Stray Dog Vol.1 - Actualité manga
Stray Dog Vol.1 - Manga

Stray Dog Vol.1 : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 20 Août 2015

Les éditions Glénat ont créé la surprise en avril dernier en annonçant l’arrivée des œuvres de Vanrah dans leur catalogue. Très connue dans le domaine du fanzine, la jeune auteure fait maintenant ses débuts en tant que professionnelle, et Stray Dog est sa première œuvre à gagner une parution chez l’un des pionniers du manga en France. Un gros pavé de plus de 300 pages et une couverture des plus travaillées caractérisent ce premier opus qui a de quoi attirer l’attention. Et bonne nouvelle, Stray Dog ne manque pas de qualités !

Dans un monde fictif où les Hommes coexistent avec les Karats, des démons qui ont pris forme humaine pour mieux s’insérer dans la société. Seulement, le genre humain ne voit pas cette vie commune d’un bon œil et a cherché à asservir les Karats, par peur de devenir leur victime.
Toru est un de ces monstres soumis, et plus particulièrement un Lycan qui a accepté son sort de combattre dans des arènes clandestines pour amuser la société de l’ombre dans la ville corrompue d’Ishtar. Fondateur d’une société importante dans l’élaboration de sciences et techniques pour faciliter la cohabitation avec les Karats, le docteur Aokideso est appelé par le propriétaire de Toru pour l’aider à mieux le contrôler. Mais contre toute attente, un lien se tisse entre les deux individus et celui-ci pousse Senri Aokideso à faire une étonnante proposition à son nouvel ami…

Lorsqu’on se plonge dans un manga d’origine française, aussi appelé global manga, il y a ce doute qui pousse le lecteur à se demander si l’œuvre tentera de retranscrire les codes nippons ou si, au contraire, le style de l’auteur dégagera une influence plus occidentale, ou alors à mi-chemin comme nous l’a par exemple prouvé Reno Lemaire avec Dreamland qui a abouti à une très bonne alchimie. Du côté de Stray Dog, Vanrah nous fait davantage ressentir l’ambiance de manga à l’ambiance sombre, voir gothique, sans pour autant renier ses influences et proposer une pâte qu’on ne retrouve pas dans les titres habituels. D’ailleurs, difficile de cibler précisément ce premier tome… Shônen ? Seinen ? Voir shojo ? Les débuts de l’histoire font fi de tout catalogage et ce premier volume trouve son ambiance, son style et son rythme sans chercher à faire comme les œuvres d’auteurs japonais.

Il faut d’abord considérer ce premier volet comme une introduction qui permet à la série de véritablement se lancer. Et cette mise en bouche, elle passe par la rencontre entre Toru et le docteur Aokideso, un premier pas dans le récit permettant de fixer assez rapidement les enjeux du titre, de décortiquer grandement le personnage de Toru, mais aussi de préciser l’univers et les différentes caractéristiques qui entourent les Karats et les Lycans. Vanrah souhaite ainsi écrire une version différente de  la Bête du Gevaudan, une vision qui passe évidemment par le personnage central du titre qui se présente comme un héros torturé, partagé entre le bien et le mal de manière presque inconsciente et qu’on a ainsi du mal à cerner, ce qui n’est pas sans accentuer la complexité et l’intérêt d’un tel protagoniste. Ce tome l’annonce aisément, Toru sera une figure appréciable par ses interactions qui ne manquent jamais de panache, voire même d’humour. Les échanges sérieux, voire graves, entre le Lycan et Senri Aokideso sont pourtant ponctués de répliques cinglantes et qui confère au binôme une excellente alchimie. On pourrait pourtant apporter un reproche à Toru, le fait qu’il n’exprime pas une personnalité suffisamment originale par rapport à son importance. Gageons toutefois que c’est parce qu’on ne comprend pas encore complètement le protagoniste que l’on établit ce constat, et que l’avenir de la série pourra changer notre point de vue.
Les séquences croisées entre les deux personnages forgeant la grande partie de ce tome, l’univers ne donne pour l’instant que des informations essentielles pour bien le cerner et en ce qui concerne davantage de développement, on ne doute pas que les chapitres à venir répondront à notre curiosité.

Là où l’œuvre de Vanrah dépasse nos attentes, c’est évidemment le style graphique ainsi que la mise en scène opérée par l’auteur. Le trait de l’auteure est fin, souvent précis, et ce malgré des faciès qui pourraient gagner à être davantage nuancés. Mais le talent de la dessinatrice s’illustre surtout sur sa manière de mettre en scène son récit, notamment les souffrances de Toru ou encore les sombres facettes de l’univers de Stray Dog. Le style devient alors très contemplatif et travaillé aussi bien dans le dessin lui-même que dans les métaphores dépeintes et qui ont un grand sens, permettant même au récit de s’abstenir en explications pour faire ressortir la dimension poétique de la série. Finalement, seules les brusques ellipses peuvent décontenancer, mais l’auteure rattrape toujours le coup en précisant le contexte des scènes nouvelles.

Du côté de l’édition de l’édition de Glénat, le prix de presque dix euros est justifié par le nombre de pages du volume en plus de la qualité éditoriale de cet opus en termes d’impression. On regrette pourtant que l’éditeur ne se soit pas donné entièrement à fond pour faire resplendir l’œuvre de Vanrah, ne serait-ce par la présence d’une ou deux pages couleur ou encore quelques infos sur les coulisses de la série en guise de bonus. Stray Dog étant un titre français, les lecteurs ne demandent qu’à connaître l’envers du décor.

Ce premier volume de l’aventure de Toru n’est pas exempt de défaut, chose normale pour un opus d’introduction. Seulement, nous retenons davantage les très bonnes idées de l’auteur, la bonne écriture concernant les relations entre personnages, l’univers fascinant ou encore son sens de la mise en scène. Tout cela confère à Stray Dog une aura certaine, ce qui n’était pas chose gagnée pour un énième titre sur le bestiaire fantastique. L’entrée en matière est donc d’excellente facture, reste alors à Vanrah de nous confirmer tout son potentiel et celui de son œuvre sur le futur second volume !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs