Chronique Animation - Noragami

Dans Noragami, pour la modique somme de cinq yens, offrez-vous les services d'un dieu. Produit par Bones (Full Metal alchemist, Soul Eater) et Avex Inc, cet anime est l'adaptation du manga éponyme.
Noragami signifie littéralement « Dieu errant » et c'est exactement ce qu'est Yato : un dieu de seconde zone qui tâche de se faire connaître des humains.


Vêtu de son éternel survêtement et doté d'une nonchalance à toute épreuve, Yato casse un peu l'image que l'on se fait d'un dieu. C'est aussi l'avis de son shinki Tomone qui ne supporte plus de trainer avec un clochard. L'arme divine dotée d'une apparence humaine et d'un sacré caractère décide donc de poser sa démission dès les premières minutes de l'anime. Loin de se démonter, Yato continue à répondre aux vœux des quelques humains qui font appellent à lui. C'est alors qu'Iki Hiyori, une jeune fille banale, a le malheur de croiser sa route. Par erreur, elle va acquérir une faculté qui lui permet d'utiliser son corps astral. Si ça à l'air bien comme ça, il y a tout de même une tuile : elle ne contrôle rien. Yato, en échange de cinq yens (et aussi parce qu'il est un peu responsable), lui promet un retour à la normale... Un jour. Avant toute chose, il doit récupérer un nouveau shinki : Yukine, un jeune homme de 14 ans.


L'anime reste dans l'ensemble très proche du manga. Le début est plutôt axé sur l'humour, avec la relation dysfonctionnelle qui existe entre nos trois protagonistes. Ce n'est qu'au quatrième épisode que l'histoire commence à gagner en profondeur. Tout comme dans le manga, la relation entre Yukine et Yato permet d'apporter du peps à l'intrigue. Toutefois, il faut noter sur ce point que l'anime s'écarte de l'œuvre d'origine et on ne comprend pas vraiment pourquoi. Dans le manga, Yato affirme : « Ressentiments, anxiété, jalousie, impatience, tristesse, cupidité, si ces sentiments surviennent je ne serais pas blessé. Mais s'ils sont assouvis, la douleur engendrée par ces pêchés traverse le shinki jusqu'à son maitre. » Tandis que dans l'anime, la simple jalousie de Yukine envers Nora blessera son maitre. Si ce détail semble minime, cela change totalement la donne. En effet, la version animée semble nous dire « penser c'est agir ». De même, l'épisode avec la petite fille morte transforme totalement le dieu. Dans le manga celui-ci n'apparait pas dans la scène et Yukine abandonne simplement la fillette à son triste sort. En transformant Yato en bourreau, l'anime voulait-il rendre le dieu plus cruel qu'il ne l'est vraiment ou simplement ajouter une séance de combat ?


Le reste de l'histoire reste en revanche très similaire au manga. Rapidement, nous découvrons avec plaisir Bishamon et quelques autres divinités la religion shito. On est bien loin des divinités du bonheur représentées sur les estampes japonaises. Les personnages sont même sacrément classes, chacun à leur manière. Nos trois héros deviennent aussi rapidement attachants. Yato gagne une profondeur inespérée : moins crâneur, moins ridicule, plus sombre et plus humain. Sur le plan technique, Noragami ne s'en tire pas trop mal. Si certaines musiques sont relativement peu convaincantes, le doublage V.O nous permet d'être indulgents. Pour la petite anecdote, Kamiya Hiroshi qui prête sa voix à Yato, double également Livaï (dans l'attaque des titans) tandis que Kaji Yuki (Yukine) est le doubleur d'Eren.


L'animation reste bonne pour un anime de 2014. Certains pourront, peut-être, éprouver quelques difficultés face aux ayakashis et les trouver bien plus convaincants dans le manga. Si ces esprits corrompus sont noirs dans l'œuvre papier, l'anime nous présente des monstres aux couleurs psychédéliques. Mais on peut comprendre ce choix. Les scènes d'attaques se passent principalement de nuit, dans le manga, les fonds blancs font ressortir les monstres ce qui n'est pas le cas dans l'anime. Il fallait donc un processus pour les rendre facilement visibles. De plus, ce choix du négatif permet de nettement marquer la frontière entre les mondes. Toutefois, les esprits torturés restent tout de même dérangeants, leurs voix, inaudibles dans le manga, sont rendues torturées est malsaines à souhait. Hormis ce point, le chara-design reste fidèle au manga et on ne peut qu'être charmé par les yeux de Yato.


En conclusion, malgré un scénario très simple, l'histoire reste intéressante. Si romance il y a, celle-ci n'est ni pénible ni maltraitée et elle reste suffisamment discrète pour ne pas rebuter. Noragami arrive à trouver un joli équilibre entre le traitement des personnages, le dosage des émotions et périodes d'actions. On sera donc tenté de regarder la seconde saison de cet anime qui nous narre la vie de tous les jours d'un dieu qui vit parmi nous.