SHINANOGAWA © 1973 by HIDEO OKAZAKI, KAZUO KAMIMURA

qui nécessitaient de coûteuses reconstructions, était sou- mise à des impôts plus élevés qu’ailleurs au Japon. Or, ce bassin relativement peuplé était fortement dépendant du commercedu riz. Le rizd’Echigo était réputé,mais les nom- breux aléasmétéorologiques ne permettaient qu’une seule récolteparan. Lemanquedemoyensainsi que lesconditions de vie difficiles poussèrent les familles les plus modestes à vendre leurs filles à des bordels. Les paiements en liquide et lapaieplusélevéequepourd’autresmétiers, banalisèrent la situation. La symbolique de l’ouverture du récit, à côté de laquelle un lecteur occidental passera facilement, fait ainsi référence à la rudesse de la région et au sort tragique qui pouvait être réservé à certaines jeunes filles. À partir de ce titre et de ce contexte historique, Hideo Okazaki brode une romance destructrice qui permet à KazuoKamimura de convoquer tous lesmotifs constituant par ailleurs sonœuvre. L’héroïne, née d’une relation adul- tère, est ainsi esclave de son destin et de son héritage familial, comme peut l’être par exemple la tueuseYuki dans Lady Snowblood , prisonnière du désir de vengeance de samère.Chacundesespas, chacunedesesdécisionscomme de ses errances sera dictée par le poids des actes de ses parents, comme s’il s’agissait d’une malédiction. L’amour, une fois encore, se trouve au centre du récit. Depuis le début de sa carrière, le défi de Kamimura en tant qu’artisteconsisteeneffet àmettreenscènece thème, tota- lement inexistant dans le manga lorsqu’il s’y engage au milieu des années 1960. L’immensemajorité de sesœuvres s’attache ainsi à décrire les tremblements du sentiment amoureux et la tragédie de son impossible réalisation, dans

RkJQdWJsaXNoZXIy NTEyNzY=