OTRAM - Actualité manga

Interview de l'auteur

La Japan Expo, c'est aussi l'occasion pour de jeunes auteurs très inspirés du manga de se faire connaître. Nous avons ainsi pu rencontrer Otram, auteur de Dreamseekers chez Paquet.




Mangas-News : Otram bonjour!
Otram : Bonjour.

Peux nous parler de ton parcours?

Avant de faire Dreamseekers, j'ai fait une école d'arts appliqués, l'EPSAA. On y apprend tout ce qui est communication visuelle, comment composer une image. J'y ai appris les bases : perspectives, proportions... Pour ce qui est du manga et de la bande-dessinée, j'ai appris en faisant partie d'un atelier qu'on a fondé avec des amis. On est tous passionné de mangas et de BD, chacun réalise son projet et ça crée une sorte d'émulation. On se motive les uns les autres. Certains d'entre nous ont été édité chez vents d'ouest, d'autres vont rejoindre Ankama. On se serre les coudes, c'est une bonne manière de progresser.

« Otram » ça vient d'où?

Tout simplement Bruno Tran. O Tran que certains prononcent Tram. Otram, il n'y a pas de grand mystère derrière.

As-tu bataillé longtemps pour imposer ton travail? Comment s'est passé la rencontre entre Paquet et toi?

Avant de faire du manga, je démarchais beaucoup dans la BD européenne pendant à peu près 3 ans. C'était pas du tout évident. En fait je m'y prenais de la mauvaise manière : envoyer un dossier par la poste, ça ne marche jamais. Ce qu'il faut faire envoyer un truc par Internet pour se faire connaître puis aller rencontrer les éditeurs directement sur les salons avec le dossier sous le bras. Ca permet de se faire remarquer. C'est comme ça que ça s'est passé avec Paquet, j'ai les ai rencontré à Saint-Malo et quelques mois plus tard j'ai été contacté par téléphone.

Tu leur avais déjà présenté ta série « Dreamseekers »?

Oui. Mais elle a un peu changé quand même, notamment au niveau du scénario.

C'est l'éditeur qui t'a réorienté ou c'était une décision personnelle?

C'est l'éditeur. Il fallait que je présente mieux l'univers que j'avais créé. J'ai donc retravaillé le premier tome qui est un véritable tome d'introduction, où j'explique les règles de cet univers. A la base, j'empiétais déjà sur le second tome.

Préfères-tu qu'on parle de « manga à la française » ou de « franco-belge façon manga »?

Manga à la française, parce que je considère que je suis plus dans le manga. Et je pense que ça se verra mieux dans le tome 2.



Quels sont selon toi les atouts de ce type de mélange?

C'est un peu un pari qu'on a fait avec Paquet. On voulait faire quelque chose dans le quel les lecteurs de manga puisse se reconnaître et en même temps garder des codes du franco-belge pour que les lecteurs qui n'auraient pas acheté de mangas puissent s'y intéresser. Le gros risque c'est que ça ne plaise à personne (rires). Mais je suis assez content des échos que j'ai pendant les dédicaces ou sur Internet.

Qu'est ce que tu penses du terme « global manga » qui est en train d'émerger?

J'aime pas beaucoup ce terme, c'est assez réducteur. Selon les pays, il y a vraiment des choses très différentes. Par exemple, on peut trouver beaucoup d'auteurs sud-américains sur Internet en ce moment qui vont faire des choses très différentes des européens. C'est pas le même genre d'influences, de traits. « Global manga » c'est peut-être un peu trop large.




Quelles sont tes influences en général?

J'ai des influences franco-belge assez fortes, notamment François Schuiten et Toppi, l'école italienne Battaglia, Frazetta. Et au niveau du manga, le tout premier a été Blame!. C'était une révélation. Après j'ai découvert Miura (Berserk), Miyazaki, Urasawa... A terme, ce qui me plairait c'est d'arriver à raconter une histoire presque en « muet » un peu comme Nihei.

Les lecteurs de mangas apprécient particulièrement la régularité des sorties des nouveaux volumes. Ceci est-il entré en ligne de compte pour ta série?

Au début du premier tome je n'étais pas du tout au « rythme manga ». Je faisais dans les 1 planche tous les deux jours. Au fur et à mesure, j'ai pris des automatismes pour le découpage, le dessin des personnages. Aujourd'hui, je fais 2 planches voire 2 planches et demie par jour. Le tome 2 sera fini cet été et devrait sortir vers la rentrée

Organises-tu tes journées de façon particulière? Travailles-tu seul ou entouré?

En fait je travaille toujours en atelier avec des amis. Ca me fait des journées bien chargées. Je fais pas grand chose à part ça.

Sur le rabat de « Dreamseekers » on peut lire qu'il s'agit d'un premier cycle. As-tu déjà tout prévu? Sur combien de tomes penses-tu étaler la série?

Le premier cycle est déjà calé. Avec l'éditeur, on a prévu trois cycles de trois tomes. Et si la série marche je peux faire plus d'un dizaine de volumes, j'ai plein d'idées, plein de choses à raconter. Mais je sais comment la série va finir, je sais où je vais.

Comment présenterais-tu ta série à quelqu'un qui ne la connais pas?

C'est l'histoire d'un personnage qui se retrouve dans un monde onirique, où on peut faire apparaître ce à quoi on pense. On peut y créer son coin de Paradis. Mais le problème, c'est que ça ne marche pas pour le personnage principal. Ce à quoi il rêve se transforme de manière incontrôlable. Il va essayer de comprendre la cause de tout ça mais certaines personnes qui sont plus au courant se servent de lui. D'où le titre du premier tome : « les armes oniriques ».

Merci.
Ce fut un plaisir.




Le blog d'Otram : http://dreamseekers.paquet.li/


Entretien réalisé par Blacksheep (Juillet 2008)