Sunny Vol.1 - Actualité manga

Sunny Vol.1 : Critiques

Sunny

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 24 Novembre 2014

Dans les années 1970, la pension Hoshi no Ko est un foyer situé en campagne, qui accueille des enfants qui ne peuvent plus être élevés auprès de leurs parents. Il y a par exemple Junsuke et son petit frère Shôsuke, dont la maman est malade ; Kenji et sa sœur Asako, dont le père n’est pas capable d’élever qui ce soit ; Haruo, qui passe son temps à rêver et à montrer son tempérament fort pour oublier qu’il n’est pas aux côtés de sa mère. Sans oublier le petit nouveau, Sei, de Yokohama. Il est bien éduqué et plutôt doué pour les études, et ne comprend pas pourquoi ses parents l’ont amené ici. En ces lieux, il y a aussi cette voiture en panne au fond du jardin, la Sunny, où ces enfants viennent s’évader de leur triste réalité…


Avec Sunny, Taiyou Matsumoto, l’auteur des acclamés Amer béton, Ping pong et Le samouraï bambou, traite d’un thème qui a une résonnance particulière chez lui : la situation d’orphelin. À 46 ans, ce mangaka qui s’est forgé une solide réputation d’auteur de séries de qualité, grâce à ses thématiques peu communes et son trait original, revient partiellement sur une situation qu’il a lui-même vécue.


Ce premier tome évoque, à travers des chapitres aux intrigues distinctes, la personnalité de la plupart des protagonistes de la série dans leur diversité, et surtout les enfants du foyer. Même si pour l’instant, l’auteur ne fait que gratter la surface du mal qui les ronge, on a déjà un beau panorama émotionnel : on saisit le côté maussade de leur quotidien, les doutes qui les assaillent, peut-être même une certaine résignation dans leurs propos, mais par moment, on entraperçoit un mal-être profond. Le tout est décrit avec une certaine retenue, qui est la bienvenue. Sunny traite de problèmes émotionnels, mais sans excès de pathos.


Les personnages, bien qu’un peu stéréotypés, sont déjà attachants. Outre les protagonistes sus-cités, notons le cas de Megumu, qui se soucie d’un chat mort dans un cours d’eau. Elle est prise d’empathie pour cet animal, car elle se dit que s’il lui arrive la même chose, on l’oubliera complètement. On aurait pu croire que cette réflexion se limiterait à un chapitre. Pourtant, cette posture qu’elle a adoptée à ce moment sera réutilisée plus tard, lorsque l’un des enfants s’est échappé du foyer (une case la montre en train de regarder dans la rivière pour voir s’il n’est pas tombé). On sent déjà que Matsumoto a bien défini ses personnages, qu’ils ont tous des problématiques personnelles comme Megumu et sa peur de la mort et de l’oubli, et il semble déjà faire bon usage de ces caractéristiques.


Le format d’histoires courtes se prête bien à l’exercice, sans entraver l’évolution potentielle de la psychologie des personnages. En effet, le quotidien semble être un élément important de la vie de ces enfants : que faire lorsqu’on croit ne pas avoir d’avenir ? Que faire puisque nos parents ne sont pas là pour montrer la voie à suivre ? Cette question est déjà soulevée avec le cas de Kenji et son arrêt des cours, ou même Haruo qui sèche. À l’inverse, Sei, qui est studieux, aide ses camarades. Même si ce dernier broie du noir dans cet endroit, n’est-ce pas le signe d’un talent à mettre à profit ?


Enfin, lorsque l’on parle de Matsumoto, on doit parler de son style graphique. Il n’est pas forcément grand public, mais demeure personnel et stylisé. Toutefois, il émane une certaine froideur de celui-ci, et on se demande si c’est adapté à ce genre de récit. Peut-être que oui. Les quelques pages couleur auxquelles nous avons droit sont magnifiques en tout cas, et à ce sujet, l’édition de Kana est excellente. Le papier est de bonne qualité, et Thibaud Desbief fournit un très bon travail à la traduction, comme pour bien d’autres titres seinen de l’éditeur.


En conclusion, Sunny fait partie de ces mangas attendus pour la réputation de leur auteur, et il est bien parti pour remplir toutes ses promesses.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Raimaru
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs