© by WANG He / Urban China

Monsieur, vous n’emmenez pas votre matériel de peinture ? Non, j’ai besoin d’air. Du matériel à la technique, chaque détail et chaque étape doivent être parfaits! Voilà le secret de mon succès ! Hélas… Malgré tous les honneurs que j’ai reçus, je me sens de plus en plus vide, et je suis de moins en moins inspiré. Vide? Quel gâchis ! Je suppose que c’est comme un chef qui aurait tous les ustensiles de cuisine et les ingrédients à sa disposition mais qui ne saurait pas quoi cuisiner à ses convives. Ce restaurant n’a pas l’air mal! Mon estomac est aussi creux que mon inspiration ! Je ne peux rien faire pour ton inspiration, mais pour ton estomac, je sais comment y remédier ! Il y a du porc croustillant à la carte ! Parfait! J’ai fait mon choix. Je prends la même chose, même si c’est une véritable épreuve culinaire. Mon bon ami monsieur Miyazaki habitait Hokkaido. Il était peintre. Il se montrait consciencieux en toutes circonstances et mettait un point d’honneur à ce que tout fût parfait. Malheureusement, il était en panne de créativité. Malgré ses efforts, il ne parvenait pas à créer une œuvre qui le satisfît pour participer à l’exposition annuelle de peintures. Il décida donc de passer quelques jours en Chine et de rendre visite au vieil ami que j’étais pour évoquer la belle époque et se changer les idées. Depuis que je connaissais monsieur Miyazaki, la peinture avait toujours compté à ses yeux autant que sa propre vie. L’exposition qui se tiendrait cette année-là était si importante pour lui qu’il était dévasté de ne rien avoir à y présenter. Durant l’après-midi, j’accompagnai monsieur Miyazaki se promener dans les rues de la vieille ville. Il me raconta fièrement les prix et les honneurs qu’il avait remportés ces dernières années, grâce à ses efforts constants. Miyazaki aimait beaucoup l’hiver dans le nord de la Chine. Ça lui rappelait son enfance. Nous marchâmes ainsi tout l’après-midi sans prêter oreille à nos ventres affamés. Miyazaki avait arrêté son choix. Il me raconta que son grand- père avait gardé un souvenir inénarrable du porc croustillant de la gare routière de Harbin, qu’il avait mangé lors d’un voyage en Chine dans les années 1980. 13

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