Mary Shelley face à la créature de Frankenstein… au féminin !
© Kazuhiro Fujita / Kodansha Ltd. L’histoire Le Black Museum accueille une visiteuse de choix : Mary Shelley, autrice de l’acclamé Frankenstein ! Parmi les reliques de crimes célèbres rassemblées au cœur de ce lieu étrange, elle s’intéresse à une mystérieuse bottine rouge à talon retrouvée lors d’un bal royal en 1842, dont elle prétend connaître la propriétaire... À cette époque, Mary Shelley vit dans le besoin, malgré le succès critique de son roman. Veuve et mère, elle se démène pour payer l’éducation de son fils. Alors, quand son riche beau-père lui demande d’aller le voir, lui qui s’est pourtant toujours opposé à son mariage, elle accepte à contrecœur, de peur de voir sa pension suspendue… Mais, une fois sur place, Mary comprend qu’il l’a attirée là pour une entrevue secrète avec un capitaine de l’armée anglaise. Un an plus tôt, celui-ci a affronté sept combattantes de talent qui ont décimé son bataillon avant de disparaître… sauf une, tombée d’une falaise, dont le corps a été récupéré et ramené à la vie ! Une femme enveloppée de bandelettes cachant ses horribles cicatrices et chaussée de bottines rouges à talons apparaît alors devant les yeux effarés de l’autrice… Cette dernière se voit confier une mission : la rendre présentable pour un bal très spécial donné par la reine Victoria dans quatre mois. Car qui de mieux que l’inventrice de Frankenstein pour amadouer cette créature ? Retrouvez toute notre actualité (sorties, mangas en ligne, bandes-annonces…) sur www.ki-oon.com
vous avez demandé à accéder à nos collections ? je suis la conservatrice du black museum… lady mary wollstonecraft shelley, je suppose ? oui… j’ai entendu dire que ce musée niché au cœur de scotland yard… exposait toutes les pièces à conviction liées aux grandes affaires survenues en angleterre ! c’est exact ! par ici, je vous prie…
vous effectuez des recherches pour un nouvel ouvrage ? pardonnez mon indiscrétion, mais… hmm… une bottine rouge retrouvée il y a deux ans… le 12 mai 1842 précisément… dans la salle où se tenait le bal donné par sa majesté la reine victoria ! voici la pièce qui vous intéresse…
vous êtes bien mary shelley, la romancière ?!
au moyen de membres prélevés sur des cadavres. et d’un horrible monstre fabriqué de toutes pièces… le roman … narre l’histoire d’un jeune scientifique qu’une curiosité sans bornes mène à tenter de créer la vie… ce n’est qu’en 1831, à l’occasion de sa troisième édition, que le nom de son autrice, mary shelley, a été dévoilé. lors de sa publication en 1818, “frankenstein ou le prométhée moderne” était un ouvrage anonyme…
s’appelle victor frankenstein. ce scientifique, qui fuit face à l’horreur de sa création… sa créature, à qui il n’a pas daigné donner de nom… est surnommée “le monstre”. dans sa solitude, le monstre apprend la parole, découvre l’affection dont sont capables les humains… mais, constamment chassé en raison de son aspect repoussant … il décide de donner la mort aux êtres chers à victor frankenstein. “sa peau jaunâtre couvrait à grandpeine les muscles et les artères qui grouillaient sous elle”… “ses dents étaient blanches comme des perles, mais cet éclat ne faisait que rendre plus horrible encore le contraste avec le blanc sale de ses yeux humides”… n.b. : extraits de “frankenstein” tirés de la traduction de megumi serizawa, éd. shinchosha. (tome premier , chapitre 5)
l’histoire de frankenstein qui, mû par le désir de vengeance et la culpabilité, poursuit le monstre… puis vers le pôle nord… entraîne le lecteur à travers l’angleterre, l’irlande, la france, la suisse, l’allemagne… quand je l’ai lu dans sa première édition, le roman m’a fascinée au point de m’empêcher de dormir ! quant à l’adaptation théâtrale de 1823, j’en ai vu les cinq représentations ! dès l’introduction, cette lettre du capitaine walton en route vers le pôle m’a littéralement happée ! tout de suite, j’ai deviné que vous aviez un don unique pour attraper le cœur de vos lecteurs ! je peux toucher l’objet ? je vous en prie ! “monstre abhorré ! démon que tu es ! les tortures de l’enfer ne suffiraient pas à me venger !” (tome deuxième, chapitre 2)
exaltée que j’étais de croiser une romancière de renom, j’en oubliais toute retenue… je vous prie de me pardonner ! “de renom”, vous exagérez… mais permettez que je vous décrive la pièce qui vous intrigue ! il s’agit d’une bottine en cuir de chevreau teint en rouge, avec doublure, ouverture latérale… je suis sincèrement navrée ! ah ! je… en outre, je trouve votre curiosité de fort mauvais aloi … pourquoi devrais-je prendre le thé avec une inconnue ? concentrezvous sur votre tâche de conservatrice… c’est à cause de tels comportements que les hommes prennent les femmes de haut ! j… je vous sers une petite tasse de thé ? si on m’avait dit ce matin que je rencontrerais l’autrice d’un de mes romans favoris ! oh là là, mes aïeux, quelle journée ! pardon, mais…
hmm… le mystère est-il vraiment total ? mais vous parliez d’un crime ? à vrai dire… personne ne sait ce qui s’est passé… une réunion communément appelée “le bal plantagenêt” ! il s’agit de cet événement organisé par le prince consort albert, époux de sa majesté la reine, dans le but de venir en aide aux industries textiles en difficulté, n’est-ce pas ? exact ! un bal masqué sur le thème de la cour des plantagenêts dans l’angleterre du xive siècle ! cette unique chaussure a été retrouvée sur les lieux présumés du crime, une salle où se tenait… qui ferme par lacet. l’objet fait 2,4 pouces de large et 9,6 de long… bien, bien… sans doute une paire fabriquée sur commande !
selon la rumeur, une demoiselle aurait attaqué une rivale amoureuse à coups de couteau… mais aujourd’hui encore, on ignore les identités de l’assaillante et de sa victime ! oui, évidemment… l’affaire est sous le sceau du secret … plaîtil ? pardon, mais… qu’est-ce que vous insinuez ? j’insinue que je sais, moi … je sais à qui appartenait cette bottine rouge, et je connais toute l’histoire… puisque j’y ai pris part ! c… comment ?! vous, lady shelley, étiez impliquée dans ce mystère ?! allons, guidezmoi… ah… oui ! la sortie est par ici ! mais non, nigaude… hein ?
cessez de vous excuser ! j… je m’en veux d’avoir insisté ! et moi, je ne saurais pas dire non à une précieuse lectrice ! m… merci mille fois ! j… je me réjouis de vous entendre ! alors guidez-moi à mon siège, avant que le thé refroidisse ! ah, ça… vous pouvez vous vanter de savoir parler aux artistes, jeune demoiselle ! après avoir entendu ce chapelet de louanges sur mon œuvre, comment pourrais-je rentrer dans mes pénates en vous laissant les bras ballants ? vous mourez d’envie que je vous raconte, non ? ne jouez pas les innocentes !
regardez, voici mon journal ! si vous ne montrez pas plus d’aplomb, les hommes vous rouleront dans la farine… les auteurs sont des êtres délicats, ils mettent un point d’honneur à rapporter les faits précisément ! bien, à compter de cet instant… je me fais narratrice, alors… quel sera le titre de notre récit ? février 1841, port de douvres, au bord de la manche.
pour la gloire de sa majesté, que pas un seul de ces bandits n’en réchappe !! encerclezles !
en joue ! feu !!
hiii !! cette technique de sabre… c’est comme une danse… aaah !
humpf ! argh… impossible de planter nos baïonnettes…
que des femmes ! ce ne sont guère… regardez ces robes ! argh … aah !
gh…
hiii ! m… mon commandant !! c’est toi qui diriges la bande ?! je suis le capitaine danvers ! …
à chaque fois que nos lames s’entrechoquent, ma colonne vertébrale vibre au point que je manque de chuter !! gare à vous, commandant ! c’est la plus costaude du groupe ! tu ne me vaincras pas, femme aux bottes rouges ! c’est donc ça, l’escrime cosaque ?!
je te tiens ! si je me borne à parer… je n’ai aucune chance de gagner ! soit… mourons !!
gh… j’ai eu de la chance ! et ses complices ?! m… mon commandant, vous êtes entier ?!
toutes sans exception… elles ont filé … une vraie boucherie … la tête est à moitié arrachée… et vu la hauteur de la chute, les entrailles doivent être en bouillie ! mes vaillants grenadiers… terrassés… par sept femmes !
il est fiable ? c’est un notable de la région… dans sa jeunesse, il a étudié la médecine à l’université de munich… et quand on l’a sollicité, il a accepté avec enthousiasme, “dans le cadre de ses recherches”, paraît-il… ses recherches ? qu’estce que vous comptez faire de son cadavre ? bah, peu importe ! son identité est secrète… qui est cette étrangère ? peuh… je suis ici de mon propre chef ! pardon de vous avoir fait déplacer … capitaine ! euh… le médecin légiste de douvres étant absent, on a fait appel à conrad dippel, qui réside dans un château à proximité… c’est qui, celuilà ? un corps si jeune, quel gâchis…
plutôt, oui… particulier, comme personnage… trop aimable ! soit, s’il ne s’agit que d’un échantillon… allez hop, on transporte ce macchabée ! faites venir mes domestiques ! enfin, si vous me permettez, pour mes recherches… de le faire transiter par mon château pour que j’y prélève un petit bout de peau ! hmm… dans ce cas, je me charge de l’y envoyer ! on l’enterrera sans doute dans la fosse commune… je suppose qu’il faut en faire un croquis, mais après ? il ne va pas tarder à pourrir… euh… c’està-dire ?
11 mois plus tard, le 12 janvier 1842… 24 chester square, londres. toi qui dors… qui es-tu ?
c’est toi… qui m’as écrit ? mary… ce soir-là, c’est toi qui m’as conçu… victor frankenstein m’a créé en cousant bout à bout des morceaux de cadavres, mais c’est toi qui as couché cette idée sur le papier… alors toi… qui es-tu ? ou plutôt, qu’est-ce que tu es ? qu’est-ce que tu eeees ?
non… j… je suis… moi, je suis différente !! en fait… tu es moi !
! maman, tout va bien ? vous avez encore cauchemardé… allons, maman, gagnez donc votre chambre ! les copains du club d’aviron m’ont dit pareil … ah, percy ! je m’étais endormie sur mon manuscrit, une fois de plus… aïe ! ce n’est pas raisonnable, vous devriez vous allonger … hi hi ! à l’évidence, tu as encore grandi ! pas question, je dois mettre un point final à cette critique pour le “london magazine”… et ensuite, j’ai un essai à rédiger pour le “westminster review” !
vous travaillez trop ! c’est vrai, ces derniers temps, vous enchaînez les nuits blanches… mon sort reste plus enviable que celui des petites mains qui cousent les robes des aristocrates… moi, au moins, je peux parfois piquer du nez ! tu vois cette montagne de factures ? toi et moi avons besoin d’argent, percy florence ! jusqu’à ce que tu sortes de l’université de cambridge, il faut que je me démène pour en gagner !! mais il n’avait aucun bien, puisqu’il s’était brouillé avec grandpère au point de quitter sa maison ! ah, si seulement ton défunt père nous avait laissé un héritage … désolé… dès que je serai diplômé, je vous promets de travailler, moi aussi ! je m’en réjouis d’avance … mais les sous, il nous les faut maintenant ! ton grand-père, parlons-en ! la maigre pension qu’il nous verse ne suffit à rien… c’est bien pour ça que je gratte !
je n’avais qu’une vingtaine d’années quand “frankenstein” a été publié et, depuis, je vis de ma plume… et toujours ce mal de tête… ces articles plus quatre autres, 20 shillings pour le mois… ça ne suffira pas ! … bon, j’y vais … à vous user ainsi, je crains qu’un jour, vous finissiez par disparaître… ça n’arrivera pas, et pour l’argent … ne te soucie de rien, je m’en charge ! bien, mais… je m’inquiète pour vous ! allez, percy, file à tes cours ! maman … les tarifs sont dérisoires, mais tant pis ! nouvelles, critiques, poèmes… j’écrirai tout ce qu’il faudra pour que tu ailles au bout de tes études ! raah… maudits éditeurs !
mais aujourd’hui, je n’écris plus que pour l’argent… percy a peutêtre raison … je suis si épuisée qu’il se pourrait bien que je m’évapore complètement… comme une poussière balayée par le vent ! d’ailleurs, au fond… qu’est-ce que je suis ? chaque jour, sans arrêt… tu murmures bruyamment à mon oreille… tu te tairas enfin… si je disparais, peut-être que toi aussi… je n’ai plus envie de raconter quoi que ce soit… “en fait… tu es moi !”
warnham, comté du sussex, dans le sud de l’angleterre. depuis notre mariage, auquel il était opposé, la colère du père de feu mon époux est si terrible que jamais il n’a daigné me recevoir… aller à sa rencontre me pèse, mais… s’il mettait fin à notre pension, ce serait une catastrophe ! manoir de field place. “à mon très grand regret… je suis contraint par les circonstances… de vous inviter à venir au manoir au plus vite. signé : baronnet timothy shelley.”
il n’avait pas quelque chose à me dire ? ? ? je n’y comprends plus rien… monsieur a déclaré qu’il était inutile que vous le rencontriez, vous pouvez vous rendre directement à l’annexe ! qu’estce qui se passe encore ? des soldats … tiens ?
alex danvers, capitaine du 1 er régiment d’infanterie de la garde royale ! si j’ai prié le baronnet shelley d’organiser cette rencontre, c’est parce que j’ai un service à vous demander ! asseyezvous, je vous prie ! la garde ? j… j’ai fait quelque chose de mal ? v… vous avez demandé à me voir ? je suis mary shelley …
en quoi pourraisje être utile à un capitaine ? il ne s’agit pas de moi… l’ordre vient de sa majesté la reine victoria ! hein ? le colis est arrivé ! parfait, déchargez ! ?!
hein ? il a fallu longtemps avant qu’on pense à vous ! qu… qu’estce que c’est que ça ? six dames ont déjà refusé la mission… l’une d’elles, épouse d’un baron, s’est évanouie rien qu’en entendant son exposé… une autre, vicomtesse, a pris ses jambes à son cou avant que l’on ouvre la caisse ! et que contient cette caisse aux allures de cercueil ? syncope, panique… pardon, mais… de quoi s’agitil ?
excusezmoi, mais je ne suis pas sûre de vous suivre… u… une créature pareille ne saurait exister… vous seule sauriez lui faire face sans trembler ! si un tel monstre existait bel et bien, alors… cela dit, elle nous a donné une idée ! mais les termes sont un peu rudes … de fait, c’est plus ou moins le cas … sauf erreur, mrs. shelley, il y a 24 ans … vous avez écrit un roman intitulé “frankenstein” ? c’est exact … un récit saugrenu qui met en scène un monstre fait de restes humains … à mes yeux, toute l’histoire n’est qu’un ramassis de farfelus mensonges !
à vos ordres ! ouvrez ! il y a 11 mois, à douvres, j’ai croisé le fer avec un bandit ! au terme de notre duel, la vilaine est morte, mais… une femme ? il avait rendu la vie à son cadavre ! il y a quelques jours, le médecin à qui son corps avait été confié m’a contacté…
c… c’est impossible … c’est totalement absurde ! voici pourtant la preuve du contraire…
nous voudrions que vous éduquiez ce monstre afin qu’il puisse y prendre part ! dans quatre mois se tiendra un bal un peu spécial… mrs. shelley … mais à cet instant, les paroles du capitaine n’étaient pas parvenues jusqu’à mes oreilles… mes cris de terreur étaient bien trop assourdissants !
à suivre...
Genre : seinen Format : 13 x 18 cm Prix de vente : 8,95 € Retrouvez toute notre actualité (sorties, mangas en ligne, bandes-annonces…) sur www.ki-oon.com
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