Masque de Fudo (le) Vol.1 - Actualité manga

Masque de Fudo (le) Vol.1 : Critiques Brume

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 17 Février 2016

Saverio Tenuta est un auteur italien de bande dessinée qui est passé par bien des éditeurs, de Marvel à Métal Hurlant en passant par DC Comics. Il démarre en 2006 une saga intitulée La Légende des nuées écarlates avec un premier cycle achevé en quatre tomes et un second, Izunas, toujours en cours avec deux opus au compteur. Avec Le Masque de Fudo, le dessinateur et scénariste enrichit son univers avec une série qui se centre sur le personnage homonyme. Pour les adeptes de la saga, voilà un enrichissement supplémentaire à La Légende des nuées écarlates tandis que les nouveaux venus peuvent y voir une porte d’entrée vers la fresque de Saverio Tenuta, avec l’exploration du passé d’un personnage bien complexe…

Sous l’ère Shiranui, le Bafuku règne en maître malgré l’influence du dojo Dôkutsu, groupe sous la direction de Fudo. Le visage dissimulé par un masque, il n’a pas besoin de hausser la voix pour effrayer les populations locales… Mais qui est réellement Fudo ? Alors qu’il était enfant, il portait l’identité de Shinnosuke et malgré sa condition sociale basse, il se contentait de protéger sa jeune sœur tandis que sa mère, malade, le dénigrait. Petit à petit et depuis la découverte d’un masque abandonné, la vie de Fudo va prendre un tournant différent et entre rébellion et souffrance, le puissant samouraï s’éveillera petit à petit.

Le Masque de Fudo étant la troisième série d’une même saga, on pourrait craindre d’être perdu pour quiconque se lancerait pour la première fois dans l’œuvre de Saverio Tenuta. Fort heureusement, les premières pages de ce premier volet nous mettent rapidement en confiance, présentent le contexte historique dont chacun peut prendre connaissance en deux cliques sur la toile, ainsi que l’intérêt du Dôkutsu dirigé par Fudo. Que le lecteur connaisse déjà ou non, le personnage apparaît déjà comme effrayant, mais charismatique, une simple note qui donne envie de découvrir celui qu’il est ou qu’il a été, ce que propose la suite du volume qui, en voulant expliquer la naissance du guerrier Fudo, raconte une histoire qui trouve un semblant de conclusion sur les dernières pages bien qu’après cette étape, le passé du personnage reste encore entouré de bien des mystères.

Alors, le cœur du récit est bien l’enfance du personnage. L’enfant qu’est Shinnosuke nous apparaît alors comme quelqu’un de juste et vaillant, aux antipodes du glaçant personnage rencontré aux premiers instants de ce volet. L’intrigue insiste sur le contexte qui entoure le jeune homme et les siens, les difficultés liées à sa situation sociale, la haine qu’il subit de la part de sa mère et l’attache profonde qu’il entretient avec sa sœur. En somme, c’est presque un héros ordinaire qui nous apparaît, mais un héros attachant qu’on imagine sortir victorieux de bien des situations, ce genre de protagoniste qui parviendra à sortir sa sœur cadette de tout mauvais pas.
De cette manière, les péripéties qui construisent le tome ne sont que plus cruelles, autant pour les personnages que pour le lecteur, car comme chacun pouvait s’y attendre, c’est le début d’une descente aux enfers qui attend Shinnosuke qui, aveuglé par son désir de bienfaisance familiale, entame une vraie rébellion contre les classes supérieures, vendetta qui lui coûtera bien cher. Tout est alors mis en place pour qu’on apprécie Shinnosuke qui deviendra un être visiblement malfaisant, et rend par conséquent le personnage de Fudo hautement charismatique. L’humanité de l’enfant contredit le masque qu’il ne quittera pas et de la sorte, on est impatients de lire la suite de sa montée, de voir comment Shinnosuke perdra toute son humanité.

L’art de Saverio Tenuta aide à nous projeter dans ce Japon médiéval aux conditions de vie rudes pour le petit peuple. Le dessin de l’auteur s’apparente à une succession de tableau, des tableaux qui jouissent d’un sens du détail incroyable à observer et qui retranscrivent avec justesse les environnements de ce Japon féodal qui symbolise toute la documentation effectuée par l’auteur et sa passion pour le pays du Soleil Levant. Le travail graphique sur les personnages est tout aussi remarquable puisque ces derniers sont dépeints avec un grand réalisme, que ce soit au niveau des styles vestimentaires d’époques minutieusement retranscrits, leurs traits physiques respectés ou l’accent mis sur les expressions de visages qui donnent –ou non– beaucoup d’humanité aux personnages, en particulier à Shinnosuke et sa petite-sœur auxquels on s’attache encore plus facilement, rendant les événements de ce volume parfois difficilement soutenables. En fait, le trait de Saverio Tenuta s’apparente tellement à celui d’un peintre qu’on peut aisément feuilleter l’ouvrage sans lire une seule bulle, dans une optique purement contemplative.

Les Humanoïdes Associés proposent ici une édition qui facilite notre immersion. L’ouvrage est en très grand format, même pour une bande dessinée, le meilleur choix possible pour honorer le travail graphique de l’auteur. Le reste est sans fausse note, de même pour l’impression de bonne facture qui respecte le travail de couleur initial.

Troisième série de La Légende des nuées écarlates, Le Masque de Fudo choisit de raconter le passé d’un personnage phare et de faire des parallèles avec le présent, le tout en rendant l’histoire accessible aussi bien aux connaisseurs de l’épopée qu’aux néophytes. Entre humanité et cruauté, Saverio Tenuta construit habilement le récit d’un personnage charismatique qui passionne d’un bout à l’autre, le tout porté par un dessin aussi riche en détail qu’en choix esthétiques, le rendant propice à la contemplation. Fudo a maintenant revêtu son masque, on attend maintenant avec impatience la suite de sa descente aux enfers.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
17 20
Note de la rédaction