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— Pour leur plan de revitalisation de la ville ? Ce serait gâcher ma musique… J’avais répondu en versant l’eau bouillante dans un thermos. Je me remémorai un instant la chaleur insupportable de l’intérieur de la salle de réunion. — Ce ne serait pas pour apprécier ma musique… Mais uniquement pour la subir ! Il me dit alors d’un ton neutre : — Si tu penses une seconde que tu viens de dire un truc cool, sache que tu te trompes. Je réagis à peine à la remarque de Masatsugu, toujours absorbé par son téléphone, et reposai la bouilloire sur la gazinière. Le bruit du métal résonna dans la cuisine plus fort que je ne l’aurais pensé. Je sentais la colère monter en moi de plus en plus. D’abord, la remarque de mon professeur, celle de Chika sur mes mauvaises ondes, celles des voisines sur ma sœur, et maintenant ça… C’en était trop. Je me pinçai les lèvres et, pour me venger, je m’approchai de Masatsugu pour lui compresser la tête entre mes mains et presser sur ses tempes. Il se débattit en gémissant : « Aïe aïe aïe ! » Malgré ses cris, on continuait de percevoir la voix de Masamichi provenant de la grande salle : — Quoi qu’il en soit, cette ville va renaître par la musique ! Médisante, je pensai alors au fond de moi : « Si tu veux qu’elle renaisse, occupe-t’en tout seul ! » Il était dix-neuf heures passées, et pourtant, la salle de réunion semblait toujours aussi animée. Elle avait à présent plus un air de banquet festif que de réunion formelle. Dans l’entrée où trônait une montagne de chaussures, je mis les 19

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