Sherlock Holmes - Les classiques en manga Vol.1 - Actualité manga

Sherlock Holmes - Les classiques en manga Vol.1 : Critiques

Sherlock Holmes no Chousen

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 02 Mars 2015

Critique 1


Etant donné sa popularité plus forte que jamais avec les récents films et la série télévisée, il n'est pas très étonnant de voir Sherlock Holmes arriver dans la collection des Classiques en manga des éditions nobi nobi !. Par contre, il peut être plus surprenant de voir la célèbre saga d'Arthur Conan Doyle déclinée en un seul volume de 230 pages... De ce fait, que peut bien donner cette adaptation manga ?


Réponse : un recueil adaptant cinq enquêtes du célèbre détective : Les six Napoléons, La bande mouchetée, La ligue des rouquins, Le dernier problème, et La maison vide, pour un ensemble auquel la mangaka Haruka Komusubi, jusque là inconnue en France, tente d'offrir un fil conducteur devant mener au plus célèbre adversaire de Sherlock Holmes : le Pr Moriarty.


On suit donc chacune des cinq enquêtes avec un certain plaisir, la narration étant fluide et claire, et les dessins n'étant pas désagréables même s'ils ont tendance à accentuer un peu l'aspect androgyne de certains personnages (Sherlock et Watson en tête). Adaptées aux plus jeunes, ces intrigues parviennent à être suffisamment prenantes, et permettent aussi, de temps à autre, de souligner certains traits de caractère indissociables de Holmes (son physique élancé, ses piques parfois cyniques ou arrogantes, son goût pour le tabac et la pipe, son intérêt pour les expériences scientifiques, son désintérêt envers la gente féminine...) et de mettre en avant sa relation avec son acolyte le Dr Watson, relation parfois houleuse, mais amicale, où Sherlock ne se prive pas non plus pour taquiner un Watson un tantinet naïf.


Sur le plan scénaristique, il y a pourtant des choses à regretter : un déroulement trop linéaire, et des énigmes trop vite passées en revue, qui ne laissent pas réellement le temps de se plonger dans les enquêtes. En gros, là où les nouvelles originales prennent tout de même le temps d'instaurer des ambiances de mystère, et permettent au lecteur de se poser des questions, ici on se contente de regarder Holmes tout résoudre sans avoir vraiment le temps de s'interroger soi-même, ce qui est assez dommage, d'autant que le registre de l'enquête est normalement un excellent moyen de stimuler l'observation ou la déduction des plus jeunes (le Détective Popotin, paru récemment chez nobi nobi!, en est une excellente preuve).


Au-delà de ça, que retenir de ce recueil ? A vrai dire pas grand-chose, la faute à un contenu qui, même s'il se veut adapté aux plus jeunes, reste trop succinct.


Même si l'on cerne bien le caractère particulier de Holmes et sa relation avec Watson, tout ceci n'est qu'esquissé, comme pour remplir un quota, et certains points ne sont même qu'évoqués à la va-vite (comme le goût de Holmes pour les expériences).


C'est un peu dommage, car il en résulte alors une impression de superficialité qui se confirme avant tout avec le plus gros gâchis de l'oeuvre : le traitement offert à la figure de Moriarty, souvent évoquée dans la deuxième moitié du livre, mais n'apparaissant quasiment pas et dont l'issue est expéditive. Pire, aucune réelle explication sur toutes les motivations de ce célèbre et normalement si charismatique antagoniste n'est donnée, ce qui réduit considérablement l'intérêt.


De même, en dehors de Holmes et de Watson, les personnages secondaires sont plutôt sous-exploités : s'il est évident qu'en seulement un tome la mangaka ne pouvait faire apparaître toutes les grandes figures de l'oeuvre originale, il est dommage que celles qui sont présentes, comme Lestrade ou Mrs Hudson, soient cantonnées à un rôle trop basique ne mettant jamais en avant leur caractère.


Enfin, si le coup de crayon est plutôt plaisant, il n'en reste pas moins très pauvre au niveau des décors. Là où l'immersion aurait pu être accentuée par des éléments de l'Angleterre de la deuxième moitié du 19ème siècle, on se retrouve généralement avec des fonds trop vides, ou alors avec quelques costumes et meubles succincts ou bâtiments croqués sans la moindre recherche.


Dommage, donc. Dommage, car à la place d'une entrée en matière totalement immersive dans l'univers de Sherlock Holmes, on se retrouve avec un recueil vraiment pas désagréable à parcourir et qui a de quoi distraire les plus jeunes (et c'est là l'essentiel), mais qui reste trop superficiel, trop lisse, et pas assez interactif pour offrir une première immersion totalement convaincante et stimulante. Quant aux fans plus âgés de Sherlock Holmes, ils ne trouveront pas grand-chose à se mettre sous la dent dans ces 5 récits trop brefs pour vraiment bien exploiter l'univers créé par Sir Doyle.


Reste que l'édition, dans les standards de la collection des Classiques en manga, reste un plaisir sans fausse note.




Critique 2


De retour à Londres après avoir participé au conflit d’Afghanistan, le docteur John Watson rencontre son nouveau colocataire. Sherlock Holmes est un détective privé, sociopathe, aux capacités de réflexion et d’observation spectaculaires. Ensemble, ce binôme fait face aux sordides affaires qui bouleversent l’Angleterre, des enquêtes qui les mèneront à affronter le professeur Moriarty.


Référence incontestée du roman policier du XIXème siècle, Sherlock Holmes ne pouvait ne pas figurer dans la collection des classiques littéraires de l’éditeur Gakken, relayée en France par Nobi Nobi. Le plus grand détective et l’un des plus célèbres revient ainsi sous une monture différente, succédant à d’autres classiques tels que Princesse Sarah ou encore Roméo et Juliette. Aux commandes de ce projet, nous découvrons Haruka Komusubi, mangaka peu connue qui dévoile sa première œuvre dans l’hexagone.


Que l’on ait lu ou non les aventures du détective écrites par Arthur Conan Doyle, difficile de ne pas connaître le concept de Sherlock Holmes, notamment grâce aux derniers films avec Robert Downey Jr ou la série qui se veut une réécriture des nouvelles de Doyle dans une ère moderne. Partant de ce principe, ce one-shot ne s’attarde pas tellement sur la rencontre entre les deux acolytes pour entrer dans le vif du sujet et adapter cinq récits littéraires. En un seul tome, cela représente peu et en effet, si cette adaptation reste agréable, sa recette ne fonctionne pas à tous les moments.


Ceux qui ne connaissent pas les enquêtes de Sherlock Holmes seront surpris de découvrir celui qui a inspiré Gosho Aoyama sur Detective Conan. Chaque affaire nous mène ainsi aux côtés de Holmes et de Watson pour élucider quelques mystères. Notons alors l’ingéniosité des enquêtes qui vont au-delà de simples assassinats pour aboutir sur des résolutions passionnantes et bien pensées, mais qui ne laissent pas au lecteur la place du détective. Les indices ne sont pas clairement donnés ici, difficile de chercher le coupable et ses motifs, et la seule option est de profiter de l’enquête en tant que spectateur extérieur.


Mais de bonnes investigations n’auraient pas suffi à créer un récit intéressant, aussi Sherlock Holmes passionne grâce à son protagoniste, brillant observateur, mais aussi sociopathe cynique qui tranche avec l’enquêteur calme et charismatique que nous pouvons imaginer en temps normal. Son alchimie avec Watson, représenté ici sous les traits d’un gaillard un peu trop insouciant, fonctionne tant les deux sont diamétralement opposés et entrent en conflits aussi bien qu’ils parviennent à s’accorder.


Ce one-shot cherchant à présenter l’univers de Conan Doyle, il ne fait que traiter de l’œuvre complète autour de Sherlock Holmes dans ses grandes lignes. En somme, les affaires sélectionnées retracent la chronologie du détective de manière linéaire, passant par de grands évènements de la saga, dont l’affrontement avec le professeur Moriarty. Par cette formule, nous y voyons des avantages comme des défauts, car pour celui qui ne connaît le détective privé que de nom, ce manga est l’occasion d’avoir une vision d’ensemble des récits de Conan Doyle, les mécaniques employées et le ton utilisé. Mais pour celui privilégie des critères plus pointilleux, cette version n’est pas exempte de maladresses, et les exemples sont nombreux. L’un d’entre eux est la relation entre Sherlock et Watson, leur complémentarité, mais aussi leur amitié qui se renforce, chose que l’on a du mal à ressentir durant le titre puisque la relation reste toujours la même et ne retranscrit par aussi bien les interactions entre les deux personnages que des médias modernes ont pu le faire, notamment les deux cités plus haut. Puis vient l’énorme déception qui cible directement le professeur Moriarty, antagoniste des œuvres de Holmes et sonnant comme un pétard mouillé dans cette déclinaison. Evoqué assez vite, le personnage n’est finalement jamais traité et le récit choisit d’aller directement à la confrontation finale sans jamais décortiquer les objectifs ni les actions précises de l’ennemi. Certes, la mise en scène du court passage où Moriarty s’illustre est réussie, mais voilà qui est loin de satisfaire le lecteur qui sait que le personnage est un monstre de charisme. Enfin, comment ne pas parler de Mycroft ou Irene Adler, tant de personnages si importants, mais justes mis de côté, la faute au parti-pris de l’œuvre qui condense toute la chronologie ?


L’esthétique est très importante dans un titre comme Sherlock Holmes et là aussi, l’histoire interprétée et dessinée par Haruka Komosubi montre des qualités comme des défauts. Pour les points noirs, on retient une Angleterre Victorienne mal dépeinte, dont les architectures auraient gagné à être détaillées et mises en avant alors que les cases sont souvent vides et privilégient le blanc. Certains reprocheront aussi à l’auteure d’opter pour un style shojo très moderne, faisant de Sherlock et Watson des individus androgynes et presque juvéniles, bien que le compromis soit honoré puisque malgré ce coup de crayon, la mangaka parvient à donner aux personnages leurs caractéristiques physiques majeures et à mettre en scène un Sherlock mentalement instable et toujours cynique par les expressions qu’il arbore.


Le volume de Nobi nobi est de bien belle facture. L’objet en lui-même respecte la charte graphique de la collection des classiques littéraires et se présente comme un livre sans jaquette, très occidental dans sa forme, à la couverture rigide et au marque-page en tissu. On salue aussi la traduction de bonne facture qui respecte le style de l’histoire et n’écorche jamais les termes de l’univers de Conan Doyle.


Cette adaptation de Sherlock Holmes accomplit donc brillamment son rôle, celui de présenter ce héros à ceux qui ne le connaîtraient que de nom et présente ainsi l’œuvre de Conan Doyle de manière minimaliste en condensant l’ensemble des points de l’histoire du plus grand des détectives. En revanche, les amateurs du personnage auront davantage de mal, notamment à cause d’un récit imprécis qui ne cherche jamais à aller dans le détail. Prenons donc ce one-shot pour ce qu’il est afin de passer un moment de lecture agréable.




Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

13 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
12 20
Note de la rédaction