16 Une nouvelle vie Pourtant, j’avais l’impression de la connaître, et je ressentais même de l’amour envers elle. Ce sentiment qui n’était pas le mien me mit mal à l’aise. Je savais que la personne devant moi était ma mère, mais j’étais incapable de l’accepter volontiers. Elle continua à m’appeler « Maïn » tandis que cet amour et cee répulsion s’opposaient. — Maman… En appelant ainsi cee étrangère comme si c’était l’évidence même, je cessai d’être Urano, et devins Maïn. — Est-ce que ça va ? Tu as l’air d’avoir mal à la tête. Ne souhaitant pas être touchée par la main que me tendait cee mère inconnue qui figurait pourtant dans mes souvenirs, je m’allongeai sur le lit malodorant. Je fermai les yeux, refusant son contact. — J’ai encore mal… Je veux dormir. — D’accord, repose-toi tranquillement. J’aendis qu’elle sorte de la chambre où se trouvaient les deux lits, et tentai d’appréhender ma situation. J’avais la tête qui tournait à cause de la fièvre ; toutefois, je ne pouvais pas me coucher bien gentiment dans une telle agitation. Je ne parvenais absolument pas à saisir comment j’en étais arrivée là. Cependant, plus que de chercher les raisons, il me paraissait important de réfléchir à ce que j’allais faire désormais. Je devais me servir des quelques souvenirs de Maïn que je comprenais afin de bien saisir ma situation, sans quoi ma famille deviendrait rapidement suspicieuse. Je commençai par les assimiler lentement. Je tentai de me remémorer autant de choses que possible ; or, ils étaient ceux d’une enfant qui ne parlait pas encore parfaitement, et il y avait beaucoup de mots de ses parents qu’elle ne comprenait pas tout à fait. Fatalement, mon vocabulaire étant limité, la majorité de mes souvenirs restait incompréhensible. — Ouah…’est-ce que je vais faire… ?
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