© 1971 by The Hoshi Library / SHINCHOSHA Publishing Co.,Tokyo

ses récits finissaient donc en recueils s’écoulant comme des petits sushis, généralement à plus d’un million d’exemplaires. Bokko-Chan est l’un d’eux. En novembre 2017, son éditeur historique (Shinchôsha) se targuait même d’avoir écoulé plus de 32,3 millions d’exemplaires de ses œuvres ! Je découvris également plus tard que son talent avait suscité quelques vocations. Il existe aujourd’hui encore d’innombrables concours de short-short au Japon, dont le plus célèbre et prestigieux porte évidemment son nom (le Nikkei Hoshi Shinichi Literary Award ). Ces concours recueillent tous les ans plus de 2 500 textes en- voyés de tout le pays, et seules quelques histoires sont évidemment primées. C’est à celle qui saura se révéler la plus surprenante à la toute dernière ligne ! Et celles qui parviennent à recevoir une distinction ont également l’honneur d’être choisies pour figurer dans une anthologie vendue dans toutes les librairies. Bref, Shinichi HOSHI est aujourd’hui encore adulé au Japon comme un auteur majeur de la littérature contemporaine. Pourtant, à mon retour en France, quelle déception de découvrir qu’aucune de ses œuvres n’avait jamais été traduite dans la langue de Molière. Ce dernier n’aurait d’ailleurs certainement pas renié l’esprit de son confrère japonais ! Voilà pourquoi, à partir de 2002 et pendant mes études, je mis à profit mon temps libre pour traduire quelques-unes de ses meilleures nouvelles. Au départ, c’était juste pour le plaisir et pour perfectionner mon niveau de japonais. Puis, vers 2004 ou 2005, j’ai eu une idée. Et si je me rendais au Salon du Livre à la Porte de Versailles à Paris pour inciter les éditeurs français à s’intéresser à cet écrivain ? Ainsi, j’ai traduit et imprimé quelques-unes de mes short-short préférées. Mon intention étant de les distribuer au plus grand nombre. Mais parmi la dizaine d’éditeurs croisés ce jour-là, tous m’ont fait comprendre qu’ils n’étaient pas intéressés avant même d’avoir lu lamoindre ligne. Le dernier éditeur rencontré était celui en qui je plaçais le plus d’espoirs. Spécialisé dans la littérature asiatique (Chine, Corée, Japon), il était le candidat idéal. Mais le fondateur de la maison d’édition, très sympathique au demeurant, a rapide- ment douché mes espoirs. « Oui, Shinichi Hoshi ! Bien sûr que je connais ! Cela fait déjà des années que mes veil- leurs au Japonm’en parlent et me le conseillent...Mais voyez-vous, le souci, c’est qu’en France, les recueils de nouvelles ne se vendent pas bien. Il n’y a pas vraiment de public. Donc Shinichi Hoshi, je ne saurai pas vraiment comment le placer en librairie... » Nouvel échec. Puis les années ont passé et le hasard a voulu que je devienne moi-même éditeur de livres. Dans un coindema tête, j’avais toujours conservé ce vieux rêve de faire découvrir le génie de Shinichi HOSHI aux lecteurs français. Je rêvais d’acheter les droits de traduction de Bokko-chan et de publier ce recueil de short-short en France. Ce fantasme est finale- ment devenu réalité en 2017. Vingt ans après ma « rencontre », j’allais enfin pouvoir pu- blier l’un de mes auteurs préférés ! Je me suis senti tellement fier et honoré que la famille de l’écrivain accepte ma proposition. Bien entendu, j’ai parfaitement conscience qu’un tel projet est risqué d’un point de vue éditorial. Je réalise que les chances de me planter avec ce titre sont infiniment plus grandes que celles d’en faire un best-seller. Mais qu’importe, à quoi bon devenir éditeur si ce n’est pas pour publier les bouquins que l’on aime ? Aujourd’hui, je suis donc particulièrement heureux de vous présenter en français une infime partie de l’immense œuvre de Shinichi HOSHI. J’espère sincèrement que ces cin- quante micronouvelles vous plairont et que vous saurez par la suite recommander cet ouvrage aux amoureux d’histoires originales et insolites. Parce que suis déjà prêt à me lancer dans la traduction des neuf cent cinquante histoires restantes ! Et, pour la forme, je précise que ça m’arrangerait de ne pas avoir à attendre vingt années supplémentaires pour le faire...

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