©Mio Nukaga 2019 © 2019 SORAAO PROJECT / KADOKAWA CORPORATION

Dans le brouhaha de la foule, des « ah… ce ne sont que des rumeurs… » ou encore des « mais tout le monde le dit ! » résonnèrent. Masamichi renchérit de plus belle, affolé : — Ce n’est pas ça ! Je quittai la salle, en silence. Le chauffage était éteint. Pourtant, la pièce me paraissait étouffante. Je ne m’y sentais pas très bien. Sur le chemin de la cuisine, j’entendais déjà le bruit de la bouilloire sur le feu. À côté de l’évier, Masatsugu était assis par terre, les yeux rivés sur son téléphone. Sûrement un nouveau jeu… Masatsugu Nakamura était le fils de Masamichi. Il n’était qu’en cinquième année de primaire, et pourtant, il était déjà le portrait craché de son père. D’ici, on entendait encore les voix s’élever de la salle de réunion. — Il ne s’agit pas de faire venir des chanteurs et des groupes de l’extérieur, mais au contraire, de s’intéresser aux habitants du coin… Il semblait que ce fameux festival de musique allait prendre plus d’ampleur que prévu. Certains disaient même qu’une célébrité ayant participé à l’émission de variétés Kohaku viendrait et aurait composé, pour l’occasion, une chanson sur cette ville. Des voix de la foule s’élevèrent : « Tu as déjà fait du repérage ? », « On n’a plus beaucoup de temps… » Il n’était donc pas impossible qu’en effet, tout cela ait coûté pas mal d’argent. — Tu ne veux pas participer, Aoi ? Je venais d’éteindre le feu de la gazinière quand Masatsugu me posa cette question, sans quitter son jeu des yeux. Ses doigts bougeaient sans relâche de gauche à droite sur son écran. 18

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