour poser un regard sur différentes choses de notre monde: il pourra ainsi être question, plus ou moins fortement, de notre rapport au travail en premier lieu (entre les employés de la supérette, celle qui travaille trop au point d'être harcelée par son patron par sms et de frôler le burn out, le risque de voir les employés humains remplacés par des machines, la fermeture de son lieu de travail...), mais aussi de sujets comme les difficultés de faire des choix, la décision de se suicider face aux vicissitude de l'être humain, le regard porté sur les repris de justice, ou encore tout simplement la soif d'argent.

La Boîte Lumineuse est une lecture intéressante, en somme, pour peu que l'on se laisse happer par son petit univers entre lumière et ténèbres, le tout ayant de quoi donner envie de voir le 2e recueil paraître lui aussi en France. Espérons que Le lézard Noir exaucera se souhait !

Quant à l'édition française, on y trouve les standards de qualité habituels de l'éditeur poitevin: grand format sans jaquette ni rabats facile à manipuler grâce à un papier souple mais en même temps assez épais, bonne qualité d'impression, lettrage propre, traduction impeccable de Miyako Slocombe, et jolie jaquette qui donne une bonne idée de l'ambiance en restant proche de l'originale japonaise.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.25 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs