Comparé à eux, mon problème était insignifiant. Je n’avais jamais ressenti un réel enthousiasme à l’idée de vivre. Personne ne me méprisait au lycée, et j’étais en parfaite santé. J’étais simplement fatigué de vivre. — Y a-t-il une hiérarchie entre les gens, même après la mort ? — Difficile à dire. La plupart du temps, on est seul… — Ah bon ? Tant mieux ! C’est bien plus simple comme ça. — Il n’y a pas que des avantages à la solitude. Aoi discutait avec le fantôme. Étonnamment, il semblait faire partie de ceux avec lesquels on peut avoir une conversation. La stupeur du début avait fini par passer et nous étions tous revenus à notre état normal. J’imagine qu’à notre place, n’importe qui aurait fui sur-le-champ à la simple vue du fantôme. D’ailleurs, jusqu’ici, la confusion et la peur avaient fait perdre le sang-froid à tous ceux qui l’avaient aperçu. Tous avaient quitté les lieux aussitôt. Mais voilà un moment déjà que nous nous étions préparés à cette rencontre, et nous tenions à ce qu’elle ait lieu. Le fantôme semblait étonné de ne pas nous voir partir en courant. Il fut d’autant plus déconcerté de nous voir tenter de communiquer avec lui. — Vous êtes bizarres… 23
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