Séki, mon voisin de classe Vol.1 - Actualité manga
Séki, mon voisin de classe Vol.1 - Manga

Séki, mon voisin de classe Vol.1 : Critiques

Tonari no Seki-kun

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 03 Septembre 2015

Ayant débuté sa carrière dans les années 2000 et comptant déjà quelques oeuvres à son actif, Takuma Morishige est loin d'être un débutant et a su se tailler une petite réputation flatteuse dans son pays, que ce soit grâce à ses débuts auréolés du prix Tetsuya Chiba catégorie débutant, ou grâce à son lien de parenté avec une autre mangaka très connue : il est le petit frère d'Akiko Higashimura, à qui l'on doit notamment Princess Jellyfish (une autre série découverte en français grâce à Akata, les choses sont bien faites).
Pourtant, cet auteur d'une grosse trentaine d'années était jusqu'à présent totalement inédit chez nous... Ce n'est désormais plus le cas puisque nous pouvons maintenant profiter de ce qui est à ce jour son plus gros succès : Tonari no Seki-kun, en France Séki, mon voisin de classe, un titre fort de sa sélection au Prix Manga Taishô 2012, de ses 3 millions d'exemplaires vendus au Japon en seulement 7 tomes, et de sa populaire adaptation animée en 2014 qui est disponible chez nous sur Crunchyroll.

Commençons par saluer l'initiative des éditions Akata, car la série s'inscrit dans un genre souvent casse-gueule en France : la comédie pure et dure. Nous y découvrons Rumi Yokoï, une élève qui se veut sérieuse et studieuse... mais qui doit tous les jours composer avec les frasques de son voisin de classe, Séki, bien moins occupé à écouter les cours qu'à se trouver de nouveaux jeux pour tuer le temps ! Dans chaque chapitre d'une dizaine de pages, celui-ci amène en classe de quoi s'amuser : un jeu de go, des dominos, un jeu d'échecs, des robots, du sable, ou même des chats... Tandis que personne, pas même le prof, ne capte quoi que ce soit à la situation, Rumi, elle, ne peut qu'observer les délires de son voisin, délires allant souvent très loin puisque Séki, à l'imagination débordante, ne suit jamais l'utilisation de base de ses jeux.

Le concept de la série est on ne peut plus simple : chaque court chapitre, indépendant, suit le même schéma où Rumi réagit face aux nouveaux délires de Séki. Le cadre reste exclusivement scolaire, est essentiellement situé dans la salle de classe, mais s'offre de temps à autre quelques échappées ailleurs : en salle de chimie, en cours de gym, en plein exercice d'alerte incendie... Etant donné le choix de ce format assez linéaire et quelque peu restreint, il est évidemment important de savoir renouveler les situations, et de ce côté-là l'auteur fait des merveilles sur ce seul premier tome, principalement grâce à deux personnages principaux parfaitement campés !

Commençons par Séki, qui n'a rien du "cancre" habituel. Passant ses heures scolaires à tuer le temps, il ne se contente pas de jouer de façon basique, mais amène en classe toutes sortes de choses qu'il va souvent utiliser de manière détournée, comme c'est le cas pour le puzzle avec lequel il crée une pyramide, les dominos avec lesquels il invente un parcours totalement improbable, le jeu de mahjong qui devient le théâtre d'une lutte historique, les robots avec lesquelles il confectionne une jolie petite famille... Et pour parfaire ses idées, le jeune garçon n'hésitera pas à bricoler son bureau, à inventer de nouvelles choses... Il faut le voir en action pour le croire, et à l'instar de Rumi, on est plus d'une fois curieux de découvrir ses nouvelles idées ! Le roi de l'imagination est là, et il fait un bien fou, sans doute encore plus dans son pays d'origine où il pourrait représenter un idéal de liberté créatrice face à une société réputée comme trop castratrice.
Face à lui, Rumi, censée être son opposée tant elle se veut sérieuse... et qui est pourtant la première à toujours suivre Séki. Car quand on a un voisin comme ça, on a vite fait de se montrer curieux, et la pauvre jeune fille n'a pas fini de nous le prouver. A chaque fois, elle se fait embarquer bien malgré elle est sans que Séki ne la cherche, et la variété de ses réactions est un véritable moteur de l'humour. Parfois, elle tente de remettre Séki sur le droit chemin, et ça lui retombe souvent dessus d'amusante manière. A d'autres reprises, elle décide carrément de participer en bien ou en mal à ses délires, par exemple quand elle pense que le jeune garçon agit pour une bonne cause... et elle finira évidemment par tomber de haut. Et quand, en observant Séki, elle laisse vagabonder son imagination pour se créer des histoires, c'est souvent là qu'elle est la plus délicieuse tant elle est capable, elle aussi, de partir très loin dans ses trips, voire encore plus loin que Séki. De ce fait, plus que le contraire de Séki, Rumi est plutôt l'élément indispensable pour faire encore mieux ressortir la créativité de l'adolescent.

On pourrait également voir un peu ce "couple" comme une nouvelle interprétation du Manzai, cette forme d'humour typiquement nippone basée sur un duo aux caractères opposés, d'un côté le tsukkomi sérieux et rationnel (ici Rumi), et de l'autre le boke plus extravagant et outrancier (Séki). En tout cas, Takuma Morishige parvient très bien à se réapproprier cette vieille recette pour proposer des gags qui fonctionnent de mieux en mieux, sitôt que l'on s'est habitué au schéma. En plus des frasques du duo en elles-mêmes, le mangaka crée constamment un décalage assez délicieux entre l'exubérance et l'ampleur des jeux de Séki, et le cadre tout à fait ordinaire et réaliste de la salle de classe. Dans la réalité, il serait impensable que les profs et les autres élèves ne remarquent pas les frasques du garçon, pourtant ici personne ne capte hormis Rumi, ce qui accentue joliment le côté loufoque (presque absurde) et le comique de situation.
Et parlons justement des autres personnages : s'ils restent très discrets, certains se mettent gentiment en place, comme Maéda le voisin de devant qui subira parfois les frasques de Séki sans s'en rendre compte, Uzawa qui mettra en danger les jeux de notre héros à cause de son côté mêle-tout presque égoïste, ou Tomoka Hashino, une amie de Rumi.

Du côté des dessins, le cadre réaliste basique permet à l'auteur de se concentrer surtout sur ses deux personnages principaux et sur leurs délires, grâce à un coup de crayon simple, mais expressif et efficace, dont l'aspect un peu rond apporte également une petite touche plutôt chaleureuse, voire mignonne.

De par son format typique de gag manga, avec ses courts chapitres indépendants ayant pour vocation première de faire rire ou simplement sourire, Séki, mon voisin de classe pourrait demande aux lecteurs un petit temps d'adaptation sur ses premiers chapitres. Mais une fois qu'on est dedans, c'est un bonheur, une ode à l'imagination, à la créativité et à l'amusement qui se dégustera peut-être encore mieux à petite dose, en se replongeant de temps à autre dans quelques chapitres pris au hasard.

Le gag manga étant généralement peu vendeur en France, espérons que l'initiative d'Akata soit payante, d'autant que la très réussie adaptation animée pourrait aider, et que l'édition est très agréable à prendre en main grâce à son papier épais et souple, sa traduction fluide et vivante, son bon travail sur les choix de police et sur les onomatopées, et ses quelques notes de traduction sur certains éléments typiquement nippons (même si certains éléments eux aussi très typiques, comme les mille grues, auraient eux aussi mérité quelques notes). Notons aussi le joli travail sur le logo-titre !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs