HANA OTOKO Volume 1 by Taiyou MATSUMOTO © 1998 Taiyou MATSUMOTO

Matsumoto, à cette époque, cite peut-être trop littéralement ses références, et semble se le reprocher aujourd’hui encore. Mais il a 24 ans et un style est né. Pour contrebalancer le lyrisme nouveau du dessin, le dessinateur ancre son récit dans un environnement aussi tangible que possible. L’auteur déménage ainsi à Enoshima, une petite péninsule au sud de Tokyo, pour se documenter avec précision sur cette région qui sert de cadre à son histoire. La campagne d’Enoshima et son littoral serviront d’ailleurs une nouvelle fois de décor pour la série Ping Pong , quelques années plus tard, marquant le retour de l’auteur au manga de sport après deux œuvres qui n’ont pas rencontré leur public à leur sortie – mais véritables plébiscites critiques – que sont Amer Béton et Gogo Monster . Cette manière de brosser des cadres géographiques reconnaissables, aux détails minutieux reproduits d’après nature, développée dans Ping Pong, restera une qualité permanente de son écriture. En mettant pour la première fois en scène un enfant précipité dans l’âge adulte et en adoptant un lyrisme en rupture avec les codes du dessin réaliste, Le Rêve de mon père annonce toutes les œuvres à venir. De ceci déboucheront deux cycles de création d’ores et déjà en gestation dans ce galop d’essai. Le cycle du « Yin et du Yang », tout d’abord, qui regroupe Amer Béton, Ping Pong et Gogo Monster . L’imaginaire littéraire de Matsumoto s’y développe autour d’un motif récurrent, presque une obsession : deux enfants, plus ou moins livrés à eux-mêmes, se révèlent au fil de leurs aven- tures complémentaires et surtout essentiels à la survie de l’un et de l’autre. Le second cycle, plus récent, se focalise sur l’expérimentation graphique et chacune des œuvres y opère un virage stylistique. Ce cycle regroupe Number 5 , Le Samouraï Bambou , Sunny et Les Chats du Louvre . Number 5 cite ainsi ouvertement Mœbius et ses allégories mystiques, Le Samouraï Bambou , la peinture traditionnelle de l’ukiyo-e et sa technique au pinceau. Sunny joue la carte de l’idiosyncrasie en adoptant des traitements graphiques