— Comment ? Tu n’as jamais assisté à ce genre de cérémonie ? D’abord, toute la famille se rassemble, dès le matin, pour écouter le bonze réciter des soutras. Puis, on partage un repas tous ensemble et on discute de choses et d’autres, autour de la table. Voilà, en gros, comment ça se passe. Les vieux trouvent ça agréable, mais pour les jeunes, c’est presque une corvée ! C’est même vraiment barbant. Elle reprit, en rigolant : — Ça, tu l’as dit ! Ça a l’air plutôt assommant, en effet. Je me sentais un peu gêné. Cela m’arrivait souvent de critiquer ma famille et ses habitudes, mais il y avait toujours un moment où je finissais par regretter mon attitude, surtout lorsque je me rappelais l’affection qu’ils m’offraient à travers leurs gestes et leurs mots tendres. Je fis semblant de rire, afin de masquer mon embarras. Elle portait un T-shirt bleu sans motif, un jean et des baskets blanches en dessous. Le vent faisait onduler ses longs cheveux, qui revenaient naturellement à leur place. — Et comme tu t’ennuyais, tu as décidé de faire autre chose. C’est ça ? Elle était assez polie pour employer le verbe « ennuyer » à la place de « barber ». Sa prononciation différait un peu de celle des habitants de Kyoto. Comme je ne répondais pas, elle m’interpella une seconde fois, en rejetant ses cheveux en arrière : — Alors ? J’avais l’impression qu’elle tenait vraiment à ce que je lui raconte toute l’histoire et ça me fit plaisir. 15
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