Découvrez notre interview de Toan, l'auteur de Run to Heaven

Sorti en juin 2024 aux éditions Ankama, le tome 1 de Run to Heaven a été une déflagration pour beaucoup de lecteurs, et s'est hissé directement parmi nos plus gros coups de cœur de l'année dernière. Cette oeuvre s'était d'abord faite connaître dans le milieu amateur, via une auto-édition lancée en 2021 et ayant tapé dans l'oeil de pas mal de fans, avant que son auteur Toan ne se voie donc offrir par Ankama l'opportunité d'en faire une série professionnelle revue et corrigée. A l'occasion de la sortie du 2e volume il y a quelques jours, nous vous proposons donc de découvrir notre longue interview avec ce jeune artiste passionnant, que nous avons eu l'occasion de faire l'été dernier lors de Japan Expo !

L'histoire de Run to Heaven prend place dans notre monde, mais dans un futur hypothétique où, en 2036, on découvre l'archipel d'Arrecquero, un ensemble de deux îles du pacifique tourmentées par la guerre depuis plusieurs années. Notre héroïne, Fee, est une adolescente vivant au Sud, en âge d'aller au collège, mais préférant passer son temps à sécher les cours pour courir le long du littoral en attendant et en espérant le retour de sa mère, amirale actuellement partie au front à bord d'un navire de guerre. Chérissant le vieux walkman à cassettes audio que sa génitrice lui a laissée, la jeune fille ne se sent pas forcément malheureuse: même si son côté solitaire lui vaut d'être brimée par certains adolescents, son père veille sur elle tout en lui cachant sa maladie, elle a quand même quelques amis comme Sam, secrètement amoureux d'elle, aura bientôt l'occasion de sympathiser avec une camarade de classe nommée Camille qui la stimule beaucoup en lui parlant de ses rêves, et se découvre même une passion ne demandant qu'à se développer pour la course, où elle excelle même avec les pieds nus, et qui lui donne l'impression de pouvoir atteindre son rêve de pouvoir voler. Mais les petites joies du quotidien sont menacées à tout moment par l’horreur et les tragédies de la guerre, et bientôt c'est pour sa liberté et son avenir que l’adolescente va devoir courir.





Toan, merci d'avoir accepté cette interview. Tu as d'abord suivi une formation d'ingénieur avant de te réorienter dans une école de graphisme. Qu'est-ce qui a motivé ce choix ?


Toan : Le plaisir est partagé ! Je me suis rendu compte que la filière de prépa dans laquelle j'étais ne m'intéressait pas, et que je passais mon temps à dessiner même pendant les examens (rires). Clairement, il y avait une erreur de vocation.



Après ta reconversion, tu es devenu storyboarder freelance pour la réalisation de clips musicaux et de publicités dans le domaine du luxe. Quel souvenir gardes-tu de cette expérience, et que t'a-t-elle appris ?


Je pense que ça m'a surtout appris à travailler assez vite et dans des conditions assez intenses. Ca m'a permis également à mieux comprendre comment aller au plus simple ou au plus efficace en matière d'angles de vue et de narration.



Penses-tu donc que cela t'a ensuite été utile sur Run to Heaven ?


Je pense que oui, d'autant que Run to Heaven est un peu une compilation de tout ce que j'ai pu faire auparavant. Et en même temps, la BD, c'est assez différent du cinéma, et de manière générale je suis quand même plus influencé par les mangas et autres formes de BD que j'ai pu lire. Dans mes travaux sur des clips et pubs j'étais un peu devenu un spécialiste du grand angle et de la déformation (exagérations, allongements des jambes, jeu sur les perspectives...), donc je dirais que ça m'a été utile sur Run to Heaven sur ce plan-là en particulier.



Et finalement, qu'est-ce qui t'a ensuite poussé plus précisément vers la création de manga ? Dessinais-tu déjà avant ?


Je dessine de la BD depuis que je suis tout petit. Après, au départ je n'étais pas forcément fixé sur le format manga, et pour être franc auparavant je n'avais jamais lu de mangas français, je pensais que ça n'existait pas de façon aussi développée. C'est seulement à partir de 2020, quand un scénariste m'a contacté pour me proposer de faire du manga avec lui, que j'ai pris conscience que le manga français existait. Ensemble on a travaillé sur quelques one-shot. J'ai aimé ça, et ça m'a convaincu de faire de Run to Heaven un manga.



As-tu des oeuvres et auteurs de référence dans le domaine du manga ?


Yukito Kishiro, Hiroaki Samura, Takehiko Inoue... Ces auteurs prennent toujours des risques dans leur manière de raconter des histoires, ils les narrent vraiment à leur manière, et je trouve ça fantastique. Ils ont une vraie personnalité.




En 2021, tu as remporté la première place du concours manga MAGIC à Monaco en tant que dessinateur, ce qui t'a permis de faire publier ton one-shot Imago dans le Shonen Jump + des éditions Shûeisha au Japon. Peux-tu nous parler un peu de cette expérience et de ce qu'elle t'a apporté ?

C'est justement l'une des œuvres que j'ai dessinées avec le scénariste dont je parlais juste avant. J'ai trouvé ça assez fun à faire, je me suis beaucoup amusé sur les designs des personnages où je suis revenu à quelque chose d'assez stylisé. Et puis, alors que j'étais un artiste très solo avant, travailler avec quelqu'un m'a permis d'avancer un peu plus dans ma manière de réfléchir. On avait pour projet d'en faire ensuite une série mais ça n'a pas pu se concrétiser, les éditeurs refusaient car ils trouvaient no dessin trop hybride, trop « mi-manga mi-comics ». Cependant, cette expérience a été très stimulante et m'a boosté dans mes projets personnels, à commencer par Run to Heaven.


Parlons désormais de Run to Heaven. Cette oeuvre s'était d'abord faite connaître dans le milieu amateur, via une auto-édition lancée en 2021 et ayant tapé dans l'oeil de pas mal de fans. Peux-tu nous dire quelques mots sur ce projet initial ?

A la base, j'ai fait ce one-shot en même temps que le projet Imago. Avec le scénariste, on comptait se présenter au concours Tezuka en 2020, et c'est dans cette optique que sont nés Imago et Run to Heaven., le premier avec le scénariste tandis que le deuxième était entièrement de moi. Par la suite, les deux projets ont été refusés par le concours, mais ça m'a donné envie de continuer. Imago a rencontré le succès au MAGIC. Quant à Run to Heaven, j'ai gardé le projet de côté pour le développer et faire d'autres chapitres dessus, jusqu'à aboutir à un très gros one-shot que j'ai commencé à vendre en auto-édition. C'est un peu plus tard que j'ai déposé un dossier d'édition dessus chez des éditeurs, jusqu'à attirer l'attention d'Ankama.


L'auto-édition de Run to Heaven.



Justement, tu t'es ensuite vu offrir par Ankama l'opportunité d'en faire une série professionnelle revue et corrigée par rapport au one-shot. Comment est née exactement cette collaboration avec Ankama ?

Je dirais que d'un côté je suis allé vers eux, et que d'un autre côté ils m'avaient déjà repéré. Je crois que mon auto-édition avait fait beaucoup parler d'elle, car quand j'ai envoyé un mail à la personne qui allait devenir mon éditrice chez Ankama, elle m'a répondu qu'elle comptait justement m'envoyer elle aussi un mail. On s'est donc très vite entendus car on avait déjà envie de travailler ensemble, donc ça s'est fait très naturellement.


Sans spoiler, quelles différences, changements, enrichissements as-tu pu apporter à la version d'Ankama par rapport à l'auto-édition ?

Beaucoup plus de développements, de temps pris pour raconter l'histoire, de violence aussi... Beaucoup plus de tout, finalement (rires).


Visuel d'annonce de Run to Heaven par Ankama.



L'histoire prend place dans notre monde, mais dans un futur hypothétique où, en 2036, on découvre l'archipel d'Arrecquero, un ensemble de deux îles du pacifique tourmentées par la guerre depuis plusieurs années: tandis que l'île du Nord est soutenue par la Chine communiste, l'île du Sud est protégée par les américains capitalistes, et les habitants rêvent surtout de retrouver leur indépendance et la paix. L'archipel a beau être fictif, tu sembles avoir puisé ton inspiration dans notre réalité pour l'imaginer, le contexte nous faisant notamment penser aux deux Corée, à Taïwan, au Vietnam, ou encore au Japon d'après-guerre par certains aspects. Du coup, quelles ont été tes inspirations précises pour l'imaginer ?

Je dirais que ça m'est surtout venu de la guerre du Vietnam, avec cette idée de guerre civile entre deux camps qui sont partagés entre nord et sud et qui sont soutenus chacun par un grand bloc différent. Cependant, je n'avais pas envie d'en faire un documentaire, ni que ce soit très précis historiquement. Je voulais m'inspirer d'un conflit réel dans les grandes lignes pour ensuite le reporter sur une île fictive, afin d'ensuite aborder un contexte géopolitique un peu différent et de me concentrer sur une histoire plus personnelle. Et puis j'aime beaucoup, justement, le fait que quand les gens voient ça ils s'interrogent sur les influences, cherchent les rapports... je trouve ça marrant de laisser les lecteurs s'imaginer des trucs et un peu douter sur les ressemblances avec telle ou telle chose de notre réalité. Il y a un peu un jeu là-dedans.


Etant un peu solitaire en plus d'être fille d'une amirale parfois critiquée, Fee est la cible de moqueries et brimades de la part de certains autres adolescents. En quoi cela te semblait important d'évoquer ce sujet ?

(Toan réfléchit) Hmmm... C'est intéressant comme question. En fait, comme Run to Heaven n'est pas un manga porté sur l'action (Fee ne va pas se bagarrer), j'avais forcément envie d'avoir une héroïne à première vue un peu faible mais qui va révéler que sa véritable force est intérieure, avec une profonde volonté. Elle va se battre pour les choses qui lui tiennent à cœur, mais pas avec ses poings ou avec des armes. C'est en partie ça que je voulais exprimer en en faisant une héroïne qui est moquée et brimée mais qui ne se laisse pas abattre face à ça, bien au contraire. Et je souhaitais également exprimer un peu la violence que peuvent avoir les enfants entre eux : parfois ils commettent des choses très dures, sans avoir en quelque sorte totalement conscience de leur portée. Enfin, il y a cet aspect sur le fait que Fee soit solitaire et qu'en même temps, inconsciemment, elle a envie d'aller vers les autres en créant des liens : j'avais envie de mettre cette idée en avant, mais je ne pense pas pouvoir vous dire pourquoi dans l'immédiat.




Un autre sujet important concernant Fee, c'est son talent à la course bien sûr, qu'elle pratique même pieds nus. Pourquoi ce sport-là et, plus généralement, ce talent-là ?

Pour l'idée de liberté que ça dégage. Il y a un plusieurs sens là-dedans : on peut avoir envie de courir pour fuir, mais aussi pour se sentir libre, se battre et gagner. Je trouve ça formidable de pouvoir jouer là-dessus.


Pendant la majeure partie du tome 1, tu t'appliques surtout à présenter la vie de Fee et de son entourage, dans un contexte pas toujours évident où chacun peut avoir ses problèmes plus ou moins graves, à l'image de la menace de la guerre mais aussi de la maladie du père de notre héroïne, des brimades qu'elle subit, du manque qu'elle ressent face à l'absence de sa mère, ou même des difficultés qu'a Sam pour lui déclarer sa flamme. Décortiquant soigneusement ces différentes figures et leurs problèmes, tu les rends particulièrement humaines, surtout en les ancrant bien dans leur quotidien, en nous invitant à entrevoir leurs rêves et désirs, en leur faisant vivre des moments mine de rien importants voire salvateurs comme la fête du sport du collège... En quoi présenter ce quotidien et ses nombreuses facettes différentes te semblait important ?

En général, dans la grande majorité des films de guerre que je voyais, on avait un point de vue américain ou militaire, et du coup j'avais vraiment envie de me focaliser sur les « oubliés », c'est-à-dire les civils qui tentent de continuer de vivre leur vie de tous les jours dans un contexte pareil. Je vais faire un peu un rapport avec 20th Century Boys, qui est un de mes mangas préférés : dans ce manga Naoki Urasawa parle vraiment de petites gens de la vraie vie, qui n'ont rien d'héroïque à la base, à l'image de Kenji qui travaille dans une supérette. Pour ça c'est un manga qui me touche beaucoup, et j'avais envie de suivre un peu la même optique, en montrant comme des gens simples doivent vivre avec un contexte qui les dépasse, sans parler de bien ou du mal entre les deux camps qui se font la guerre.


Il y a aussi l'idée que les jeunes dans la série ont toute la vie devant eux pour dépasser les limites que les adultes et notamment leur guerre leur imposent. La jeunesse face au monde adulte, en quoi est-ce un sujet qui t'intéresse ?

C'est vrai que le tome 1 parle beaucoup de confrontation entre les enfants et les adultes. C'est un peu un cycle perpétuel. Enfants et adultes se répondent continuellement, ça fait un peu partie des péripéties habituelles de l'être humain. Et puis il arrive toujours un moment où, quand les adultes échouent à assurer leur rôle ou disparaissent, les enfants se prennent en mains et apprennent à se dépasser pour à leur tour avancer, et je trouve ça assez beau.




Il y a une ambiance assez rétro dans la série alors qu'elle se passe dans le futur, et pas mal de détails notamment graphiques donnent ce sentiment, ne serait-ce que le walkman de Fee. Est-ce quelque chose auquel tu as fait très attention ?

Je pense que oui. Il y a une sorte d'anachronisme dans cette histoire où on est dans le futur mais où la vie de l'île semble coincée dans le passé, y compris dans le cas de Fee qui court pour son avenir. J'aime beaucoup l'idée de confrontation entre le passé et l'avenir. Il y a des personnages qui sont torturés par le passé et qui utilisent la violence pour fuir, et d'autres qui courent pour atteindre leur futur. J'aime ce paradoxe, et de manière générale il y a beaucoup de choses qui fonctionnent sur les paradoxes dans Run to Heaven.


De manière générale, les décors sont foisonnants et recherchés. Quelles ont été tes sources d'inspiration voire ta documentation pour les concevoir ?

Il y a plein de choses, beaucoup de mélanges. Par exemple, j'aime traîner sur Google Maps, et il y a des lieux qui m'inspirent aussi bien en France qu'à l'étranger. Quand je tombe sur ce genre de lieux, je me dis par exemple que certains éléments pourraient se retrouver dans la flore ou dans l'habitat de l'île de Run to Heaven. Il n'y a donc pas de sources très précises, c'est un mélange de diverses petites choses que je pioche par-ci par-là.


Un autre élément participant bien à l'ambiance, ce sont les petites références musicales qui collent souvent bien au propos ( "High Hopes" de Pink Floyd en tête, un régal à avoir en tête à un certain moment du récit, quand on connaît cette chanson). Pourquoi ce choix, et comment choisis-tu les morceaux qui vont être évoqués ?

En fait, chaque morceau de musique est une introduction à un personnage, et est choisi pour refléter sa personnalité. Après, il peut y avoir plusieurs interprétations par rapport à la chanson, on peut se demander pourquoi tel personnage chante ça, et c'est une manière que je trouve assez esthétique pour présenter les personnages et pour installer une tonalité spécifique et marquante autour de chacun d'eux. Associer un personnage à une musique me plaît énormément.




Pour revenir sur l'aspect visuel, il y a aussi des trouvailles graphiques qui nous imprègnent (à commencer par certains gros plans sur les yeux), des variations de style de dessin lors de certains moments très marquants, et un grand talent pour installer des ambiances en se focalisant sur plein de petits détails (une tasse qui fume, des pieds dans l'eau, des oiseaux qui volent, ou même du sang qui goutte depuis une feuille, une batte abîmée dans l'herbe...). Comment réfléchis-tu ce rendu visuel ?

C'est vrai que ce ne sont pas forcément des choses qui ont l'air importantes au premier abord, mais j'essaie toujours d'apporter un contexte sans forcément le dire par des textes, et en incitant le lecteur à bien observer les détails de l'environnement pour le comprendre. Par exemple, voir un panneau abandonné sur un bout d'herbes est censé inciter le lecteur à se demander s'il s'est passé quelque chose pour que ce soit comme ça. Les décors ont une histoire, et peuvent aussi représenter un symbole. Et j'essaie alors de faire en sorte que chaque moment puisse rester un peu iconique. Par exemple, avant que Camille n'arrive dans le jardin de fleurs, on a déjà un petit aperçu de ce jardin juste avant, via des petits teasings. Egalement, j'avais envie que chaque scène calme soit aussi travaillée que les scènes d'action et les moments plus importants et forts.



Revenons plus spécifiquement sur la dernière partie du tome qui, sans spoiler, amène un énorme changement de ton. On a une mise en scène brutale et un rendu très violent et sans la moindre concession qui ont de quoi marquer au plus haut point et cristalliser toute l'horreur de la guerre. C'est rude et cruel dans la façon de montrer quand tout ce en quoi l'on croit et tout ce dont on rêve s'envole en fumée, ce qui ne fait que renforcer admirablement le propos. Quels étaient ton but exact et ton état d'esprit en opérant un tel changement de ton ?

C'est justement tout le thème du manga. On parle souvent d'être fair-play dans le sport, et j'avais envie de parler de sport. Mais en même temps, dans la vie, rien n'est fair-play. Alors, comment avancer avec cette réalité-là ? Ce que je trouve passionnant, c'est de voir comment un personnage va  trouver sa réponse à cette question, quand on comprend que ce que l'on pense acquis (la vie, la paix...) ne l'est en réalité pas du tout. Par exemple, comment les gens qui restent vont continuer de vivre quand d'autres sont partis injustement et brutalement.


Ankama a-t-il un droit de regard sur l'oeuvre ou es-tu totalement libre ?

L'éditeur regarde, vérifie, mais au final je suis plutôt très, très libre. Même dans ce qui aurait pu rebuter, comme le gros changement de ton évoqué juste avant et pour lequel je n'étais pas entré dans les détails auprès de mon éditrice, ça a été au final très bien accepté. Je suis content, car Ankama a l'air de bien adhérer à mes idées. Et quand il y a des demandes de modification, ce sont généralement des petits détails de dialogues pour faciliter la compréhension.




Enfin de ce qu'on a lu la série est prévue pour totaliser 5 tomes. Confirmes-tu ? As-tu déjà tout le scénario en tête d'un bout à l'autre ?

La série fera effectivement 5 tomes. J'ai déjà écrit la fin, et j'ai en tête toutes les grandes lignes de toutes les péripéties. J'ai donc à peu près tout, mais il reste le challenge de réussir à tout raconter et compacter. Et puis, il y a toujours des choses qui peuvent changer en fonction de ma propre évolution. Par exemple, quand j'ai fini le tome 1, je n'étais plus du tout la même personne que quand je l'ai commencé.


Interview réalisée par Koiwai. Un grand merci à Toan, aux éditions Ankama et à Japan Expo !