SHINANOGAWA © 1973 by HIDEO OKAZAKI, KAZUO KAMIMURA

Le Fleuve Shinano incarne ainsi l’acmé de cette recherche formelle. Son dessin se trouve au plus près des codes de la peinture traditionnelle. L’encre de Chine, son contraste, ses dégradés, les confrontations demasses ennoir et blanc forment le cœur de la représentation. L’abstraction est plus régulièrement convoquée que dans LadySnowblood ou Lorsque nous vivions ensemble , pourtant réalisés à lamêmeépoque. Lesallégoriesabondentégalement, notam- ment dèsqu’il s’agit d’évoquer la sensualité. Dans LeFleuve Shinano , nombre d’images apparaissent ainsi tellement conceptuellesqu’ellesnepeuvent retrouverdusensqu’après avoir été replacées dans lefil du récit. Chaque objet, chaque sentiment est exprimé par cette grammaire excessivement graphique, d’une puissance viscérale. Et la dimension passionnelle de cette histoire tragique s’en trouve d’autant sublimée. Dans une interview, Kamimuradéclarait àpropos du Fleuve Shinano : « Je voulais dessiner avec les nuances de l’encrenoir labeautéde lanature, desfleurs, des oiseaux, du vent, de la lune, des montagnes, de l’eau. J’ai voulu exprimer la tragédie, l’amour, le désir, la sensualité et le sang à travers la couleur de l’encre noire. Certaines choses ne peuvent être exprimées autrement qu’ennoir et blanc. » Bien que Le Fleuve Shinano s’avère être l’un des récits les plus graphiquesde toute la carrièredeKamimura, lemanga est pourtant unéchec inattenduet est interrompuencours de publication en volume relié, au chapitre 13, avec une conclusion longtemps indisponible, et ce pour plusieurs raisons. Kamimura rencontre à l’époque, pour la première fois de sa carrière, un immense succès avec Lorsque nous vivions ensemble , portrait désenchanté des relations amoureuses de la jeunesse des années 1970. C’est dans la

RkJQdWJsaXNoZXIy NTEyNzY=