tranquilles… Je n’en pouvais plus, et pas simplement parce que l’idée d’aller à l’école à pied me désespérait déjà. — En fin de compte, vivre dans une cuvette, c’est comme être coincé entre quatre murs… Chichibu, la petite ville que j’habitais, était entourée de montagnes. L’été y était peut-être moins humide et plus facile à vivre que pour les autres villes, mais restait chaud. Quant à l’hiver, il y était très difficile. Devant, derrière, à droite et à gauche, des montagnes… Des montagnes aux couleurs de l’automne qui défilaient, sans jamais finir. On ne pouvait aller nulle part sans avoir à les franchir. — C’est comme si on était enfermées dans une prison immense. — On y est ! Le discours de l’adolescente en crise ! Akane éclata de rire. Je gonflai les joues, vexée, ce qui n’empêcha pas ma sœur de continuer de glousser. — Moque-toi si tu veux… De toute façon, moi, je vais partir d’ici. Je tournai la tête en direction de la fenêtre. La voiture venait d’aborder le pont Sakura qui traverse le fleuve Arakawa. Ce fleuve s’écoulait à travers la ville du nord au sud et poursuivait sa route jusque dans la baie de Tokyo. Nous vivions là, coincées dans cette prison… J’avais beau savoir que cet endroit était relié à Tokyo et au monde extérieur, je ne pouvais pas en sortir. Alors je contemplais avec envie le fleuve Arakawa qui filait. Akane tourna la tête vers moi. Sur son visage qui se reflétait dans la vitre, je vis qu’elle plissait les yeux et semblait vouloir dire quelque chose. Je fis comme si je 13
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