© 1971 by The Hoshi Library / SHINCHOSHA Publishing Co.,Tokyo
L’État estimant qu’il était plus malin de déverser dans ce gouffre toutes les poubelles plutôt que dans l’océan, un projet de canalisation menant jusqu’au trou fut même concrétisé. Le trou donnait bonne conscience à tous les citadins. Les gens de la ville aiment en effet produire et consommer, mais quand vient le moment de réfléchir à l’élimi- nation de leurs ordures, il n’y a plus personne. « Grâce au trou, pensèrent-ils, nos problèmes trouvent enfin une solution ! » Une jeune femme sur le point de se marier vint y jeter ses vieux journaux intimes, d’autres vinrent bazarder les photos de leurs ex-petits amis, afin de com- mencer sereinement une nouvelle histoire d'amour. La police en profita égale- ment pour vider les impressionnants stocks de faux billets qu’elle avait confis- qués. Les criminels venaient aussi faire disparaître les preuves de leurs méfaits. La fosse accueillait ainsi toutes les ordures possibles et imaginables. Toutes les villes du pays furent ainsi lavées du moindre détritus. Le ciel et la mer n’avaient jamais semblé aussi propres ! Les uns après les autres, de nombreux immeubles s’élevèrent vers les cieux purifiés dans cet ancien petit village qui prenait désormais des airs de grande cité. Puis un jour, un ouvrier qui prenait sa pause sur l’échafaudage d’un gratte-ciel en construction, entendit quelque part au-dessus de sa tête une voix qui cria distinctement : « Hé ho ! Sors de là ! » Il leva alors les yeux en direction de la voix, mais ne vit rien d’autre que le ciel azur qui s’étendait à perte de vue. Il pensa alors que son imagination venait de lui jouer un tour et il reprit sa position initiale. Trop occupé à contempler cette belle ville qui se construisait sous ses pieds, il ne vit pas qu’un petit caillou l’avait frôlé. Tombant précisément de l’endroit où avait retenti la voix... PATRIOTISME « S.O.S ! S.O.S ! » D’innombrables étoiles scintillent superbement dans ce cosmos habi- tuellement si silencieux. Mais ce calme dans lequel je baigne généralement vient d’être perturbé par la réception d’un message de détresse, faible et loin- tain. Toujours à mon poste de contrôle à l’intérieur de mon petit vaisseau, j’ac- tive mes réacteurs et trace aussitôt en direction de l’appel. La teneur du message ne laisse planer aucun doute. Quelqu’un en grande difficulté est en train de lut- ter contre la peur et la solitude en attendant que quelqu’un intercepte son appel. Je suis sauveteur spationaute et lorsque je reçois un S.O.S, mon rôle est d’agir au plus vite, parfois au péril de ma propre vie, pour porter secours à autrui. Sur mon uni- forme, ce ne sont pas cinquante lucioles décoratives qui brillent au niveau du cœur, mais bien davantage. Ces lucioles représentent les cinquante sauvetages réussis jusqu’à aujourd’hui. Toutefois, n’allez pas croire que j’exerce ce métier pour collec- tionner les médailles. C’est en parcourant l’immensité du cosmos que l’on prend réel- lement conscience dumiracle de l’existence et de l’extrême fragilité de la vie humaine sur Terre. La récolte de médailles n’a donc aucun intérêt à mes yeux. Si j’ai accepté d’exercer ce métier dangereux et m’empêchant de vivre auprès des miens sur Terre, c’est justement parce que mon cœur brûle d’un amour incommensurable pour mon prochain. Sauveteur spationaute, c’est le plus beau métier de l’univers. « Tiens bon ! Je suis en chemin ! J’arrive à ton secours ! » En guise de réponse, j’entends une voix visiblement rassurée... « Oh merci ! Seul, je suis fichu ! Vous allez vraiment venir me sauver ? - Bien sûr, je suis sauveteur ! Que vous est-il arrivé ? - C’est à cause de ces fichues pluies de météorites ! Je m’en suis pris une sur le coin du nez ! Faites attention, il y en a partout... - Entendu ! »
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