Notre 1er avis sur Samurai 8 : Hachimaruden

Avec sa série Naruto, succès dans le monde entier, Masashi Kishimoto s'est affirmé comme un mangaka shônen important des années 2000 et début 2010. Si son œuvre trouve ses détracteurs et si l'arc final a mécontenté nombre de lecteurs, l'impression générale est celle d'un manga qui a su accompagner une génération de lecteurs, et marquer son époque à sa manière.
Le style graphique de Masashi Kishimoto a contribué, l'auteur présentant une patte personnelle, de même pour sa construction d'univers qui associait le mythe du ninja et autres légendes nippones à une dimension de plus en plus actuelle, notamment par la présence de technologie.


Alors, l'annonce d'une nouvelle série du maître a forcément de quoi réjouir, ou au moins susciter la curiosité. Pourtant, Samurai 8 : Hachimaduren n'est pas entièrement l’œuvre de Masashi Kishimoto. Certes, le mangaka en conçoit l'histoire, mais c'est un de ses anciens assistants qui est en charge de la partie graphique, Akira Ôkubo, qui signe sa première série. Un point qui est loin d'être anodin et qui pourra être apprécié sur le long terme. Car dans Naruto, l'aspect scénaristique est central, et beaucoup reprochent à Masashi Kishimoto de s'être éparpillé sur la fin de la série. Alors, si l'auteur n'endosse que la casquette de scénariste, cela pourra se ressentir sur l'impact narratif de cette nouvelle histoire, sur le long terme bien évidemment.

Œuvre attendue chez nous, Naruto ayant un grand succès en France, Samurai 8 : Hachimaruden est lancé en grandes pompes par les éditions Kana, le premier chapitre étant rendu gratuitement disponible sur internet, et légalement, en simultanée avec la parution japonaise qui a lieu dans le Shônen Jump. Cette initiative sera presque calquée sur la suite du manga puisque les prochains chapitres du premier tome seront aussi proposés légalement et gratuitement en numérique, mais sur une durée limitée.

Quid du scénario ?
Mais alors, de quoi parle Samurai 8 ? Dans un monde où les samouraïs sont de véritables entités robotiques protégeant la galaxie, le jeune Hachimaru rêve de devenir l'un d'entre eux. Seulement, ce dernier souffre d'une faible constitution, le forçant à vivre connecté à la machine de soin conçue par son père. Alors, le jeune homme vie ses rêves à travers des jeux vidéos virtuels, seul moyen pour lui d'être l'aventurier dont il rêve tant. Mais ce destin va évoluer le jour où son père se rend auprès d'un samouraï local pour obtenir la dernière pièce qui pourrait donner à Hachimaru la mobilité tant souhaitée. C'est à ce moment moment que le garçon reçoit la visite de Daruma, un étrange animal doué de parole qui s'avère être un samouraï légendaire, et qui a vu en Hachimaru de grandes possibilités. Le garçon pourrait-il, finalement, devenir lui aussi un samouraï ?



Un univers très "Kishimotoesque"
Ainsi, le premier constat à la lecture du premier chapitre de Samurai 8, c'est qu'on a bien affaire à un univers créé par Masashi Kishimoto. L'auteur a prouvé, dans Naruto, qu'il aimait développer des facettes historiques et mythologiques du Japon à des éléments plus fantastiques, voire parfois de science-fiction. Cette vision d'univers si particulière, et qui pourrait paraître nanar pour ceux qui n'ont jamais lu les aventures du ninja blondinet, se retrouve totalement dans ce début de nouvelle œuvre, où les samouraïs sont des entités robotiques, l'introduction les présentant même comme des défenseurs des planètes. Ce n'est donc plus des ninjas que nous allons suivre, mais des samouraïs totalement réinterprétés par l'auteur, et qui ne devraient pas évoluer dans des villages mais bien au sein d'une galaxie. Le concept laisse perplexe, notamment parce qu'on a tendance a toujours bien séparer ces éléments de culture traditionnelle japonaise à une dimension SF, sachant que les œuvres qui s'y sont risquées ont souvent atterri dans la catégorie série B. Pourtant, sachant que Kishimoto est à la barre, il y a de quoi avoir envie d'y croire. Connaissant l'auteur, c'est sur le long terme que son récit pourra être jugé. Il faudra, bien sûr, qu'il passe la rude épreuve du concours de popularité du Jump, sachant que sa notoriété auprès des lecteurs lui donne un avantage certain de ce côté.



Un premier chapitre parfois déroutant

Concrètement, que donne ce premier chapitre ? Une certaine envie de lire la suite, pour sûr, mais aussi une certaine frustration en un sens. Rapidement, on comprend que l'univers de la série est assez dense, et que le scénariste a bien des idées en tête. Mythe du samouraï totalement remis aux goûts du jour, prémice d'une quête qui attend le héros, mécaniques entourant les différents pouvoirs du récit... Énormément d'éléments sont présentés sur ces premières pages, et il y a de quoi s'y perdre. Là où l'idée du ninja était très simplifiée dans le premier chapitre de Naruto, Masashi Kishimoto se montre plus généreux en concepts sur ces quelques chapitres. Le tout est rendu vif par quelques rebondissements (globalement convenus, c'est certains) et des scènes d'action qui permettent de mettre en image ces univers inventif, mais il faut admettre que toutes ces idées mériteront d'être rendues plus fluides sur les prochains chapitres. L'amorce est donc classique mais efficace, bien qu'on soit parfois perdus dans tous ces termes, et que plusieurs lectures du chapitre rendront sans doute la lancée du titre plus efficace.




Akira Ôkubo : la relève graphique
Un autre point qui intéresse, c'est le dessin d'Akira Ôkubo. Si on présente Samurai 8 comme la nouvelle série de Masashi Kishimoto, il ne faut pas oublier que l'efficacité de l'histoire sera aussi rendue par la mise à plat visuelle de ce jeune mangaka, qui fut un assistant du maître sur Naruto. Et, justement, on ne peut que remarquer que le dessinateur a pris ses marques par rapport à son travail précédent. Son style est le reflet de celui de Kishimoto, ce qui n'est pas incohérent puisque la série doit être celle de l'auteur de Naruto, sur le plan marketing du moins. Certains regretteront un visuel pas assez personnel, sachant qu'il est encore trop tôt pour juger objectivement la patte d'Akira Ôkubo. L'artiste vient de passer d'assistant à mangaka, et c'est véritablement maintenant qu'il évoluera dans son style, et présentera sa propre personnalité sur le plan esthétique. Du moins, c'est tout le bien qu'on lui souhaite !


Conclusion ?
Ce qui est fascinant, c'est que ce simple premier chapitre a de quoi faire couler de l'encre. Évidemment, le fait qu'il s'agisse de la nouvelle série de Masashi Kishimoto (et la première d'Akira Ôkubo, rappelons-le!), y est pour beaucoup. On a forcément tendance à remettre ce début d’œuvre en perspective avec Naruto, et plus globalement le style de Kishimoto, ce qui donne un parallèle intéressant entre les deux séries, et l’éventuelle manière dont a été pensé le début de Samurai 8 : Hachimaruden. Et c'est aussi parce que le scénario est celui de Masashi Kishimoto que notre curiosité est titillée, bien que ce premier chapitre a de quoi déstabilisé par son flot de concepts et de mécaniques. Affaire à suivre, donc, mais force est de constater que Samurai 8 fait office de cas d'école, comme ce serait le cas si Eiichirô Oda ou Tite Kubo lançaient une nouvelle série, notamment parce que le trio a constitué ce que beaucoup nommaient le « Big 3 du Shônen Jump », fut un temps, lors d'une époque qui a marqué bien des lectrices et des lecteurs.