© by HANAWA Kazuichi / Seirin Kôgeisha

La première édition en français du manga Dans la prison de Kazuichi Hanawa date de février 2005, aux éditions Ego comme X. Pour les besoins de cette nouvelle édition du Lézard Noir, la traduction de l’ouvrage a été revue dans son intégralité, en surface et en profondeur. Parmi les nombreuses difficultés que comporte la traduction de cette œuvre, la plus évidente reste la grande quantité de termes japonais qui ne trouvent pas d’équivalent en français, particulièrement ceux qui ont trait au registre culinaire. Dans une traduction, laisser un mot dans sa langue d’origine est, à quelques rares excep- tions près, un choix par défaut. Le recours à la note de bas de page, au renvoi à un lexique, sont très souvent vécus comme des aveux d’échec, des déci- sions douloureuses qui coûtent beaucoup au tra- ducteur. En ce sens, traduire en français Dans la prison est une expérience éprouvante et peu réjou- issante, mais aussi une leçon d’humilité que tout traducteur désireux d’être meilleur demain qu’il ne l’est aujourd’hui se doit d’accepter à bras ouverts. Dans cette œuvre, l’auteur retranscrit les souvenirs de ses trois années passées en prison et nous fait partager un quotidien qui fourmille d’éléments en apparence anecdotiques. Il est à peine croyable qu’Hanawa ait pu produire un tel récit en s’appuyant uniquement sur sa mémoire et sur quelques maigres notes prises à l’époque. La quantité de détails qu’il fournit au lecteur peut littéralement donner le tournis. Pour le moins, elle déstabilise incontest- ablement le traducteur qui se surprend à entendre Nietzsche lui souffler à l’oreille que « Le diable se cache dans les détails ». Avec Hanawa, la folie n’est jamais très loin. Traduire Dans la prison est un exercice laborieux, dans son sens premier : dur, fatiguant, usant. Il n’en reste pas moins que toutes les personnes impliquées dans cette traduction ont donné le meilleur d’elles-mêmes pour faire honneur à l’immense travail réalisé par l’auteur, et offrir aux lecteurs un plaisir optimal pour un récit, parfois, quelque peu inconfortable. Thibaud Desbief, traducteur.

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